Il y a quelques temps, une amie en pleine réflexion sur son avenir professionnel m’entraine dans sa démarche en me demandant de l’accompagner à une conférence… L’intitulé : « Pitch your switch ». Le concept : des témoignages d’une petite dizaine de personnes ayant réalisé un tournant radical  (un « switch ») dans leur vie professionnelle. Simple et efficace, sans chichis, des témoignages livrés bruts, ce qui donnait une impression d’exutoire collectif, permettait une libération de la parole, faisait tomber barrières et tabous…

Mon amie a trouvé sa voie et moi j’ai découvert Switch Collective, la startup à l’origine de cette session-conférence. Depuis, j’assiste plus ou moins régulièrement, à leurs évènements. Aujourd’hui je partage avec vous ce que j’ai retenu de la « Master class  Stress & burnout : comment les surmonter ? » à laquelle j’ai assisté lundi dernier.

 

Switch collective, le collectif qui redonne du sens au travail

Avant toute chose, je dois vous présenter Switch collective. Comme toute aventure entrepreneuriale, cela commence par une rencontre : Clara & Béatrice, les co-fondatrices. Et ensuite, le constat partagé d’un malaise, d’un problème (sans solution), d’un irritant qui gratte un peu trop… bref, un truc qui dérange et qu’elles décident de prendre à bras le corps. Et quel « truc » ! Les deux femmes ont perçu le malaise grandissant, la difficulté dans notre société actuelle à se réaliser pleinement et dans le temps dans son travail (« 91% des salariés français ne se sentent pas engagés dans leurs jobs »), de s’y épanouir, d’y trouver un sens et dans le cas contraire être prêt et préparé à enclencher le changement.

Elles ont donc décidé de créer Switch collective pour répondre à cet enjeu : à plusieurs on est plus fort, l’intelligence collective étant source de valeur. Ainsi, Switch collective rassemble, produit, partage et diffuse des idées, conseils, retours d’expériences personnels, solutions pour aider à prendre le bon virage, au bon moment. Cela passe notamment par l’organisation de nombreux évènements, conférences, des formations et un programme de réflexion autour de soi et de son travail (Fais le bilan calmement).

 

Stress & burnout, l’avis de l’expert

Le pitch de la Master class du 5 novembre : Clémence Peix-Lavallée, de formation scientifique, a étudié le stress et le lien avec les troubles du sommeil, en s’appuyant sur les neurosciences, la sophrologie et les techniques orientales de méditation. Elle est l’auteur de « Trouver ses forces intérieures » (2ème ouvrage faisant suite à son 1er livre « Bien dormir sans médicaments ») et nous parle de stress et burnout sous l’angle de la science (oui, oui, cela est scientifique et physiologique !), nous donne des clés pour identifier ces maux, les reconnaître et s’en débarrasser (pour d’avantage d’informations sur Clémence Peix-Lavallée, ses études et sa démarche, n’hésitez pas à jeter un œil à son site https://bienrelax.com/).

 

Mais en fait, le burnout qu’est-ce que c’est ?

On en parle beaucoup, dans les médias, dans les dîners, le concept de burnout a le vent en poupe… mais peu de gens savent vraiment ce qu’il signifie et l’utilise à tout va, on le confond (trop ?) souvent avec la dépression. Bref, un éclairage s’impose.

Clémence nous résume cela en 3 mots, 3 dimensions :

L’individu sujet au burnout éprouve donc un rejet total du monde (professionnel et personnel) dans lequel il évolue, ce que Clémence appelle « la dépersonnalisation dans la réalisation aux autres et à soi ». Ainsi, il ne trouve plus de stabilité, de solution d’adaptabilité jusqu’à ressentir une « dissolution du moi », ce qui est vécu comme une « petite mort ». Bref, le monde s’écroule et il faut le reconstruire. Les personnes ayant vécu un burnout entre donc dans une phase de reconstruction, de restauration du  « moi ».

 

Ça n’arrive qu’aux autres de toute façon…

On a tendance à croire que les burnouts sont réservés aux traders des grandes banques, aux consultants des Big Fours, aux directeurs ou managers de grandes multinationales vivant, mangeant, dormant et pensant boulot H24… Eh bien, c’est faux ! Cela touche tout le monde, sans distinction de classe socioprofessionnelle, d’âge, de sexe, de séniorité, de structure d’entreprise… Les témoignages sont là pour le prouver : une assistante de direction, une freelance, un conseiller en cabinet ministériel, un chef de projet en développement durable, une infirmière…

Il y a tout de même des caractéristiques communes qui ressortent, ce sont des personnes engagées, très résistantes au stress, performantes au travail, compétitrices, intelligentes… En miroir aux trois dimensions évoquées précédemment on identifie donc trois aspects de la personnalité des personnes sujettes au burnout :

Nos qualités deviennent nos faiblesses, la capacité de projection, la ténacité, la persévérance créent notre propre autodestruction. Certes toutes les situations de burnout ont des aspects communs mais chaque cas est différent. Le burnout est multifactoriel : on parle de stabilité psychologique, sociale et psychique. La perte d’un ou plusieurs repères crée l’instabilité chez l’individu et donc le terreau au burnout. Il est donc réducteur de ramener le burnout qu’à la sphère professionnelle car cela touche à notre hygiène de vie, notre inconscient…

 

Comment se reconstruire après un burnout ?

C’est à ce moment-là que la sophrologue nous parle : « Il faut d’abord reconstruire le corps, puis le centrage des émotions et finalement le cerveau afin de retrouver une activité neuronale normale (ce qu’on appelle les ondes alpha) ».

1ère étape : parler au trio corps-émotion-cerveau

Quelques témoignages de l’assemblée ayant engagé cette phase : « j’ai commencé à arrêter de culpabiliser quand je n’y arrive pas », « je ne savais pas quoi faire quand je ne travaillais pas », « je n’arrive pas à déconnecter ce cerveau »…

Clémence prône donc l’importance de « suspendre le temps, d’intégrer des temps de pause : cela nous rappelle qu’on est vivant » (c’est là que nos ondes alpha sont mises à contribution !). C’est d’ailleurs le principe de base des techniques de méditation, sophrologie, MDR (technique oculaire) et autres, qui reconnectent à son « moi dissout »… Si nous restons en suractivité mentale (les ondes bêta), nous faisons appel qu’à un seul de nos deux hémisphères car nous compensons la surconsommation d’énergie en réduisant la zone géographique cérébrale… bref c’est comme si on marchait à cloche-pied, pas très pratique pour garder son équilibre !

Conseil N° 1 : autorisez-vous à dormir et rêvasser

Conseil N°2 : mangez et dormez à heures fixes

2ème étape : lâcher prise

Dans notre monde occidental (« horizontal »), lâcher prise est perçu comme un abandon, un aveu d’échec… Dans le monde oriental, a contrario, cela est vu de manière « verticale », une opportunité de s’élever, de prendre de la hauteur sur la situation pour trouver les solutions adaptées.

La lâcher-prise c’est la capacité à l’instant présent à identifier si ce que je veux est en mon pouvoir ou ne dépend pas que de moi afin de ne me focaliser que sur ce que je peux réaliser et canaliser mon énergie sur mes forces. Il faut accepter que le résultat ne dépende pas que de soi. Surmonter le burnout c’est donc accepter que tout ne dépendrait pas de notre « moi ».

Les méthodes de sophrologie permettent de développer un nouveau regard sur les situations que nous vivons, envisager de nouveaux possibles et construire un nouveau mode de fonctionnement.

Conseil N°3 : faites des pauses et posez-vous la question « suis-je indispensable à la réalisation de cet objectif ? »

3ème étape : parler au duo valeur-croyance

« Vous devez trouver vos valeurs et déconstruire vos croyances ». Les valeurs construisent notre personnalité, notre chemin de vie ; elles sont donc indissociables de notre être et nous rendent congruent entre ce qu’on dit, ce qu’on fait et ce qu’on est.  Quand ces trois aspects ne sont plus alignés, il faut se poser. Pour surmonter un burnout, il est nécessaire de se défaire de la croyance que l’on peut s’en sortir seul, qu’on a besoin de personne et qu’on ne peut pas compter sur les autres ; au contraire ! Et surtout, arrêtons de se faire de souci en permanence, soyons insouciant.

Conseil N°4 : prenez le temps de vous créer une bulle d’insouciance (bref, « foutez-vous la paix« )

Le cerveau est programmé pour refaire les mêmes choses selon le même fonctionnement ; mais aux mêmes causes, mêmes effets ! Il est primordial de changer sa façon de faire, de se réadapter, d’être capable de fonctionner autrement. Pour arriver à cet état de conscience, il existe des méthodes bouddhistes par exemple comme celle du Kōan.  Il s’agit d’une question ou anecdote absurde, n’ayant pas de solution rationnelle et permettant de développer un état de discernement (ex. « que fait le bruit d’une seule main qui applaudit ? » ou bien « si j’éteins la lumière, ou va-t-elle ? »).

Conseil N°5 : déconnectez votre cerveau !

Et concrètement, que peuvent faire les entreprises contre le stress et le burnout ?

Clémence travaille de plus en plus directement auprès des entreprises pour les sensibiliser sur les impacts du burnout ; elle a déjà notamment coaché plus de 2000 dirigeants pour les aider à accompagner leurs équipes. Le sujet n’est plus tabou ni nié et commence à être considéré dans les entreprises qui ont bien compris l’intérêt d’avoir des employés en bonne santé (via des démarches  RH, qualité de vie au travail…). D’un point de vue purement rationnel et économique, le cout d’un employé qui va bien est bien plus faible que celui d’un employé qui va mal et peut faire un burnout. C’est donc un investissement économique. Ensuite, d’un point de vue managérial et opérationnel, la stabilité émotionnelle des équipes est un atout à maintenir et faire valoir pour garder le cap dans les situations de difficultés que peuvent traverser les équipes. Enfin d’un point de vue RH et recrutement, les jeunes sont de plus en plus sensibles à la qualité de vie qu’ils auront dans leur futures entreprises : « les jeunes classent aussi les entreprises selon leur niveau de « toxicité », ils ne veulent pas entrer dans un  système qui va les broyer » nous livre Clémence.

Chez ISlean, nous prônons – chez nous et chez nos clients – des valeurs qui nous semblent essentielles pour maintenir l’équilibre adéquat chez nos consultants et dans les équipes de nos clients en faisant des entreprises libérées, apprenantes et connectées. Nous mettons un point d’honneur à développer notre cabinet de manière libérée afin d’assurer à tous nos collaborateurs un espace de parole au sein du cabinet, un prise de responsabilité au niveau de l’autonomie donnée, une hiérarchie souple permettant une liberté dans l’échange à tous les niveaux, un management adapté à l’individualité de chacun et la diversité du collectif…

 

Pour en savoir plus, quelques articles sur nos expérimentations de libération :