Nous avons rencontré ce mois-ci Benjamin Bouilliez, qui après 2 ans en Nouvelle Calédonie revient avec nous sur son expérience de fondateur de unnid.com (2011-2013), 1er moteur de recherche qui localise les annonces de biens immobiliers (location ou vente) sur une carte
Comment êtes-vous arrivé à la création de votre entreprise Unnid.com ?
Tout a commencé alors que je recherchais un logement en 2011. Je me suis rendu compte que les solutions proposées sur les sites internet de recherche de biens immobiliers avaient des limites :
- La dispersion : il faut chercher sur plusieurs sites immobiliers sur internet
- La localisation : Lors de mes recherches, j’alternais entre les annonces et Google Maps pour localiser les biens et découvrir le quartier
Unnid.com répond à ce double besoin : c’est un agrégateur d’annonces immobilières qui facilite la recherche et la localisation de logements sur une carte.
A partir de cette idée, comment avez-vous fait évoluer votre projet ?
Assez rapidement, j’ai pu constater que le produit pouvait plaire. Fin 2011, j’ai décidé de me donner 2 mois pour intégrer d’autres villes que la région grenobloise et récolter plus d’avis. Il est facile de rassembler des retours utilisateurs sur ce type de service (en direct avec une démonstration ou via des commentaires sur le site) et ils ont été très positifs.
Début janvier 2012, j’ai un produit fonctionnel qui répond à mon besoin initial et qui plaît. Je me donne alors un an pour déterminer le business model le plus approprié pour développer un site immobilier innovant avec Unnid.com. J’ai envisagé et testé plusieurs possibilités : l’apport de lead qualifiés pour les agences immobilières, la publicité ou l’association à une chasseuse d’appartement avec de la publicité en sa faveur. A mon avis, le modèle des apports de lead pour les agences immobilières était le plus intéressant mais il fallait pour cela augmenter le trafic du site pour peser dans l’écosystème des annonces immobilières en ligne.
En janvier 2013, à la fin de mon échéance, le site avait un certain succès : il y avait du trafic, la presse en parlait et Unnid.com a été lauréat de deux prix en 2012 : création innovante du Cré’acc et Trophée Rotary en création.
Justement, vous avez décidé d’arrêter le projet à ce moment. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
En fait, le secteur de l’immobilier est assez particulier puisque chaque bien est unique. La notoriété d’un site d’annonces immobilières se construit dans le temps et il faut des investissements pour augmenter la visibilité (marketing, communication très forte).
A ce moment-là, je n’avais toujours pas défini de business model dans un marché très encombré. Pour poursuivre le projet et ses innovations, il fallait chercher des financements et j’ai préféré arrêter plutôt que de m’entêter. C’est un produit qui avait du sens et c’est toujours un peu triste d’arrêter.
[NDLR : En 2016, la FNAIM a lancé le 1er site des professionnels de l’immobilier avec des annonces géolocalisées.]
Quels conseils pourriez-vous partager aujourd’hui avec de jeunes entrepreneurs ?
Chaque projet est unique et il n’y a pas de formule magique. Ce que j’ai retenu de mon expérience, c’est qu’il faut :
- Trouver d’autres personnes à intégrer au projet : c’est à mon avis l’erreur que j’ai commise. J’ai toujours été en mode bricolage et je gérais tout seul. Je ne me suis jamais vraiment dit « il faut que je trouve quelqu’un d’autre pour m’aider » ;
- Réfléchir assez tôt à l’objectif et l’ambition du projet : jusqu’où je veux aller et quels moyens je me donne pour y arriver ;
- Se donner régulièrement des échéances : se dire « dans 6 mois ou un an, je fais un point pour savoir où j’en suis » ;
- Savoir s’arrêter, c’est aussi une bonne chose.
Finalement, qu’avez-vous appris ?
C’est une expérience vraiment intéressante, très gratifiante : en partant d’un besoin personnel, j’ai réussi à proposer une solution à un problème.
J’aime développer un produit en réponse à un problème et voir les réactions et retours utilisateurs.
La technologie est importante mais ce n’est pas un mur infranchissable. Pour résoudre le problème, j’ai appris à développer mon premier moteur de recherche.
Il faut se concentrer d’abord sur l’essentiel : la première ressource précieuse est le temps.
Enfin, il faut faire attention à ne pas tout faire : on n’est pas efficace dans tous les domaines. Savoir s’entourer est important.
Un dernier mot ?
C’est une expérience très agréable, parfois angoissante et fatigante, mais ce n’est que du positif.
En France, l’entreprenariat est très bien vu, les gens sont curieux et ont un regard positif même si notre projet a été arrêté.
Propos recueillis par Laurène Guillot.