Manager, diriger, leader, commander, superviser, ordonner… Vous les avez reconnus ces mots qui s’entremêlent dans notre esprit et qui au fond n’ont pas vraiment un sens précis. Utilisés à tort et à travers par à peu près tout le monde, j’aimerais y voir plus clair, pas vous ? Commençons par définir certains d’entre eux :
1- Manager : Faire du management (= ensemble des techniques de direction, d’organisation et de gestion de l’entreprise).
2- Commander : Assurer la direction et la responsabilité d’une action menée par un groupe.
3 – Diriger : Être à la tête d’un groupe, le commander, assumer la bonne marche d’une action collective, en déterminer l’exécution.
Déjà dans la définition de Larousse, quelques éléments différencient nos différentes notions. Manager revient à maîtriser des techniques propres à l’entreprise ; commander c’est engager sa responsabilité et diriger est tendu vers l’objectif.
Ainsi pour disséquer les différences entre toutes ces notions, intéressons-nous à la question suivante : Par quelle manière peut-on embarquer un collectif dans l’atteinte d’un objectif ?
Différents collectifs, différents objectifs
Dans l’objectif de rester général, nous garderons une notion large du mot collectif. Notre collectif peut donc être :
- Une entreprise (public ; PME ; ETI ; Cac 40…)
- Une organisation syndicale, associative, ou ONG
- L’armée
- Une colonie de vacances….
Tout de suite, il devient évident que ces différents “collectifs” vont avoir des modes de fonctionnement et des objectifs différents.
Des attentes différentes en fonction du contexte
Cette différence va se remarquer aussi par les attentes des membres qui constituent les organisations. En effet, le militaire n’attendra pas la même chose de son chef et du responsable de l’association des parents d’élèves de l’école de son fils. Le délégué syndical n’aura pas les mêmes attentes du dirigeant de son entreprise et de l’entraîneur de son club de foot. La même personne dans un cadre hiérarchique différent va donc avoir des attentes différentes du dirigeant dont il dépend.
« Parce que chez nous, c’est comme ça »
Le risque évident est de se conformer au cadre connu. Le fameux “parce que chez nous ca se passe comme ça” est un bon prétexte pour rester dans le confort de ses acquis. Le responsable d’une colonie de vacances attendra des autres animateurs qu’ils aient les mêmes pratiques que lui, parce qu’il considère que c’est ce qu’il y a de mieux pour les enfants. Le militaire, qu’il dirige ses subordonnés de la même manière que son chef. En résumé, en fonction des organisations, il y a des doctrines que le collectif préconise de suivre car c’est la manière sûre d’atteindre l’objectif commun.
Les situations empêchent une manière de faire unique
La majorité des situations
De manière très logique, la doctrine de l’organisation s’appuie sur la majorité des situations qu’elle rencontre.
- Si le militaire doit obéir aux ordres, c’est pour que l’action soit efficace.
- Si l’animateur de colonie doit appliquer la philosophie éducative donnée par le directeur, c’est pour le bien-être des enfants.
- Si le manager doit appliquer des techniques de management des entreprises libérées c’est parce qu’elles font partie de l’identité RH de son entreprise.
Amène la spécialisation
Les organisations ont donc les modes de fonctionnement qui sont efficaces pour traiter la grande majorité des situations qu’elles rencontrent
- En entreprise, les exemples d’outils pour faciliter la planification, la supervision et la gestion des équipes sont nombreux : la méthode des 5 10 15 30 (Rémi Juët) ; metaplan ; acronymes en tout genre pour décrire une méthode de résolution d’un problème …
- La rédaction tous les jours d’une feuille de service dans l’armée qui détaille heure par heure le déroulé de la journée pour toutes les personnes concernées par les activités.
- La conversation whatsapp du club de foot pour partager les informations
Mais aussi l’automatisme
L’utilisation généralisée de ces outils dans l’organisation amène du confort et leur application devient reptilienne. Si on n’imagine pas la rédaction tous les jours d’une feuille de service en entreprise détaillant heure par heure la tâche de chacun ; ou le commandement par whatsapp sur le front, il peut y avoir une perméabilité.
Une conversation whatsapp pour les échanges d’informations informelles entre les membres d’une unité amène de l’agilité. Une direction ferme de l’entreprise quand celle-ci est en difficulté permet d’avoir une vision commune.
Il faut donc savoir apprécier la situation
Car un outil s’applique dans un type de situation
L’application d’une posture ou d’un outil A trouve sa place dans la situation A. Et si l’organisation est habituée à être confrontée à des situations A, elle peut être amenée à rencontrer des situations B.
Et les membres de l’organisation n’excusent pas le changement de situation
Dans une situation nouvelle, les membres d’une organisation vont avoir besoin d’un changement de pilotage. L’application reptilienne des habitudes est dangereuse. En plus du risque d’échec à surmonter la situation, il existe un risque que le collectif doute de l’efficacité des outils qui fonctionnent dans 99% des cas. Finalement la capacité du dirigeant est celle de savoir apprécier la situation, et d’appliquer l’outil qui convient.
Il faut donc développer SES savoir-faire quand il s’agit de management; commandement; direction etc…
LE savoir-faire managérial n’existe donc pas. On peut maîtriser sur le bout des doigts la direction d’un collectif dans un cadre précis et pourtant causer sa perte dans une situation nouvelle. Si les leaders charismatiques suscitent autant de passions opposées dans le temps, c’est sûrement qu’ils excellent aussi bien à amener au succès dans un contexte qu’à la perte dans un autre.
Résumons notre propos en une équation simple : emmener un collectif = apprécier la situation + appliquer la posture et les outils qui s’y prêtent.
Selon Chirac, « un chef c’est fait pour cheffer. Mais cheffer » qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? A mon avis il n’y a pas de réponse toute faite possible, il y a des situations et des manières de faire adaptées.
Ici, un article que nous avions écrit il y a quelques temps sur la direction de projet.
Cryptique la citation de J. Chirac ! J’ai moins de mal à comprendre « les emmerdes, ça vole en escadrille ».