On vit une époque formidable.
Il y a 15 jours, partant en vacances en bons juillettistes, mes désormais associés et néanmoins amis laissaient à l’aoûtien tardif que je suis une liste de tâches des plus baroques : lancer une nouvelle vague de recrutement, remouliner pour la énième fois un chiffrage de propale, redécouper le lino de la cafétéria d’ISlean et… sortir pour le 16 août, mon premier jour de vacances (sadiques !), un article pour le blog. Pour compliquer le tout, un espiègle dont je tairai le nom par pure charité, me sachant heureux propriétaire d’une vénérable 2CV, avait même choisi le titre de l’article : « La 2CV numérique »
Eh bien soit. Point de défausse. Allons-y. Je m’y prends comme d’habitude pour ce genre de sujets bien en avance, il est donc 2h05 du matin le 16 (je dois mon article pour le 17 à 8h) lorsque j’écris ces lignes. Et je suis installé en bivouac avec mes 3 loulous dans ladite 2CV. Enfin plutôt devrais-je dire une 2CV et demi (soit 2,5CV, non que dis-je 3CV, soyons précis que diable, Philippe sera comme toujours intransigeant à la relecture). Puisque j’ai récemment adjoint au véhicule initial, vestige de mes lointaines années étudiantes, déjà transformée il y a quelques années en plus petit camping car du monde, une annexe constituée d’un demi véhicule sacrifié pour l’occasion, et complétant la suite parentale d’une chambre d’enfants. Voir photo de titre pour plus de détails.
Quoi de numérique en tout cela me direz-vous ? Et bien tout. Tout simplement tout. Puisque non content de revenir aux sources des années hippies, Small is Beautiful, quand nos ainés partaient en pèlerinage aux 3K (Kaboul, Kathmandou, Kuta), chantant Paix, Amour, Liberté et Fleurs avec cet air béat que seule vous donne un art consommé de la méditation (ou tout simplement un peu de consommation, tiens, maintenant que j’y pense), ce véhicule construit dans les années 70 donc est désormais, grâce au numérique, équipé de tout le confort moderne, celui-là même dont M. Trigano n’eût pu rêver pour sa clientèle la plus exigeante, il y de cela même une dizaine d’années.
Jugez donc :
- GPS et autres « aides à la conduite », soit la nouvelle dénomination politiquement correcte pour « détecteur de radars ». Car comme on n’arrête pas le progrès, moi qui me jouais avec brio des radars tant qu’ils flashaient au-delà de 90 km/h (vitesse rarement atteinte par mon bolide, elle ne doit friser le 100 km/h qu’en chute libre et encore), je suis depuis le 1er juillet et l’abaissement de la vitesse à 80 km/h de nouveau éligible à l’excès de vitesse et perte de points associée. Quand je vous disais qu’on vit une époque formidable…
- Téléphone et kit main-libre en tous points du trajet, pour caler les points de départ, les heures d’arrivées et autres arrêts au stand (vidange, graissage, carwash sur le pare-brise et c’est reparti). Sans parler même des SMS, qui comme le bon vin sont à consommer avec modération au volant (« mais je vous assure M l’agent, le platane était en train de liker un selfie quand il s’est déporté sur le milieu de la route… »)
- La plus grande discothèque au monde. Et je ne parle pas du Macumba de Moulins dans les environs duquel nous bivouaquons sauvagement, suivez un peu que diable, mais bien des Deezer et autres Spotify qui nous donnent accès en tout temps et tout lieu aux chef-d’oeuvres impérissables du bel canto moderne, permettent aux enfants de me faire découvrir Maitre Gims (!) et moi d’essayer de les initier aux joies des Bee Gees tout au long du trajet. Ca c’est terminé sur un compromis (chose due), reprise de Claude François par Matt Pokora, « Alexandrie, Alexandra (Disco ed.) », je vous conseille : https://www.dailymotion.com/video/x4ycrqy ). Ou me permettre de bénéficier en pleine nuit au milieu de nulle part du splendide Blackbird de Brad Mehldau en fond sonore de ce tardif exercice rédactionnel (https://www.youtube.com/watch?v=57XN3yuhsE0)
- La télévision, et pas qu’une chaine s’il vous plait ! A l’escale sous la couette, Netflix pour un bon vieux Californication, ça ne se refuse pas. Plus rare mais pas moins utile pour autant, l’occasion pour les enfants de ne pas louper la première mi-temps de la finale de coupe du monde 2018 tandis qu’une estimation quelque peu optimiste du temps de trajet (voir chapitre 1 sur les performances vélocitaires de la petite Citroën) nous faisait arriver en début de seconde période à notre fan-zone préférée
- Internet à tous les étages, merci la 4G et l’autonomie électrique nouvellement acquise de tous en PC, tablettes et autres phablettes, nous permettant à l’escale de gérer les annonces LeBonCoin (pièces détachées), Norauto (huile de vidange en pack familial), appli park4night pour trouver un coin tranquille ou crécher et surtout, surtout GoogleMap pour trouver à intervalle très régulier une station service. Car bien que relativement économe pour son époque, la 2CV n’est équipée que d’un réservoir de 20l, ce qui nécessite la recherche régulière du précieux élixir et fit dire à une amie à qui j’avais prêté la voiture pour ses trajets domicile-travail quotidien qu’elle avait failli, au bout d’un mois, épouser le pompiste.
- Une nouveauté du soir (véridique) : ayant acquis un nouvel iPhone pour remplacer le mien vieillissant, je l’ai mis à charger dans la 2CV et lorsqu’il s’est allumé, mon vieil iPhone m’a indiqué que son remplaçant était probablement dans les parages, et qu’il était tout disposé à lui transmettre avec mon autorisation toutes mes données, se faisant de fait un hara-kiri virtuel, toujours dans mon engin perdu au milieu de nulle part
- Et la meilleure pour finir : pouvoir rendre son article à l’heure avec force illustrations
Alors, elle est pas belle la vie ?
Sur ce, bonne vacances à tous et surtout, surtout, bonne nuit…
PS : complément de rentrée (merci Philippe) : la 2CV déchaine les passions sur Twitter (voir ici) !