C’est au sein des locaux de la Fédération Française des Diabétiques que se situent les bureaux de MyDiabby Healthcare. Coïncidence ? Pas vraiment, quand on sait que la start-up oeuvre également pour l’amélioration du quotidien des personnes atteintes de diabète.

En effet, dans un pays où le nombre de patients augmente, les équipes médicales spécialisées sont de plus en plus sollicitées par leur besoin de suivi. MyDiabby a su apporter une solution pour simplifier malgré tout cet accompagnement.

Rencontre avec Anastasia Pichereau, CEO et co-fondatrice de MyDiabby Healthcare.

Améliorer le suivi des patients diabétiques : la promesse de MyDiabby, plateforme de télémédecine

Le diabète, une maladie chronique du siècle qui ne cesse d’augmenter

En France, pas moins de 5% de la population souffre de diabète, pourcentage croissant tout au long du siècle dernier.*

On distingue plusieurs types de diabète, dont la cause et les traitements sont distincts, mais dont le suivi requis est tout aussi rigoureux. Dans tous les cas, un diabète non équilibré sur la durée peut mener à de nombreuses complications plus ou moins vitales, d’où l’importance de maintenir une stabilité au jour le jour.

Face au nombre croissant des diagnostics, la cadence du suivi des patients est de plus difficile à assurer pour les médecins spécialistes (diabétologues), ce qui peut engendrer des rendez-vous de contrôle de plus en plus espacés (tous les 3 à 6 mois, voire plus)**.

*Source :  https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/diabete/donnees/#tabs
**Source : prévisions d’évolution de pathologies par l’Assurance Maladie sur 5 ans, 2015

Zoom sur le diabète

Le diabète est un trouble de l’assimilation des sucres apportés par l’alimentation, et se traduit par un taux de glucose dans le sang élevé.**
On distingue 2 types :

  • Type 1 (6% des cas) : absence totale de production d’insuline par le pancréas, maladie auto-immune sans réelle cause prédéfinie.
  • Type 2 (90% des cas) : insuffisance de production d’insuline par le pancréas ou résistance à celle-ci, lié à une mauvaise hygiène de vie.

Le diabète gestationnel lui n’apparaît que pendant certains cas de grossesse.

**Source :Fédération Française des Diabétiques

Quel est le service développé par MyDiabby ?

MyDiabby est une plateforme de télémédecine ou télésurveillance qui relie les patients diabétiques à leur médecin habituel. Elle permet de rassembler les données patient relatives au diabète, et de les partager à son équipe médicale. L’équipe médicale peut ainsi être alertée ou alerter le patient en cas de besoin, et le guider à distance avec un accès à ses données en temps réel : glycémies (taux de sucre dans le sang), activités physiques, repas précis etc. L’utilisateur peut entrer ces informations à la main dans l’application, ou les transférer directement via ses appareils connectés (lecteur de glycémie, pompe à insuline). Ce point est important car le suivi habituel des diabétiques se fait en consultation avec un médecin diabétologue, tous les 3 à 6 mois selon la charge du centre hospitalier. Cela est souvent insuffisant pour une pathologie à gérer quotidiennement sans interruption. Le besoin de télésurveillance apparaît donc assez clairement, d’où l’idée de plateforme interactive.

Quel est l’historique du projet ?

MyDiabby a vu le jour il y a 5 ans, avec une première version de plateforme créée en avril 2015. A l’origine, nous souhaitions aider les patientes atteintes de diabète gestationnel, autrement dit le diabète de grossesse nécessitant un suivi très rapproché. Le projet a très bien marché, c’est pourquoi nous avons décidé d’ouvrir la plateforme aux diabètes de type 1 et 2, en 2017.

L’enjeu reste le même : donner aux équipes médicales les moyens de bien suivre leurs patients même à distance. Le diabète est une pathologie qui requiert des soins et adaptations à chaque moment de la journée, et dont les besoins de traitement varient souvent. Le suivi régulier est la clé d’un diabète équilibré, peu importe le type.

MyDiabby aide les équipes soignantes à travailler dans de meilleures conditions en leur facilitant l’accès aux données des patients, afin qu’elles puissent les orienter au mieux dans leur traitement.

Quels ont été les premiers retours d’expérience ?

A l’origine, la plateforme n’était qu’un simple tableau de suivi. Les fonctionnalités ont été ajoutées au fur et à mesure, grâce aux différents retours des utilisateurs patients et médecins. Aujourd’hui la plateforme est très complète, puisqu’elle intègre une multitude de données détaillées sous forme de tableau de bord et de graphiques de résultats. Le médecin peut donc connaître la journée type de son patient en détail, ainsi que ses tendances moyennes de résultats. On est loin du traditionnel carnet de suivi papier à présenter à chaque consultation !

Les équipes ont non seulement accès à des données fiables, mais également à des outils qui leur permettent d’optimiser leur temps de gestion des dossiers patients. Plus de paperasse administrative !

Quelles sont les prochaines étapes et enjeux ?

 Si la plateforme fonctionne à merveille, la question se pose autour des appareils connectés à la plateforme. De nombreux lecteurs de glycémie, applications et pompes à insuline différents existent sur le marché. Certains peuvent être reliés à l’application, mais pas tous, et cela prend du temps d’obtenir l’accord des fabricants quant à l’utilisation de leurs appareils avec notre plateforme. Ce détail ralenti l’utilisation de MyDiabby par les patients car cela leur demande plus de temps d’entrer les données manuellement lorsque l’appareil ne se connecte pas automatiquement. 

L’avantage de MyDiabby c’est que nous fonctionnons quand même avec plusieurs appareils et n’obligeons en aucun cas les patients à en utiliser un plutôt qu’un autre.

 Autre enjeu : le remboursement par la sécurité sociale. Nous avons déjà pu obtenir des remboursements, ce qui est une bonne chose. Actuellement, nous lançons une démarche de remboursement sur 3000 patientes en diabète gestationnel. La rémunération de l’acte de télésurveillance est encore aujourd’hui difficile à obtenir. L’idée est de procéder par segmentation (diabète gestationnel, type 1, type 2…) et d’y aller pas à pas afin d’apporter l’outil à un maximum d’équipes médicales et leurs patients.

Souhaitez-vous étendre MyDiabby à d’autres secteurs de la santé ?

Pour l’instant, on reste spécialisés dans le diabète car c’est une pathologie dont le nombre de cas augmente et qui concerne énormément de profils différents. Que ce soit les différents types (1, 2 ou gestationnel), les segments de population que cela touche, ou encore les différentes étapes dans la maladie (le diabète des enfants, la découverte du diabète, le diabète à la grossesse, le passage sous pompe à insuline etc.), il y a énormément d’éléments à prendre en compte et d’aide à apporter.

Et à l’international ?

Nous comptons déjà quelques utilisateurs en Suisse, en Belgique et en Algérie ! Nous souhaitons effectivement nous ouvrir davantage à l’étranger, le tout étant de s’adapter aux différents modes de fonctionnement des pays face à la maladie et sa prise en charge.

Comment voyez-vous l’évolution du secteur de la santé avec l’arrivée des nouvelles technologies et du numérique ?

Le secteur se développe avec les nouvelles technologies. De nos jours, on voit de tout, et notamment des boîtes qui misent sur des logiciels non spécialisés qui font de tout, mais qui bloquent au niveau de la pratique médicale.

MyDiabby se positionne comme un logiciel spécialisé, un outil de travail pour le diabète. Le but, c’est d’être inter-opérable avec tous les traitements, dispositifs et bases de données qu’on peut trouver. Il faut le voir comme un collecteur de données, un outil patient et non un concurrent à certains outils de collecte de données santé plus généraux comme le Dossier Médical Partagé par exemple. Nous sommes un peu comme un maillon de la chaîne entre le patient et son médecin.

La France et l’e-santé : en avance ou en retard ?

Cela dépend des pays auxquels on la compare et à quel niveau, mais globalement, beaucoup d’efforts sont fournis en France dans le développement de la médecine connectée. C’est sûr que nous ne sommes par exemple pas autant avancés que l’Estonie au niveau du Dossier Médical Partagé, mais contrairement à eux, on ne part pas de zéro. La mise en place se fait progressivement.

Par contre, au niveau du remboursement de la télémédecine, on n’est pas si mal. Il y a beaucoup d’efforts au niveau du numérique pour se détacher des processus habituels de remboursement. Il y a désormais une nouvelle tendance à faire des expérimentations en temps réel afin de gagner du temps et de laisser la place aux petites structures grâce à des nouveaux modes de financements plus accessibles (article 51 LFFS 2018).

Qu’en pensent les médecins et autres professionnels de la santé dans le cadre de votre activité ?

Tout le monde a son mot à dire car tous nos utilisateurs sont notre comité scientifique, on prend des retours de tout le monde, praticiens ou patients. Des mises à jour sont effectuées quasiment toutes les semaines sur MyDiabby.

De manière générale, les médecins sont motivés à travailler avec une plateforme de données car ils sont débordés, et donc partants dès qu’on peut leur apporter de l’aide. Il y a cependant des réticentes et notamment à cause des bruits ambiants sur les questions de confidentialité liées au RGPD. Ce qu’on essaie de faire comprendre, c’est que nous ne sommes pas un laboratoire pharmaceutique qui vise uniquement à vendre un produit ou service, mais bien un outil mis en place pour les aider au quotidien. On réalise beaucoup de formations avec eux. Le but est d’avoir une mise en place rapide, simple : ils ont juste à se connecter et on s’occupe de tout !

Et les patients, comment vivent-ils l’intrusion du numérique dans un contexte médical souvent perçu comme intime, parfois loin des considérations digitales ?

Au niveau des patients, ils sont en général très ouverts à cet outil et il y a peu de réticences de ce côté-là. Ils ne se sentent pas “fliqués”, et ont toujours le choix quant à l’utilisation, ou non, de la plateforme. Nous comptons même un certain nombre de personnes âgées qui s’y mettent et en sont satisfaites !

Concernant la question de confidentialité des données et le RGPD, nous ne faisons pas vraiment face à des réticences, mais plutôt des nouveaux questionnements de la part d’utilisateurs qui n’utilisaient pas forcément ce type d’outil avant. 

Pour conclure, en une phrase, la e-santé c’est quoi pour vous ?

 La e-santé c’est une évolution évidente du secteur de la santé aujourd’hui.

Un dernier mot :

Nous sommes très satisfaits du fait que ça marche, et on recrute !

 

Merci à Anastasia Pichereau de nous avoir accordé du temps pour cette interview.

N’hésitez pas à consulter leur site web pour comprendre un peu plus ce qu’ils font !