Vous avez déjà eu l’occasion de lire cette année un de nos articles sur la démocratisation de l’e-sport.

Assez loin des sujets que nous traitons habituellement, ce début de mois d’octobre est l’occasion pour moi de vous présenter un événement que je trouve formidable et qui fait écho avec une révolution culturelle mondiale portée par le digital.

J’aimerais revenir sur ces événements qui ont tendance à se développer avec le temps, et le moment me semble particulièrement propice avec la clôture du Z Event, événement caritatif français regroupant plus de 50 streamers francophones.

Mais commençons d’abord par quelques basiques.

Un streamer, qu’est-ce que c’est ?

Un streamer est une personne qui diffuse un contenu en ligne, par exemple un jeu vidéo, sur une plateforme de son choix, et qui le capte à l’aide d’un ordinateur et d’un logiciel.

Il existe plusieurs plateformes de diffusion dont les plus connues sont Twitch, appartenant à Amazon, et YouTube, appartenant à Google. Preuve de l’essor du secteur, Microsoft s’est également lancé dans la course au streaming cette année en proposant sa propre plateforme : Mixer.

Twitch reste aujourd’hui la plateforme privilégiée des joueurs du monde entier qui y diffusent leurs « lives », quand YouTube sert principalement de bibliothèque des « best moments ». Sur ces plateformes, le streamer peut donc jouer, montrer le jeu aux autres et se montrer lui-même dans le but de construire et animer une « communauté » qui suivra ses événements et avec qui il pourra socialiser.

Pour être streamer de jeux vidéo, quelques éléments suffisent. Une console et/ou un ordinateur, les programmes de base permettant l’enregistrement et la diffusion des vidéos, des jeux vidéo à montrer à la communauté, et bien évidemment, du temps pour être en capacité à réaliser les contenus.

Ces streamers sont rémunérés sur les contenus qu’ils proposent et en fonction l’audience dont ils disposent sur les différentes plateformes.

Prenons l’exemple de Twitch où le streamer disposent de 3 canaux de rémunérations principaux :

  • La publicité : des publicités sont diffusées avant, pendant et après la diffusion du contenu proposé par le streamer, ce dernier touchant une légère commission pour chaque publicité visionnée par sa communauté.
  • L’abonnement : les utilisateurs peuvent décider de s’abonner à une chaîne pour un montant déterminé et ainsi bénéficier d’avantages sur la plateforme tel que des nouveaux outils de communications ou l’arrêt total de la publicité.
  • Le don : les streamers peuvent se voir verser des dons lors de leur diffusion, qui peuvent être en argent réel (€, $) ou en monnaie virtuelle (des bits sur Twitch).

C’est ce dernier canal de rémunération que je trouve fort intéressant, canal qui a été la source de revenus représentant des millions d’euros pour la bonne cause lors du Z Event.

Le Z Event, le Téléthon du jeu vidéo

Le Z Event est un projet caritatif créé par Adrien « ZeratoR » Nougaret et Alexandre « Dach » Dachary. Le but est de rassembler plusieurs animateurs spécialisés dans le streaming de jeu vidéo sur internet pour un marathon de plus de 50 heures, afin de diffuser du contenu en direct tous ensemble et d’encourager les spectateurs à se mobiliser pour soutenir une association caritative.

La première édition de l’événement s’est déroulée sous l’égide du collectif Avengers du 4 au 6 Mars 2016 et a permis de lever plus de 170 000 € pour l’ONG Save The Children.

La seconde édition a eu lieu du 8 au 11 septembre 2017. Presque 60 heures de live consécutives ont permis de récolter plus de 500 000 € pour soutenir la Croix Rouge et les sinistrés de l’ouragan Irma.

La troisième édition a vu se rassembler 40 streamers du 9 au 11 Novembre 2018 afin d’aider à réunir 1 094 731,34 € pour Médecins Sans Frontières.

Pour sa quatrième édition, l’événement caritatif se déroulant du 20 au 23 septembre 2019 au profit de l’Institut Pasteur a fait exploser tous les records et est devenu le stream caritatif ayant rapporté le plus d’argent de toute l’histoire ! Un record mondial avec 3 509 878 € récoltés en l’espace d’un week-end, devant la très suivi GuardianCon 2019 et ses 3 400 000 € récoltés, événement caritatif rassemblant les gamers américains organisé par le streamer Lupo.

Un succès qui fait le bonheur de ZeratoR qui confiait au micro de Konbini ses objectifs :

« Des objectifs ? J’ai pour habitude de dire que dès qu’on fait 1€ c’est gagné puisque c’est de l’argent qui n’existerait pas si on n’avait pas fait l’événement. Mais je sais que la communauté, elle, elle est toujours dans le ‘encore plus, encore plus’. L’an dernier on a fait 1 100 000 euros, c’est une énorme somme, et il faudrait refaire la même chose. »

Cette performance inédite a même été saluée par le président de la république française sur Twitter.

 

Le gaming se veut aujourd’hui rassembleur

Bien loin de l’époque des années 1990-2000 où les joueurs de jeu vidéo étaient considérés comme des geeks boutonneux ne sortant jamais de leur chambre et privés de toute interaction sociale (vous l’aurez compris je force volontairement le trait), le gaming se veut aujourd’hui être une activité qui rassemble et capable d’attirer des milliers de spectateurs autour de ses événements.

C’est bien évidemment le cas avec le Z Event, mais l’été 2019 nous a montré que les événement autour du gaming, notamment compétitifs, devenaient de plus en plus sérieux comme l’a démontré Epic Games, l’éditeur du désormais célèbre Fortnite, qui a organisé sa coupe du monde avec plus de 100 millions de dollars de prizepool et 2,5 millions de spectateurs.

Je pense que l’univers du gaming n’en est qu’à ses balbutiements et que l’avenir nous réserve énormément de surprises sur un secteur qui tend à se développer à la vitesse grand V, comme peuvent l’attester les chiffres présentés par BPI France avec un marché évalué à 120 milliards de dollars et sa croissance soutenue à 2 chiffres.