Vous êtes-vous déjà demandé, en recevant un précieux colis venu d’ailleurs, quelle avait été sa vie avant d’atterrir entre vos mains ou dans votre boîte aux lettres ? Monsieur Pressé, lui, a eu le temps d’y réfléchir..

Illustration de de la complexité des activités de logistique

Monsieur Pressé a pris le volant relativement tôt un vendredi matin du mois de juillet, lui, son compagnon et leurs enfants sont extrêmement enthousiastes à l’idée de dormir dans une yourte près de Toulouse. Ils voudraient y arriver suffisamment tôt pour avoir le temps de prendre l’apéro. Monsieur Pressé remarque toutefois que son frein patine un peu alors par précaution, il s’arrête à 10h chez un garagiste sur le chemin. Ce dernier est catégorique : il faut changer les plaquettes avant de continuer. 

S’agissant d’un véhicule  ordinaire, les plaquettes ne sont plus en stock à cause des départs en vacances et le garagiste doit passer une commande urgente à son opérateur de logistique via le WMS (Warehouse Management System : système d’information de gestion des entrepôts) de ce dernier. 

L’opérateur de logistique réceptionne les commandes urgentes jusqu’à 12h, horaire de son cut-off commercial (horaire limite pour les commandes correspondant à un niveau de service donné), pour les livraisons en J (jour-même) avant 15h, horaire contractuel.

La commande reçue à 10h30 est traitée par un opérateur, soit au fil de l’eau, soit en fin de cut-off en fonction de la volumétrie du jour. Elle fait l’objet d’opérations de préparation de commande : Pick & Pack, de mouvements de stock sur le WMS (sortie de stock pour cause de commande), d’étiquetage et d’expédition.

L’étiquette du colis doit porter les éléments permettant son aiguillage manuel ou automatique, sur les réseaux H+ (urgents) qui relient l’emplacement de l’entrepôt au garage, afin de respecter l’engagement horaire.. et ne pas retarder Monsieur Pressé.

Le TMS (Transport Management System) étant déjà paramétré avec les plans de routage de l’opérateur de logistique, le flashage de la commande en sortie de stock enverra une annonce au site responsable du dernier km. Ce dernier devra affecter automatiquement un véhicule électrique à la tournée de livraison de la commande de Monsieur Pressé car le garage se trouve dans une ZFE (Zone à Faibles Émissions).

Il se trouve que la veille, le même garagiste avait déjà passé une commande standard pour d’autres articles, et ils étaient déjà prêts pour un départ ce vendredi. L’opérateur de logistique dispose d’un système d’optimisation de tournées qui lui suggère, avec le routing dynamique, de livrer l’ensemble sur une même tournée en prenant en considération l’engagement horaire même si les commandes avaient été passées avec des délais (ou niveaux de service) différents, à des dates différentes.

A chaque rupture de charge (chargement – déchargement), la commande est flashée afin de permettre aux systèmes de suivi d’avoir une traçabilité bout-en-bout et ainsi mesurer l’OTIF (On Time In Full), indicateur de qualité utilisé pour la messagerie, qui est à 98%, standard du marché, chez notre opérateur de logistique.

Monsieur Pressé attend sa plaquette

Finalement, à 14h55, les commandes sont livrées et flashées chez le garagiste et les contenants de la livraison de la semaine précédente sont repris, flashés et emmenés pour suivre leur chemin de logistique retour. Monsieur Pressé n’a plus qu’à attendre le changement de ses plaquettes avant de pouvoir reprendre sa route.

La logistique, la Supply Chain, la messagerie… de quoi parle-t-on ?

La logistique est devenu un sujet d’intérêt public lors de la crise COVID-19

Combien de temps peut-on stocker des masques ? Quel est le délai de transport acceptable pour une dose de vaccins ? Comment transporter des Équipements de Protection Individuels ? Quelle conteneurisation pour des réserves d’oxygène : voici quelques exemples de questions qui se sont posées lors de la crise sanitaire de Covid-19 et qui ont permis de faire connaître, au grand public, la complexité du secteur de la logistique, ou s’agit-il de Supply Chain ou encore de messagerie ? Que met-on vraiment derrière chacun de ces termes ?

On parle de messagerie lorsqu’il s’agit de transport de marchandises, ou de colis, en lots de moins de 3 tonnes (généralement palettes) dans un délai de moins de 48h. La Supply Chain, elle, est l’ensemble des opérations allant de l’approvisionnement en matières premières pour fabriquer un produit, jusqu’à sa distribution finale. La logistique, quant à elle, désigne les opérations postérieures à la réception d’un produit manufacturé : il s’agit de l’entreposage, du stockage, de la préparation de commande et du transport des produits

Logistique, Supply Chain et messagerie

Les opérateurs de logistique : types et raisons d’être

Certaines entreprises choisissent d’externaliser leurs activités de logistique pour une ou plusieurs raisons : réduction des coûts, augmentation de l’efficacité en se concentrant sur leur cœur de métier ou encore afin de pouvoir profiter d’un capacitaire plus important. Pour cela, elles peuvent faire appel aux fournisseurs de services logistiques, également appelés opérateurs de logistique. Ces derniers peuvent être 1PL, 2PL, 3PL, 4PL ou même 5PL (PL = Party Logistics).

Il s’agit d’un classement en fonction des opérations logistiques que ces fournisseurs de service opèrent pour les entreprises clientes : de la simple externalisation de transport à une prise en charge complète des opérations logistiques, y compris la planification et l’optimisation.

 

 Classement des opérateurs de logistique en fonction des services logistiques offerts

 

Les enjeux des opérateurs de logistique

Selon la Harvard Business Review France, la logistique représente 8% du PIB mondial. Elle se situe au carrefour de dynamiques qui sont autant de leviers de transformation : le développement du e-commerce, la responsabilité environnementale et la révolution digitale. Sur ce dernier point en particulier, la quantité de data générée par les opérateurs logistiques est une véritable mine d’or d’informations qui permettent notamment d’alimenter les modèles prédictifs parfois utilisés dans les optimiseurs et qui donnent lieu à des possibilités de meilleure utilisation des ressources (les flottes de véhicule, les machines de tri lorsque le tri est automatisé ainsi que les ressources humaines). 

En conclusion, les mutations profondes par lesquelles passe le secteur logistique, induites par le développement du e-commerce et la prise en compte des impacts environnementaux d’un côté, et de l’autre côté par une nécessité de diversification de l’offre tout en restant compétitif sur les prix, dans un marché aux marges relativement réduites (autour  de 5,8% en 2020 selon l’insee) oblige les acteurs à réfléchir à l’utilisation du capital data et de la technologie afin d’optimiser chaque tronçon de route, de l’entrepôt au dernier km, afin que tous les Messieurs Pressés de France et d’ailleurs puissent arriver à temps à leur yourte pour l’apéro !