Dans le cadre de nos rencontres start-up et innovateurs, et de notre thématique #EdTech, nous avons eu la chance de rencontrer Patrick Thill, CEO de Digital University. Patrick nous a livré sa vision des évolutions en cours dans le secteur de la formation continue et de la manière dont Digital University contribue à transformer ce secteur.
Quel est le problème à résoudre ?
En 2012, les MOOC ont révolutionné notre mode d’apprentissage et ont bouleversé les codes. Les apprenants ont eu accès à des cours portant sur de nombreux sujets, gratuitement et dont l’accès pouvait se faire de n’importe où et à n’importe quel moment. Et l’on pouvait s’en réjouir.
Mais, 6 ans après, le constat est tout autre avec notamment un taux d’abandon moyen catastrophique de 95%, faute d’accompagnement pédagogique suffisant.
Par ailleurs, les entreprises et les écoles qui ont utilisé ce type de cours réalisent qu’un tel modèle n’est pas toujours rentable : la conception d’un MOOC coûte encore cher et ce coût n’est couvert par aucun financement puisque l’apprenant ne paie rien.
Il faut donc revoir le modèle des MOOC, faire en sorte qu’ils s’inscrivent davantage et mieux dans des parcours pédagogiques dont on sait mesurer l’impact et leurs développements , en privilégiant une pédagogie de l’accompagnement et de l’encouragement modélisable et monétisable , renforçant le digital aux avantages indéniables, pour un blended plus efficient et donc des modèles plus rentables pour les écoles /OF et les entreprises.
Quelle est l’histoire de Digital University ?
Après avoir travaillé 20 ans dans le monde de l’éducation en France et à l’étranger et avoir occupé des fonctions de directeur des Ressources Humaines ou encore de directeur général, j’ai constaté trop souvent que les étudiants et les salariés s’ennuyaient lors des formations qu’ils suivaient.
Face à cela, les contraintes des salariés et des entreprises étaient de plus en plus fortes, les uns recherchant des formations de courtes durées et les autres tentant de réduire leurs coûts de formation.
Nous nous sommes donc dit qu’il fallait réformer notre manière de dispenser nos formations et que le digital était un excellent moyen de contracter leur durée, de réduire leur coût et d’innover ; et qu’il fallait donner envie d’apprendre autrement, via le Digital, en respectant les rythmes d’apprentissage de chacun.
Pour toutes ces raisons, j’ai rejoint en 2015 la société Cilevel , précurseur des Ed-Tech en France , désormais Digital University.
Quelle est l’offre maintenant ?
Nous militons depuis des années pour que le Digital soit un vecteur de progrès social, facilitant l’accès pour tous à la connaissance et au développement des compétences.
L’offre digitale et blended doit s’adapter plus rapidement et plus efficacement aux besoins des entreprises, qu’il s’agisse du développement de une ou de plusieurs compétences.
L’ensemble de nos cours a pour objectif d’augmenter l’employabilité de chacun de nos apprenants. Pour cela, nous proposons des cours sur nos propres plateformes, développées pour accompagner les apprenants jeunes ou moins jeunes.
Nos forces sont liées à notre manière d’encourager l’apprenant mais également à nos coûts de production, nos processus d’industrialisation de la digitalisation des formations, permettant à nos clients d’impacter leurs propres cibles plus efficacement, les certifications proposées à l’issue de la grande majorité de nos formations et la pédagogie interactive que nous mettons au service de nos apprenants. Tout est mis en œuvre pour limiter le taux d’abandon et rendre nos apprenants actifs, parce que nous leur permettons de prendre rapidement conscience de leur développement et montée en compétence, grâce notamment aux learning analytics et indicateurs de performance pédagogiques que nous mettons à leur disposition et celle de leurs formateurs / professeurs. Digital University investit depuis plus de 10 ans dans des outils permettant de rendre le cours interactif ; nous développons des offres qui mixent les cours en ligne et en présentiel (« blended learning »).
Le distanciel permettant indéniablement d’enrichir le présentiel.
Quelle est votre vision de l’évolution des offres sur le marché de la formation continue ?
Les acteurs du e-learning proposent de plus en plus des cours certifiants, ou labélisés en lien avec l’entreprise, car l’apprenant a besoin d’être rassuré et d’avoir les preuves des progrès réalisés en formation, pour compléter son CV, développer son employabilité. C’est une approche.
Mais nous prenons tous conscience que nous allons devoir nous adapter au monde et ses transformations radicales : plus de la moitié de nos métiers seront différents dans les 30 ans à venir, 20 % au moins de nos métiers actuels vont disparaître… dans ce contexte il faut se former plus que jamais, de la manière la plus agile possible, apprendre à apprendre autrement parfois pour développer des doubles parcours de compétences, parfois aussi pour développer une expertise ou acquérir une « nano-compétence », répondant à un besoin précis et rapide des marchés, et pour changer de métiers plus régulièrement.
Développons et utilisons plus que jamais la Formation tout au long de la vie, en tant que rempart contre le chômage de masse, et utilisons le Digital pour ce qu’il est : de nouveaux outils à notre disposition, un fabuleux moyen de progresser pour développer la compétence ; Le digital va permettre également de plus en plus de valoriser les organisations en tant qu’organisations apprenantes, en laissant à l’individu le choix de ses parcours, dès lors qu’ils sont porteurs d’emplois.
Rappelons également que ces nouveaux parcours en « blended learning » permettent de développer de nouveaux business modèles, d’optimiser les budgets liés à la Formation, d’internationaliser la formation tout en préservant le côté humain des dispositifs tant en présentiel bien sûr, mais également à travers les sessions en distantiel, via le social Learning notamment.
Enfin, notons bien que nous pourrons tous parler de digitalisation de la Formation à l’envie, si nous ne proposons pas en amont à nos formateurs et professeurs – premiers acteurs de la transformation – de se former au digital , la transformation numérique de la Formation risque d’être longue et parfois difficile … il convient de s’y atteler rapidement, pour répondre aux attentes de nos apprenants mais également pour préserver l’employabilité de nos formateurs.
Merci à Patrick Thill pour le temps qu’il nous a accordé.