Dans le cadre de nos entretiens avec des innovateurs, nous avons interviewé Grégoire Willmann co-fondateur de RMOpportunities. A l’instar d’autres start-up comme OptiMiam ou Cryo Pur, RMOpportunities est une start-up d’économie circulaire.

Que fait concrètement RMOpportunities ?

RMOpportunities signifie « Raw Material Opportunities ». Nous avons développé une plateforme de mise en relation pour les professionnels de la chimie. L’objectif est de les aider à valoriser leurs stocks dormants avant qu’ils ne périment.

Quelles ont été vos motivations pour la création de la start-up ?

Avec Gabriel Calmels, nous avons fait Télécom Saint-Etienne ensemble en spécialité informatique. Lors de la dernière année, nous avons eu cette idée suite à la rencontre avec Christian Rodié, ex Directeur Général d’ISOCHEM, entreprise de chimie fine. Nous voulions vivre la vie d’entrepreneurs avec tout ce que cela implique : être au coeur de la création d’un business et apporter notre pierre à l’édifice, notamment dans le développement de l’économie circulaire. Nous avons donc capitalisé sur nos compétences en développement informatique pour construire dans un premier temps le site internet en septembre 2015. C’est en janvier 2016 que nous avons créé RMOpportunities et mis en ligne le site deux mois après.

Comment le numérique permet-il de booster l’économie circulaire ?

Selon nous l’économie circulaire permet de transformer un poids pour une personne ou entreprise en une ressource pour une autre. Plusieurs acteurs sont donc en jeu et la complexité réside dans la connexion entre les différentes parties-prenantes : comment savoir qui souhaite valoriser ses stocks et qui serait susceptible d’en avoir la nécessité et ce au même moment ?
Internet est le réseau qui permet de connecter le plus de personnes entre elles et donc aussi les entreprises. Pour notre activité elle permet aussi de relier des personnes de différents pays : au lieu de commander des matières premières en Chine, les entreprises peuvent trouver les mêmes produits dans les surstocks en Europe et ainsi limiter leur empreinte carbone.
Cependant un site web n’est pas très rassurant et les entreprises doutent et remettent en cause la confidentialité et la sécurité des données. C’est pourquoi aujourd’hui nous ne délaissons pas le contact direct pour trouver des utilisateurs de la plateforme : internet ne se suffit pas pour appréhender tous les enjeux des relations interentreprises dans ce type d’échanges.
Au-delà de l’économie circulaire, le numérique permet de diffuser très rapidement les informations. Nous utilisons au maximum les outils que nous avons à notre disposition pour se faire connaître et reconnaître : référencement Google, réseaux sociaux, mailing…

L’économie circulaire a un avenir prometteur mais quel est votre business model pour faire vivre la start-up ?

L’inscription et l’utilisation du site sont entièrement gratuites. Jusqu’à la mise en relation tout est gratuit, nous ne prenons une commission qu’à partir du moment où le vendeur et l’acheteur se sont entendus sur les négociations. Nous allons aussi mettre en place un modèle premium payant : les entreprises peuvent mettre en avant leurs offres.
Nous avons déjà cumulé 39 offres de produits chimiques en vente sur notre site. Cependant l’économie circulaire pose de nouvelles problématiques notamment dans la chimie. Les produits ont une durée de vie et doivent avoir un niveau de qualité indiscutable. Malgré la croissance du nombre de produits à vendre, les acheteurs sont encore un peu frileux. Nous essayons de rassurer au mieux nos clients grâce notamment à un système de notation qui dépend à la fois de la qualité des produits mais aussi de la fiabilité des vendeurs dans le processus de vente. Nous avons aussi fait le choix de l’anonymat. Ainsi nos clients préservent leur avantage concurrentiel et cela nous assure une rémunération en évitant que les entreprises concluent l’échange entre elles.

Vous avez gagné un prix récemment. En quoi consiste-il et que comptez-vous en faire ?

Nous faisons partie des grands gagnants du concours LaFabrique Aviva dans la catégorie protection de l’environnement. Ce concours nous a permis de gagner 25000€ ; une somme qui nous servira à recruter un alternant en commerce en septembre 2016 notamment. La première phase de ce concours consistait à obtenir le plus grand nombre de votes. Cela nous a donc fait gagner en notoriété en plus de nous emmener en finale.
Propos recueillis par Ayako Dumont