Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Brice Johner, responsable marketing et communication et salarié de la première heure chez Sami. Brice partage pour ISLEAN le parcours de Sami et son expérience.

Peux-tu pitcher Sami ? 

Sami c’est LA solution pour permettre à chaque entreprise de faire sa part pour le climat. Notre but : démocratiser l’engagement climat des entreprises. 

Sami, c’est une solution sur mesure tout-en-un :

  • mesurer l’impact d’une entreprise sur l’environnement en choisissant l’outil le plus adapté à sa situation (empreinte carbone par produit, globale…)
  • réduire l’impact carbone en se basant sur cet état des lieux, ce qui permet de s’attaquer en priorité aux plus gros postes d’émission de gaz à effet de serre
  • contribuer à la neutralité carbone planétaire par le financement des projets de contribution carbone. En effet, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, 2 leviers existent. D’abord, il faut réduire les émissions carbone d’environ 60%. Ensuite, il faut augmenter les puits de carbone, c’est à dire les mécanismes qui permettent de séquestrer le carbone présent dans l’atmosphère (ex. les arbres séquestrent du carbone dans les sols)
  • communiquer sur la démarche de l’entreprise pour renforcer l’engagement de l’entreprise sur ces sujets et pour inspirer son écosystème (clients, prospects, fournisseurs…) à passer à l’action

Comment Sami arrive-t-il à démocratiser tout ce processus ?

On développe une solution qui marche pour toutes les entreprises, et surtout pour chaque entreprise. Il faut savoir que les outils de mesure d’empreinte carbone sont différents en fonction des besoins de l’entreprise. Sami accompagne donc l’entreprise pour choisir l’outil le plus adapté à ses besoins. Notre expertise passe par la vulgarisation de toutes les méthodologies qui existent en termes de mesure et réduction d’impact. 

On a aussi voulu démocratiser le coût de la solution. Pour ce faire, Sami a opté pour une approche tech : une plateforme SaaS qui permet d’automatiser une grande partie du travail et de faire le suivi dans le temps. En effet, mesurer l’impact carbone d’une entreprise implique de collecter toutes les données relatives à l’activité de l’entreprise pour les convertir en quantités de gaz à effet de serre émis. Avant cela se faisait à la main dans des tableurs Excel et ça prenait beaucoup de temps. Nous l’avons donc automatisé en partie pour pouvoir baisser les prix. 

On essaye également de rendre accessibles les outils qu’on utilise. Par exemple, la méthodologie de mesure d’empreinte carbone la plus connue et utilisée en France est le bilan carbone. C’est une marque déposée, gérée par une association qui dépend du gouvernement. Il existe un guide méthodologique pour le réaliser, mais il n’est pas toujours assez précis. Il en résulte que des bilans carbones réalisés par 2 entreprises différentes ne sont pas comparables. Périmètres de mesure et résultats diffèrent ce qui pose problème pour fixer des objectifs. C’est pourquoi Sami travaille à démocratiser, vulgariser et diffuser son expertise en comblant ces vides méthodologiques et en mettant à disposition de tous savoir-faire et expertise.

D’où est venue l’idée de créer Sami ?

Sami a été lancé en mars 2020 par Tanguy Robert et Nicolas Crestin, 2 amis qui se connaissent depuis le collège. Tanguy travaillait pour LegalStart, une startup qui propose une plateforme juridique en ligne pour entrepreneurs permettant de faciliter les démarches administratives liées à leur activité. Nicolas était chez PUR Projet, un cabinet de conseil environnement et climat. 

Leur préoccupation commune pour les problèmes climatiques les a rassemblé, et Sami est né suite aux constats suivants : 

  • le problème climatique est urgent et important,  
  • tout le monde doit être impliqué pour avoir une chance d’atténuer le réchauffement climatique et atteindre les objectifs relatifs au développement durable. Cela est vrai pour les citoyens, les Etats, mais aussi pour le secteur privé, 
  • les grands groupes sont déjà impliqués dans la réduction de leur impact, ce qui n’est pas le cas pour les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas les mêmes moyens.

Le développement de Sami s’est ensuite renforcé avec l’arrivée des premiers clients en juillet 2020, puis des 2 premiers salariés dont je faisais partie en janvier 2021. Je me souviens des débuts où nous étions 4 dans un bureau chez Nicolas. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine dans plusieurs bureaux en France  !

Equipe de Sami

Quelles sont vos ambitions futures ?

Aujourd’hui, plus de 200 entreprises utilisent Sami. Notre objectif est de passer la barre des 1000 d’ici la fin de l’année 2022 et de doubler nos effectifs. D’abord, nous nous concentrerons sur le marché français. A terme, nous souhaitons nous étendre aux pays européens car les besoins des entreprises sont les mêmes, et le changement climatique est un problème mondial. 

Nous avons également des objectifs d’impact : suivre le nombre de tonnes de CO2 équivalent mesurées et la quantité que l’on permet à nos clients de réduire. A date, nous avons mesuré 1 million de tonnes de CO2 et nous souhaitons réduire les émissions de 100 000 tonnes de CO2 d’ici la fin de l’année.

Comment se décline votre offre ?

D’abord, l’entreprise est accompagnée par un coach carbone Sami, pour réaliser la mesure de l’empreinte carbone directement sur la plateforme. Plus tard, l’entreprise a accès à la plateforme pour la partie réduire, contribuer et communiquer. A partir de ça, elle peut ensuite d’elle-même lancer des actions sur ces sujets. 

Image de la plateforme SaaS de Sami

Sami propose aussi un accompagnement pour définir un plan d’action et l’implémenter. Pour prendre un exemple concret, une entreprise qui veut mettre en place un tri des déchets doit trouver un prestataire pour le faire. Une entreprise qui veut favoriser le télétravail doit mettre en place un accord… Les entreprises peuvent également être accompagnées sur le volet communication : quoi communiquer ? Comment communiquer ? 

Vu de Sami, où en est-on concernant les préoccupations environnementales ?

Le sujet est de plus en plus connu. Cependant, le problème n’est pas encore pris en main dans toutes les entreprises même si cela commence à se généraliser. Nous avons récemment fait un état des lieux des démarches environnementales des entreprises françaises. Nous sommes passés par un institut de sondage pour interroger 350 entreprises et identifier les pratiques les plus communes, les motivations des entreprises à s’engager dans ces démarches et ce qu’il reste à faire.

Cela nous a révélé qu’1 entreprise sur 10 a déjà fait un bilan carbone complet dans les 2 dernières années, ce qui est à la fois bien et très peu. Plusieurs choses peuvent pousser les entreprises à agir : la sensibilité des salariés et dirigeants d’entreprises à ces questions, la volonté des clients de l’entreprise (les grands groupes ont des obligations sur ces sujets qu’ils vont en partie imposer à leurs fournisseurs et prestataires, pour décarboner leur propre chaîne de valeur) et l’évolution des réglementations.  

D’après toi, quelles sont les clés pour réussir son passage à l’échelle ?

Il faut avoir la traction nécessaire pour le faire, donc avoir suffisamment de demandes pour pouvoir mener son activité et croître. Chez Sami, c’était le cas. Ce qui marche aussi bien c’est la complémentarité entre Tanguy et Nicolas. Ils avaient bien défini leurs périmètres respectifs ce qui leur permettait d’avoir un bon niveau d’autonomie. Cette autonomie fait d’autant plus partie de l’identité de Sami du fait de la position géographique des fondateurs : Nicolas est à Paris alors que Tanguy est à Lisbonne. Cela a permis à Sami de développer cette possibilité de travailler de n’importe où, et de miser sur l’autonomie des membres de son équipe. 

Une autre clé pour réussir son passage à l’échelle est de s’entourer de personnes meilleures que soi sur les différents domaines d’expertise.

Pourquoi avoir choisi Sami ? Quelle est ton expérience au sein de Sami ?

A la base, je faisais de la finance d’entreprise, du conseil en levée de fonds pour des startups et du conseil en fusion-acquisitions d’entreprises. A mes yeux, ça manquait de sens. J’avais aussi des convictions écologiques de plus en plus difficiles à ignorer et c’est ce qui m’a poussé à rejoindre Sami. Pour moi, ce qu’on fait a du sens car il faut se préoccuper de ces sujets climatiques pour pérenniser le futur autant que possible. 

L’autre élément qui me motive chez Sami, c’est un apprentissage permanent et continu. Quand je suis arrivé, j’ai appris le métier de commercial, puis j’ai été affecté au marketing et à la communication. Maintenant je suis chargé du marketing et de la communication et je manage ma propre équipe. On m’a donné les moyens d’apprendre, de me former et de faire mon travail. Liberté, autonomie, confiance et apprentissage sont les maîtres mots chez Sami !

Un mot de la fin ?

On peut tous, à notre échelle, changer les choses. Ce n’est pas réservé aux dirigeants d’entreprise, chacun peut contribuer. 

Le problème climatique est identifié, comme le répète le rapport du GIEC paru le 28 février 2022 (disponible en anglais ici), mais les solutions le sont aussi. Il ne reste qu’à les mettre en place. Et ça, tout le monde peut le faire, et on a besoin de tout le monde.