uMotion : l’écologie du premier au dernier kilomètre

Dans le monde de l’entrepreneuriat, certaines rencontres sont porteuses d’inspiration et de changement. Récemment, nous avons eu le privilège de discuter avec Léon de Perthuis, l’un des cofondateurs de uMotion, une entreprise française spécialisée dans la fabrication de véhicules utilitaires pour la logistique du premier et du dernier kilomètre. Léon partage pour ISLEAN le parcours de son aventure entrepreneuriale et son expérience.

uMotionQuel problème tente de résoudre uMotion ?

Le commerce électronique est en plein essor, et avec lui, les flux logistiques, notamment en zone urbaine. Or, les flottes utilitaires tournent encore très majoritairement au diesel avec les conséquences que l’on sait sur le climat et la qualité de l’air. Les logisticiens doivent verdir leur flotte mais ils manquent de solutions… Le thermique est progressivement interdit de circulation dans les ZFE et à terme à la vente, le vélo implique de multiplier les véhicules et les chauffeurs par trois et de disposer de foncier intermédiaire en ville et l’électrique est deux à trois fois plus cher sans compter les délais de livraison et la faible valeur à la revente. Résultat, le diesel représente encore 86 % des utilitaires vendus en 2023 ! Il y a un vrai besoin !

Le problème est donc simple : nous voulons remplacer ces camionnettes de livraison diesel par des véhicules écologiques. Pour cela, nous développons un utilitaire aussi capacitaire, plus vert et surtout moins cher que tout ce qui existe aujourd’hui.

Qu’est ce qui caractérise vos véhicules ?

Nous avons breveté une technologie d’hybridation électrique/musculaire qui permet de limiter la masse et l’accélération du véhicule tout en maximisant sa capacité et son efficacité énergétique. Issue de 20 années d’expérience dans l’automobile, cette propulsion prend le meilleur des deux mondes : le van fonctionne comme un vélo électrique à basse vitesse en ville jusqu’à 30 km/h et comme un véhicule électrique classique au-delà, pour prendre l’autoroute et porter jusqu’à 1 tonne.

Cette technologie permet de résoudre un des gros problèmes de la voiture électrique : la nécessité d’avoir accès à des bornes IRVE. Ce sont des investissements conséquents pour un logisticien. En consommant trois fois moins d’énergie, notre véhicule peut fonctionner sur de petites batteries ce qui permet de les multiplier. Nous avons donc misé sur des batteries modulaires, comme sur certains vélos ou scooters électriques, pour pouvoir adapter le nombre de batteries à l’usage du véhicule, les charger indépendamment et faciliter le remplacement de ces dernières. Il existe de plus en plus de stations de charge avec des batteries remplaçables à l’image de Zeway. L’objectif est de pallier le problème d’autonomie des batteries souvent associée à la mobilité douce.

Enfin, un autre problème de taille est la maintenance. Nous avons donc misé sur des technologies matures et priorisé des pièces standardisées pour faciliter la réparabilité et l’entretien par n’importe quel garagiste disposant de ces pièces dans son catalogue. Nous poussons enfin pour le “Made in France” en mobilisant des acteurs locaux. Cela nous permet d’avoir une relation plus directe avec des fournisseurs qui partagent notre vision de la durabilité et de l’écoconception.

Quelles ont été les grandes étapes du lancement de uMotion ?

uMotion est avant tout parti de ma rencontre avec Nicolas Goursot, ingénieur automobile pionnier de la mobilité électrique en Europe qui a fondé puis dirigé le département propulsion électrique de PSA. Pour ma part, j’ai travaillé dans un cabinet de conseil en communication et relation publique où j’ai eu l’occasion de me pencher sur des sujets d’aménagement du territoire. J’ai développé, au fil du temps, une passion pour la mobilité urbaine. C’est ce qui m’a poussé à me lancer dans l’entrepreneuriat. Cela n’avait rien d’évident malgré le fait d’être entouré d’entrepreneurs dans mon cercle familial et amical. Je savais dans quoi je m’engageais. Je pense que ma relation avec Nicolas à beaucoup joué. Nous sommes tous les deux animés par une conscience écologique forte et par la volonté d’apporter notre pierre à l’édifice. Le choix m’a en fin de compte paru très naturel.

Nous n’avons pas chômé. Nous nous sommes tout de suite rapprochés de grands acteurs du secteur pour valider le besoin et en novembre 2022, uMotion est né. Dès notre lancement, nous avons bénéficié du soutien de plusieurs incubateurs dont celui de la ville de Paris. Nous avons fait une première levée de fonds de 400 000 € auprès de business angels dont les fondateurs de belles réussites françaises comme Exotec ou Compte Nickel, nous avons également été labellisés deep tech ce qui nous a permis d’être subventionné par la BPI (Banque Publique d’Investissement). Cela nous a permis de financer nos premiers efforts de R&D.

Où en est uMotion aujourd’hui et quelles sont ses perspectives ?

uMotion

Nous travaillons aujourd’hui avec une quinzaine de collaborateurs, principalement des ingénieurs et échangeons avec des entreprises renommées telles que DHL, Michelin et La Poste à plusieurs niveaux. Nous avons assemblé fin septembre notre premier prototype et nous commençons les essais en conditions réelles. L’objectif principal à ce stade est de valider les caractéristiques techniques du véhicule sur le terrain afin de proposer un codéveloppement à certains de nos partenaires pour leur mettre à disposition une version de pré-série dès 2025.

Après la révélation de notre projet lors des salons ChangeNow et Vivatech avec un simulateur de conduire lors des salons, les premiers tours de roue du prototype représentent un grand moment ! Ça rend les choses très concrètes.

Le chemin à parcourir est encore long. Il nous faut lever des fonds et assurer la conformité réglementaire de notre produit. Nous visons une première petite série de véhicules non-homologués début 2025, pour ensuite envisager une version finale produite en série à partir de 2027.

Quelques conseils à donner pour un nouvel entrepreneur ?

Si je devais donner 3 conseils :

  1. Trouver un ou des partenaires avec qui se lancer. L’enjeu est de s’entourer de personnes ayant des profils complémentaires et une vision partagée. C’est comme ça qu’on crée de la richesse.
  2. Faire preuve d’audace et de ténacité. Il faut prendre des initiatives, tenter et persister. On réussit rarement du premier coup.
  3. Soigner son équilibre de vie. Nous avons de la chance d’être tous les deux parents avec Nicolas. Nous veillons à prendre les moments qu’il faut pour notre famille. L’entrepreneuriat est un marathon. Il faut pouvoir tenir la longueur.

 

Merci à Léon de nous avoir accordé du temps pour cette interview. N’hésitez pas à consulter leur site internet pour en apprendre plus sur leur solution.