Pression démographique, exigence de sobriété énergétique, nous allons devoir limiter nos déplacements pour assurer notre survie. Le développement de la mobilité virtuelle est inéluctable. Le Métavers est une réponse à cette nécessité. Monde virtuel développé sur la base de l’IA et de la VR, où les utilisateurs peuvent interagir par le biais d’avatars, il fait parfois peur.

Municipalité 3.0 – Janvier 2023, la ville de Séoul ouvre son métavers à ses citoyens, après un bêta-test.

Les résidents de la capitale sud-coréenne pourront y visiter certaines attractions ou réaliser des démarches administratives. Séoul devient la première grande ville du monde à entrer dans le métavers.

En quoi consiste le projet coréen ?

Il s’agit d’un écosystème de communication virtuel regroupant tous les domaines dans lesquels intervient l’administration municipale. Les citoyens pourront utiliser cet univers virtuel pour déposer certaines plaintes, ou pour obtenir des réponses aux questions liées aux déclarations des impôts. 

De plus, les principales attractions touristiques de la capitale comme la place Gwanghwamun, le palais Deoksugung et le marché de Namdaemun seront présentées dans la « zone touristique virtuelle ». À partir de 2024, les principaux festivals de Séoul tels que celui des Lanternes se dérouleront également dans le métavers de manière à ce que tous les habitants du monde puissent en profiter.

Une réponse au vieillissement de la population de Séoul

La première phase de ce métavers aurait coûté environ 2 milliards de wons, soit 1,6 million de dollars, au gouvernement de la capitale sud-coréenne. La phase suivante vise à rendre cet univers virtuel plus accessible aux personnes âgées. Car le métavers se positionne aussi comme une solution qui s’offre aux personnes ayant des difficultés de mobilité, pour se rendre dans les bureaux de la ville. Selon les données de Statista, 17 % de la population sud-coréenne est âgée de plus de 64 ans en 2021.

La banque d’investissement Citi estime que le marché du métavers représente un potentiel de 8 000 milliards de dollars d’ici 2030. 

Ces perspectives permettent aux startups du secteur de lever des capitaux conséquents : 6 à 8 milliards de dollars au premier semestre 2022, selon McKinsey. Comment l’expliquer ?

Tout d’abord, les métropoles deviennent tentaculaires et les déplacements de plus en plus longs. Pourquoi perdre 3 heures dans des transports en commun pour refaire une carte d’identité alors que l’avatar d’un fonctionnaire municipal peut vous accueillir dans un espace virtuel ? De même, pourquoi se déplacer dans un commerce pour faire ses courses alors que vous pourrez parcourir des rayons virtuels, remplir virtuellement vous-même votre caddy, payer en bitcoin et vous faire livrer vos achats ?

Ensuite, la planète compte de plus en plus d’individus disposant du niveau de vie suffisant pour voyager. Ainsi, sur ces 5 dernières années, le nombre de millionnaires a augmenté de 60% en Chine. Et que veulent ces personnes qui accèdent à la prospérité ? Aller à Venise, voir le Machu Picchu ou les calanques de la Côte d’Azur. Bref, aller où tout le monde veut aller. Mais les sites d’exception de notre Terre ont une capacité limitée, et l’on observe déjà des quotas mis en place pour l’accès à certains d’entre eux. Le métavers permet déjà d’alléger l’impact humain en réalisant, de chez soi, des visites virtuelles de qualité garantissant une expérience proche de la réalité. La grotte de Lascaux IV, réplique de l’originale, accueille bien 500 000 visiteurs par an…

Métavers

Enfin, le développement du télé-travail post COVID et la nécessité de diminuer notre empreinte carbone va multiplier les échanges dans le métavers. Une formation en lean management pour un collectif managérial réparti sur plusieurs continents ? Métavers. Une revue de performance trimestrielle avec son CODIR autour d’une obeya virtuelle ? Métavers. Une session de recrutement avec des mises en situation ? Métavers. Etc…

Un Métavers plus sobre, c’est possible !

Et le métavers n’oblige pas à empiler toutes les technologies les plus polluantes. Rien n’impose le recours systématique à un casque de VR, à du temps réel ou à une qualité vidéo toujours supérieure, synonymes de plus de consommation et d’impact environnemental. La diminution voire la disparition de certaines énergies nous incitera de plus en plus à utiliser les ressources énergétiques au plus près de la création de valeur économique et sociale. Nous supprimerons les nombreux déplacements qui ne contribuent pas à cette création. Un métavers sobre et conscient de sa propre empreinte carbone peut contribuer à la réalisation de cette ambition de sobriété.

Métavers

 

Pour conclure (temporairement..)

L’être humain aimant être multiple, nul doute qu’il appréciera d’avoir un avatar dédié à chaque motif de déplacement dans le métavers (shopping, recrutement, démarches administratives, sorties entre amis…). Les grandes marques l’ont compris et proposent déjà vêtements et accessoires virtuels. Gucci vend par exemple certains de ses articles plus cher dans le monde virtuel que dans le monde réel.

Le métavers va obliger les entreprises à repenser leur business model et leur rôle au sein de cette nouvelle dimension. De nouveaux leviers d’amélioration de l’expérience clients devront être imaginés : adapter son avatar commercial en temps réel aux personas rencontrés, permettre aux clients potentiels de tester une voiture virtuellement, favoriser les échanges virtuels d’expérience consommateurs…Les fondamentaux de l’excellence opérationnelle resteront identiques, mais il faudra demain maîtriser briefs et tours terrain dans le monde réel et dans le monde virtuel !