Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Sarah Kleinmann, co-fondatrice de Thích, une startup qui a pour vocation de devenir une école de changemakers unique pour ses 3 leviers pédagogiques : le suivi individuel, la démarche test & learn et l’apprentissage par la diversité. Sarah partage pour ISLEAN le parcours de l’aventure entrepreneuriale et son expérience.

Quel est le problème à résoudre qui a lancé Thích ?

Thích a pour objectif de proposer des formations transformatives pour devenir changemaker. Un changemaker, c’est quelqu’un qui identifie un problème sociétal qui lui est cher et agit pour le résoudre et générer un changement. Dans une session de formation Thích, une équipe de coachs et d’experts accompagne les apprenants dans le lancement de projets et d’initiatives à impact positif, le passage à l’action étant au cœur de la pédagogie. Par ailleurs, Thích s’oriente en particulier sur les actions centrées autour des transitions alignées aux objectifs de développement durable de l’ONU, et se veut l’école de la diversité en proposant des programmes qui mixent les profils d’apprenants.

Aujourd’hui, nous sommes sans arrêt rappelés à la réalité des crises environnementales et sociétales qui menacent notre monde. La sensibilisation n’est pas suffisante et l’action est urgente. Pour changer le cours des choses, un véritable changement de mentalité et de pratique de manière générale s’impose. C’est la mission qui a donné vie à Thích : donner le pouvoir à tout un chacun de créer et mener des projets qui font avancer le monde dans le bon sens et qui apportent des solutions à petite et à grande échelle à nos problèmes les plus urgents. 

Par ailleurs, le projet Thích rebondit sur les demandes et les aspirations de la nouvelle génération d’étudiants, qui demande de plus en plus à intégrer les considérations environnementales et sociales dans leurs enseignements et leur activités. 

Comment avez-vous lancé le projet ?

La genèse de Thích

L’histoire de Thích a commencé avec la rencontre de mes 2 coéquipiers, Stéfan et Florian. 

Florian est le fondateur d’in:expeditions, qui propose aux entreprises de faire partir leurs collaborateurs en learning expeditions à la rencontre de changemakers partout en Europe et maintenant dans le monde. Aujourd’hui, le réseau de changemakers qu’a constitué Florian lors de son tour du monde contient plus de 2500 initiatives et in:expeditions est une référence dans le domaine. 

Stéfan a une expérience de 25 ans dans la conception et la direction de programmes uniques pour leurs innovations pédagogiques (e-learning de proximité, transformation par immersion en contexte décalé, fabrique d’innovation managériale). Après avoir dirigé ces programmes à Grenoble INP et l’EDHEC, Stefan a créé en 2022 Good Grades, sa propre startup EdTech en partenariat avec le groupe Kwark Education pour proposer une aide à la correction d’examens pour les professeurs grâce à une IA.

La naissance de la startup

La rencontre entre Stefan et Florian, c’est la rencontre entre le monde de l’innovation pédagogique et le monde de l’impact. Ils ont tout de suite su reconnaître le potentiel de la mise en commun de leurs réseaux, de leurs expériences et de leurs forces et ont partagé la vision d’un projet de formation innovante pour introduire les gens au changemaking, et les former à impulser un changement à impact positif autour d’eux.

À ce moment-là, tous les deux étaient déjà entrepreneurs. Ils avaient l’envie et les ressources à investir dans cette aventure, mais pas suffisamment de temps. C’est pourquoi ils ont cherché un troisième partenaire, qui pourrait diriger les opérations et lancer le projet. Ce troisième partenaire, c’est moi. Le projet m’a séduite parce que j’ai toujours eu envie de mettre toute mon énergie au service d’une cause qui me tient à coeur : débloquer le potentiel des gens qui m’entourent pour leur faire accomplir tout ce qu’ils sont capables d’accomplir. Ayant reçu une formation d’ingénieur généraliste aux Mines, j’avais le profil transverse qu’il fallait pour le rôle, ainsi qu’une expérience en EdTech appréciable après 2 ans comme consultante pour la EdTech team de la Banque mondiale et 1 an de master EdTech à la Sorbonne.  

C’est donc comme ça qu’est né Thích.

Thích aujourd’hui ?

L’entreprise a été officiellement créée en janvier 2023. Nous avons maintenant une idée plus précise de l’écosystème d’acteurs dans lequel nous nous inscrivons, et des offres similaires ou complémentaires à la nôtre. 

Nous sommes en discussion avec des organismes partenaires au sein desquels nous lancerons notre première itération du programme Thích.  C’était important pour nous d’entrer en contact tôt avec nos clients et de les rendre partenaires, afin de laisser la place à la co-création des programmes. Nous avons à cœur de ne pas seulement créer une formation et de la proposer comme telle, mais plutôt de nous adapter aux besoins des apprenants, pour créer une structure qui leur permette de développer leur propre potentiel, et qui soit aussi alignée avec les objectifs de l’école ou de l’organisation dans laquelle ils évoluent déjà.

Nous agrandissons l’équipe Thích puisque nous ont rejoint récemment des spécialistes du coaching de projet à impact et de RSE et développement durable qui participent à la conception de la maquette pédagogique et qui animeront le programme à nos côtés. D’autres acteurs seront mobilisés pour rendre riche l’expérience d’apprentissage, nous nous appuierons notamment sur le réseau de changemakers dont nous disposons, afin de mettre les étudiants en relation avec ces personnes ressources qui partageront leur aventure de manière très concrète. 

De quel accompagnement avez-vous profité au démarrage du projet ? 

Thích a bénéficié d’une aide appréciable au démarrage : des fonds propres que Stéfan et Florian ont investi dans l’entreprise, en plus de leurs ressources et réseau. Pour les compléter, ce mois-ci nous travaillons activement à la recherche de financements supplémentaires. Nous avons établi un business plan et constituons des dossiers pour postuler à des subventions dans un premier temps, et possiblement des prêts ou prêts d’honneur dans un deuxième temps. Par ailleurs, nous cherchons à nous faire accompagner par le réseau Initiative pour cibler les aides régionales ou autres subventions les mieux adaptées à notre projet.

Nous avons également l’intention de vendre un premier programme assez tôt pour embrayer sur un mécanisme d’autofinancement.

D’autre part en termes d’accompagnement, nous avons intégré le réseau EdTech France et le réseau MakeSense Spot qui permettent d’accéder à des ressources partagées pour les entrepreneurs de notre secteur d’activité (technologies pour l’éducation et l’impact), de partager ses pratiques et de participer à des évènements pour entrer en contact avec les autres membres du réseau.

Les suites du développement ?

Notre premier objectif est de lancer une première formation beta cet automne/hiver. C’est ambitieux et cela nous donnerait une première itération du programme de base. Après cela, nous continuerons à concevoir des briques de spécialisation qui viendront étoffer cette formation et la rendre encore plus modulable et plus adaptable aux besoins des prochains apprenants et partenaires que nous trouverons.

Si nous avons l’intention de commencer par proposer nos formations à des étudiants dans l’enseignement supérieur, nous n’éliminons néanmoins pas de la cible les collaborateurs en entreprise, qui viendront dans un deuxième temps dans notre développement. Après avoir fait marcher le programme en BtoB les 2 premières années, nous souhaitons l’ouvrir en BtoC et permettre à n’importe qui souhaitant devenir changemaker d’intégrer nos cohortes, et ainsi notre école et communauté Thích.

Quels enseignements retenez-vous ?

Le premier enseignement que je retiens est de toujours garder un sens des priorités. Il peut être dangereux de se perdre dans l’ouverture d’une multitude de portes en même temps et je pense qu’il y a un vrai enjeu à se concentrer sur les points les plus alignés avec notre vision et auxquels on donne une priorité supérieure aux autres.

Un autre enseignement serait de rester assez organisé, opérationnel, de savoir où l’on va pour être sûr de ne pas s’égarer en chemin. Si l’on dévie, ce n’est pas systématiquement un problème, mais il faut se demander pourquoi on fait cela et si c’est justifié.

Un troisième point à garder en tête est de faire rentrer dans la discussion les bénéficiaires du produit assez tôt. Je pense qu’un gros écueil à éviter est de réfléchir en circuit fermé, sans vérifier auprès du public-cible que le produit en cours de création correspond bien à ses attentes et à ses besoins. 

Un dernier point est l’importance d’être à l’écoute et ouvert aux suggestions des différentes parties prenantes que l’on intègre dans l’aventure, et qui ont parfois plus à apporter en termes de valeur ajoutée que ce qu’on avait prévu en leur confiant une mission spécifique.

Merci à Sarah de nous avoir accordé du temps pour cette interview.

N’hésitez pas à consulter le Linkedin de Thích pour découvrir le produit.