Pour mon plus grand bonheur, j’ai grandi et effectué toute ma scolarité élémentaire et secondaire en Belgique. Comme certains d’entre vous le savent, le système scolaire français présente quelques différences avec celui de Belgique. Celles-ci peuvent paraître mineures, mais d’après mon opinion elles ont un certain impact sur le niveau des élèves et sur leur rapport à l’extérieur en sortie de ces systèmes.

Le système scolaire : le moule de la population active à venir

Pourquoi cette étude ? On pourrait penser que la France et la Belgique sont tous deux des pays favorisés, avec un système éducatif réfléchi et mûr. Et dans une certaine mesure ce postulat est bien sûr vrai.

Néanmoins, j’ai pu remarquer, ayant suivi mes études élémentaires et secondaires en Belgique et mes études supérieures en France, que les systèmes forment quelque peu différemment. Les écoles ont pour vocation de pousser les jeunes sur le chemin de l’érudition et de la réflexion. En effet, leur but est d’en faire des adultes qui feront des choix intelligents sur l’avenir économique, politique et social du pays. Étant donné son importance, ne devrait pas tout système scolaire chercher à faire mieux, en permanence ?

Une manière connue de s’améliorer est d’analyser ce que font les autres, et si cela nous paraît pertinent, de les imiter ou au moins de nous en inspirer. C’est donc dans l’espoir d’offrir un peu d’inspiration aux deux côtés que je réalise cette comparaison entre les systèmes éducatifs français et belge.

Afin de centrer le périmètre de cette analyse, je tiens à préciser que j’ai choisi de me concentrer sur l’enseignement général secondaire. Par ailleurs, je parlerai exclusivement du sujet de l’évaluation des élèves.

Le nombre d’évaluations au cours de la scolarité dans les deux systèmes scolaires

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai remarqué, adolescente, que mes amis français ne devaient passer d’épreuves récapitulatives portant sur toutes les matières qu’à deux reprises au cours de leur scolarité secondaire : lors du Brevet et lors du Baccalauréat. Le système scolaire belge impose ce genre d’épreuves à deux reprises à chaque année de scolarité (en décembre, portant sur le contenu vu depuis septembre, et en juin, où sont évalués les concepts étudiés depuis janvier).

Ceci oblige à une étude régulière et répétée des concepts vus au cours de l’année, et encourage un meilleur parcours de l’élève au cours de sa scolarité en réduisant ses lacunes. Cela permet également de vérifier à quel point l’étudiant est prêt à passer dans l’année supérieure. Le contrôle continu est certes un indicateur, mais il est probablement plus facile de passer « sous le radar » si l’on est juste évalué en contrôle continu (mémoire à court terme, aide des compagnons de classe pour les devoirs,…)

Au risque de me faire huer par les adolescents français qui liront cet article, ne serait-ce pas un bon concept à implémenter que d’imposer de telles épreuves au moins une fois par an dans les écoles de l’enseignement français ?

étudiante d'un système scolaire

Le contrôle continu et les épreuves de fin d’année : chacun suffit-il séparément ?

Quelques recherches (respectivement « brevet college contrôle continu » et « contrôle continu bac 2022 ») m’ont menée aux coefficients du contrôle continu et des épreuves finales pour les notes du brevet et du bac. Le brevet est donc réussi si la moyenne du contrôle continu et du résultat des épreuves finales est supérieure à 10/20. Pour le bac, le coefficient des épreuves est supérieur à celui du contrôle continu (60% contre 40%), et il faut également avoir 10/20 pour le réussir, comme je suis sûre que la plupart d’entre vous se souviennent.

En Belgique néanmoins, le résultat du contrôle continu et celui des épreuves finales passées sont regardés indépendamment l’un de l’autre, le but étant d’avoir la moyenne dans chacun.

Le système d’évaluation belge est plus strict de ce point de vue-là. Il paraît néanmoins être donc aussi plus « résistant » aux perturbations scolaires. En effet, j’ai parlé à la section précédente du risque couru si les étudiants misent plus sur le contrôle continu que sur les épreuves finales. Il y a également un risque présent si l’adolescent choisit de réserver ses efforts en vue du passage des épreuves nationales. En effet, une fois arrivé à la fin de l’année, il lui sera très compliqué de rattraper toute la matière vue s’il n’a pas justement été « continu » dans ses efforts.

Cette séparation des résultats dans l’évaluation paraît donc être pertinente.

Une note globale, ou une note par matière ?

Le système scolaire français évalue chaque élève en lui attribuant une note où sont regroupées toutes les matières, chacune armée de son coefficient.

La présence de ces coefficients m’a toujours surprise. Si l’élève a moins d’heures de cours dans une matière, il aura moins à travailler pour celle-ci, et une note correcte devrait être plus simple à obtenir. Pourquoi donc rajouter à l’équation un coefficient, qui au mieux ne fera rien (si une matière a un gros coefficient, le besoin de la travailler est évident) et au pire dissuadera l’élève d’y consacrer de l’énergie (en cas de petit coefficient, le temps passé paraît ne pas en valoir la peine, même si la matière pourrait se révéler importante dans le futur) ?

Par ailleurs, pour le baccalauréat en France, chaque matière est évaluée soit au contrôle continu, soit au résultat obtenu lors de l’épreuve finale, et non pas les deux.

Le système belge regarde la note obtenue dans chaque matière, au contrôle continu, à l’épreuve de décembre et à celle de juin, séparément. La moyenne doit être obtenue partout.

Dans ce cas, impossible de négliger complètement une matière en se rattrapant dans une autre, ce qui donne une formation plus complète. Il s’agit donc d’un choix d’évaluation pertinent.

Un diplôme national uniforme

Les deux diplômes de l’enseignement secondaire du système scolaire français (le brevet et le baccalauréat) sont des diplômes uniformes au niveau du pays.

Le système éducatif belge contient de tels diplômes, passés à la fin des équivalents de la 4ème et de la terminale, mais seulement depuis respectivement 2014 et 2011. C’est donc une innovation relativement récente.

Celle-ci paraît pertinente pour les raisons suivantes. Ce type de diplôme donne une cohésion nationale et fournit une méthode de comparaison rapide entre les différents établissements. Le gouvernement peut également s’assurer que les étudiants sont évalués de manière juste et égale.

Évaluer ? Oui, mais comment ?

La culture d’évaluation en France a drastiquement changé au cours des dernières dizaines d’années. En effet, une certaine emphase était mise sur la compétition. Les professeurs classaient régulièrement leurs élèves pour qu’ils sachent où ils se situaient par rapport au reste de la classe. Ce n’est plus le cas ici, ou en tout cas c’est devenu une exception. Cette culture est également très peu présente en Belgique.

La compétition est une méthode d’encouragement connue, et elle a fait ses preuves à maintes reprises pour motiver les troupes. Néanmoins, elle ne fonctionne pas avec tout le monde et les derniers peuvent se retrouver découragés si la situation perdure au cours de l’année. Par ailleurs, la compétition a tendance à inciter les élèves à ne pas s’entraider. Cette technique ne les prépare donc pas au team spirit si souvent demandé aux employés par les entreprises. Un climat plus froid peut également être vécu en classe.

Ce choix de ne pas encourager la compétition entre compagnons de classe, qui a été adopté en France, paraît donc pertinent. En effet, il s’agit d’une option intéressante sur le long terme et également plus sûre pour éviter des abandons scolaires inutiles.

Comparaison des systèmes au niveau mondial

En conclusion, la Belgique paraît avoir développé des concepts scolaires intéressants. Quelques recherches (« classement système éducatif monde ») montrent qu’elle n’est néanmoins pas le premier système scolaire mondial, d’après le classement PISA de 2019 (la Belgique s’y situant un poil avant la France). Il serait donc intéressant de se pencher sur les cas de la Chine, de Singapour, de l’Estonie et du Canada pour identifier ce qui les rend plus efficaces et pouvoir innover sur le système scolaire français.

Encore un peu de lecture si vous voulez en savoir plus sur les initiatives éducatives dans les écoles !