Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Pascal Rybak, co-fondateur d’une solution de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier, Sitadel. Pascal partage pour ISLEAN le parcours de l’aventure entrepreneuriale et son expérience.
Comment avez-vous lancé Sitadel ?
Historiquement, je travaillais dans le conseil. J’ai deux TPE, une qui s’appelle ACIEM, qui fait du conseil en organisation sur des projets plutôt techniques, et une autre qui s’appelle TD SYSTEM et qui fait du développement informatique. Un ami avait développé son propre produit pour réaliser des états des lieux immobiliers. En parlant avec un de ses locataires, il s’est rendu compte que son logiciel était également intéressant pour réaliser des audits de fin de garantie d’éoliennes. Ils ont donc créé ensemble un autre produit pour répondre à ce besoin, projet pour lequel il m’a demandé de l’aide.
En regardant, nous nous sommes rendu compte qu’entre l’audit de fin de garantie d’éolienne et les états des lieux immobiliers, il n’y avait aucune différence des points de vue organisation et développement informatique. Et cela allait plus loin : nous avons réalisé que dans ces marchés-là, tout le monde avait les mêmes problématiques en termes de gestion opérationnelle :
- Le ticketing, ou comment capter l’information de l’existence du problème, que ce soit manuellement ou automatiquement grâce à des objets connectés
- Les réparations, c’est-à-dire s’assurer que les désordres étaient bien résolus, que ce soit par des équipes internes ou des prestataires externes
- La problématique réglementaire, par exemple sur des contrôles, des entretiens, et même du pilotage de contrats
- Les audits, que ce soit un état des lieux locatif, un PV de livraison d’un programme ou un audit de fin de garantie d’une éolienne
Il suffit seulement de considérer le modèle descriptif approprié à l’objet concerné. En faisant cela, que ce soit pour un paquebot, des bureaux, un avion, ou de l’immobilier, on peut créer exactement le même outil. J’avais toujours eu envie de créer puis de développer un produit logiciel, et nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure.

Fonctionnement de l’outil : arborescence des actifs
De quels accompagnements avez-vous profité au démarrage du projet ?
Nous avons rapidement rejoint l’incubateur « Télécom ParisTech entrepreneur ». Nous avons ainsi pu bénéficier d’un réseau et de formations spécifiques de très bonne qualité. Grâce à eux, nous avons été éligibles à une subvention de la Bpi et de la ville de Paris. Cela nous a aidés à démarrer. Ensuite, nous avons obtenu la labellisation « Startup innovante » auprès de Finance Innovation, un pôle de compétitivité mondiale dédié à la finance, l’assurance et l’immobilier et basé dans le centre de Paris. Cela nous a permis d’ouvrir notre réseau et d’obtenir une seconde subvention « Innovup » de la Bpi et de la région. Surtout, le label « Startup innovante » nous permet de proposer aux clients soumis au code des marchés publics de passer par le processus « Achat Innovants », beaucoup plus facile et rapide puisqu’en gré à gré total. En complément de ces subventions publiques, nous avons réalisé une levée de fond de type Love money qui nous a permis de passer le cap délicat du Covid.
Ceci étant, il faut garder en tête que le meilleur apport de trésorerie reste le chiffre d’affaires, plus que la levée de fonds. Cette dernière est une manière de se donner les moyens d’avancer plus vite, mais n’est pas un but en soi. En plus, elle n’est pas sans risque. Le chiffre d’affaires est quant à lui une manière beaucoup plus stable d’augmenter sa trésorerie, puisqu’il est aussi signe du succès de l’entreprise et de son idée, de l’expérience et de la base de clients acquise. Et puis le chiffre d’affaires n’a pas à être remboursé et ne dilue pas l’actionnariat !

Fonctionnement de l’outil : liste des interventions planifiées
Sitadel aujourd’hui ?
Aujourd’hui, Sitadel est une solution Saas full web qui assure le responsable patrimoine que son parc est 100% conforme et fonctionnel, et qui fonctionne sur un système d’abonnement annuel. Chaque acteur y possède un compte (les property managers, les prestataires internes ou externes, les demandeurs (locataires ou collaborateurs)) et en fonction de son rôle, il aura accès à des fonctionnalités différentes.
Nos clients-cibles sont les property managers, qui gèrent plusieurs sites. La problématique pour eux est d’avoir une vue d’ensemble sur des sites qui ne sont pas forcément gérés par les mêmes fournisseurs et pour lesquels il faut utiliser des outils différents. Beaucoup de startups se sont lancées dans ce domaine, mais elles ne traitent chacune qu’un petit bout de la problématique de gestion opérationnelle. Sitadel permet de centraliser toutes les problématiques liées à l’ensemble des actifs gérés par un property manager.
Par ailleurs, le fait que l’outil ne soit pas une application facilite la maintenance et garantit la compatibilité native avec les systèmes iphone/android. Sitadel est un site web, accessible depuis un PC, une tablette ou un Smartphone. Nos clients ne s’occupent de rien et changent de matériel comme ils le souhaitent. Nous sommes par ailleurs très prudents en ce qui concerne le stockage et la sauvegarde des données des utilisateurs afin d’éviter la perte de ces dernières. Par exemple, l’incendie des serveurs OVH à Strasbourg a entraîné une interruption de service de 1h le jour où l’incident s’est produit, ce qui a prouvé que notre architecture était solide.

Fonctionnement de l’outil : historique des tickets
Les suites du développement ?
Aujourd’hui, nous avons réussi à monter un produit et à fidéliser des clients. Nous voyons le développement de Sitadel selon 4 pistes.
La première piste concerne les évolutions régulières demandées par nos clients et que nous co-construisons avec eux. Sitadel évolue rapidement pour s’adapter aux besoins de chacun, tout en gardant à l’esprit la « simplicité ».
La seconde piste concerne l’internationalisation de Sitadel, car certains de nos clients aimeraient également pouvoir gérer le patrimoine qu’ils possèdent à l’international sur Sitadel. Ce besoin nécessitera de développer le logiciel dans une version anglaise. Dans la même veine de l’international, nous sommes très sollicités par des entreprises situées en Belgique, et qui sont confrontées aux 4 problématiques clés citées précédemment, ce qui nous conforte dans la conviction que le problème que nous traitons est le même quel que soit le pays.
La troisième piste concerne l’extension de Sitadel à d’autres secteurs de marchés. Par exemple, nous nous sommes rendu compte que de nombreuses collectivités et hôpitaux, qui reçoivent de moins en moins de subventions de l’état, disposaient d’un grand patrimoine immobilier inutilisé et bien souvent inconnu. Or la connaissance fine de ce patrimoine et de son état leur permettra de financer d’autres opérations « coeur de métier ». Nous envisageons donc de développer des fonctionnalités sur Sitadel qui permettraient de donner à ces institutions de la visibilité sur ce patrimoine dont ils disposent déjà, pour bien le connaître, l’entretenir et le céder ou le louer dans les meilleures conditions.
Enfin, la quatrième piste concerne l’intégration de services externes, comme par exemple des fonctionnalités qui permettraient de concrétiser des économies d’énergie sur le patrimoine.

Fonctionnement de l’outil : conformité règlementaire
Quels enseignements retenez-vous ?
Un point très important est l’implication des premiers clients. En effet, ce sont probablement eux qui vont faire évoluer le produit dans la « bonne » direction . Généralement, ces clients comprennent que le coût adapté d’une telle intégration s’accompagne de la nécessité de travailler « en mode startup », c’est-à-dire de la co-construction et l’acceptation des anomalies « de naissance ». Les fondateurs doivent être présents sur le terrain pour accompagner les évolutions nécessaires, faire preuve d’agilité et proposer un service Client hors pair. Par ailleurs, il est critique que les clients soient prêts à défendre la startup auprès de leurs autres prestataires afin d’encourager les partenariats nécessaires.
Un second point capital est de développer conjointement le produit et sa commercialisation. Lorsqu’on signe avec un client, il ne faut pas accepter n’importe quelle demande. Il est important que les développements réalisés sur le produit pour le client servent à tous les autres.
Dernier point, il est essentiel de cultiver son réseau pour tester ses idées, sans oublier d’être résilient, car le succès ne vient pas nécessairement tout de suite !
Merci à Pascal de nous avoir accordé du temps pour cette interview. N’hésitez pas à consulter le site web de la solution Sitadel pour essayer cet outil de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier.