Les entreprises ne parlent que très rarement de la souffrance au travail. Au contraire le bien être au travail est un thème à la mode depuis plusieurs années. Véritable argument marketing pour certaines entreprises, ces dernières n’hésitent pas à acheter des babyfoots, à re-décorer leurs open-spaces ou à engager un Happiness Manager pour contenter leurs équipes. Cependant, limiter la motivation et le bien être à l’environnement de travail reste tout de même très réducteur. De nombreux collaborateurs ressentent des souffrances au travail.
Les thématiques de la souffrance au travail, comment les identifier ?
Le travail est perçu/ressenti de manière différente selon chaque individu. Pour chaque travailleur, le réveil est plus ou moins douloureux :
- Certains se réveilleront avec la pêche
- Certains en mode zombie par fatigue physique ou mentale
- Certains explosés par l’apéro de la veille
- D’autres avec une boule au ventre synonyme de souffrance personnelle ou professionnelle…
Comme vous l’aurez deviné, acheter un babyfoot ne réduira pas cette souffrance.
Comment connaître la cause de la souffrance au travail ? Comment les instances managériales peuvent comprendre l’origine de ce sujet qui a un fort impact sur les entreprises ?
Suite à une mission, nous avons illustré et pondéré les thématiques qui peuvent provoquer cette souffrance individuelle au travail en créant un canevas appelé « Canevas du bien être et de la motivation au travail ». Ce canevas est une version de travail, n’hésitez pas à donner votre avis en commentaire de cet article pour nous aider à l’améliorer.
« Canevas du bien être et de la motivation au travail »
Dans un premier temps, nous avons considéré deux parties de l’espace :
- « L’entreprise » que nous détaillerons par la suite
- « Les pressions extérieures » qui représentent à la fois l’impact de la concurrence, de la société, de la réglementation sur un travailleur mais aussi les pressions personnelles (contraintes familiales, contraintes par rapport au logement…)
Dans un deuxième temps, nous avons creusé l’espace de l’« Entreprise » en créant une segmentation entre : les facteurs créés par le Corps social et ceux créés par l’Institution
Nous avons ensuite divisé la partie « institution » en deux :
- « Le Management » qui représente tous les sujets en rapport avec l’organisation de l’entreprise, la hiérarchie, les relations de travail, la communication avec sa hiérarchie, les entretiens GRH annuels, la gestion des situations critiques, les Processus, les méthodes, les outils, la gestion des priorités …
- « La charge de travail »
Nous avons également divisé la partie « corps social » en deux :
- « L’aide » : est-ce que le travailleur reçoit de l’aide quand il le demande ? Est-ce qu’on lui en propose de manière spontané.
- « L’autonomie » qui correspond à la liberté, la prise d’initiative accordée à un travailleur
Nous avons ensuite travaillé sur des thématiques transverses et nous les avons positionnées plus ou moins loin du centre de notre canevas selon leur importance.
Au centre du canevas, nous trouvons deux thématiques :
- Le « sens du travail » qui représente l’utilité, la fierté ou à la particularité du travail. Il y existe deux types de sens : le sens personnel et le sens professionnel (en effet nous pouvons avoir un métier qui a du sens pour la société mais qui n’a aucun sens pour l’individu qui le réalise et inversement)
- La « rémunération ». Eh oui l’argent ne fait pas le bonheur mais a un fort impact sur notre vie, la vie de nos familles et sur nos conforts, surtout en bas de la pyramide de Maslow
Enfin à l’extrémité du canevas, nous trouvons :
- Le « Climat » qui regroupe l’Environnement de travail (Locaux, géographie, matériel…), les relations entre collaborateurs, la Circulation de l’information, l’ambiance de travail
- La « Culture » qui, au-delà des procédures, représente ce que l’entreprise valorise ou méprise et donne des méta-orientations aux individus
- Les « Orientations stratégiques » qui représentent les changements venus de la direction qui modifient les pratiques mises en oeuvre dans une organisation
Toutes les thématiques de ce canevas peuvent se retrouver en interactions.
Si chaque thématique est maîtrisée, alors les personnes ont toutes les raisons pour être motivées et bien dans son travail.
Si l’équilibre est rompu, alors les personnes DONC l’entreprise sont impactées. L’entreprise devra donc identifier les thématiques ayant provoqué ce déséquilibre pour espérer pouvoir rétablir un équilibre.
Si vous souhaitez mener un audit organisationnel pour comprendre les thématiques de la souffrance au travail dans votre entreprise, je vous invite à cliquer vers cette page : https://islean-consulting.fr/fr/audit-organisationnel/
Bonjour, votre canevas est bien intéressant et vos explications bien claires. Bravo et merci ! Où placer alors l’élément travail en lui-même, soit le « faire » ? Des chercheurs comme Clot et Dejour tiennent comme position que la santé au travail passe par reconnecter le « bien faire » au « bien être ». Il s’agirait plus de prendre soin du travail que de l’individu : la santé au travail passerait par le plaisir, celui-ci ne devant pas se trouver seulement une fois le travail accompli, mais aussi durant l’activité même. Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Martial, merci pour votre retour. Je pense que si on n’aime pas ce qu’on fait, il faut faire autre chose, ou autrement. Chercher. Facile à dire. Mais vital, sinon on ne peut pas en sortir. C’est pour ce genre de raisons que j’ai changé plusieurs fois d’employeur jusqu’à devenir mon propre employeur. Avec à chaque fois un peu d’angoisse à chaque changement au début, puis une incomparable satisfaction ensuite. Je pense que le plus compliqué est d’oser, et de se mettre en situation de perte acceptable à chaque changement.
Bonjour, merci pour votre commentaire et votre intérêt ! Notre objectif est de partager des outils simples, utilisables et compréhensibles par tous les membres d’une organisation et c’est donc très gratifiant de recevoir des messages comme le votre.
Vos questions sont très intéressantes ! Effectivement le « travail » (ou le « faire ») ou encore le « plaisir » sont des éléments importants du bien-être au travail et nous partageons les avis de Clot et Dejour. Néanmoins nous trouvons que l’évaluation / la visualisation du « travail » et du « plaisir » par les organisations sont extrêmement complexes/variantes et ne peuvent être plaçables par exemple sur la version de travail de notre canevas d’identification des causes d’une souffrance.
En effet, de notre point de vue, le « travail » ou le « plaisir » sont omniprésents sur notre canevas, sur chaque thématique/cause possible de souffrance. Cependant, je pense que que ces deux éléments seraient davantage observables dans une étude des conséquences (et non des causes) de la souffrance.
Nous réfléchissons à un outil de visualisation des conséquences de cette souffrance qui permettrait d’identifier les variations de bien-être d’un individu au travail dans le temps et prenant en compte le travail et le plaisir.
A ce stade de notre réflexion, cet outil de visualisation serait une équation simple avec plusieurs variables pondérées à recueillir quotidiennement dont :
-la qualité du travail,
-l’intérêt pour le travail,
-l’ambition personnelle ou collective dans mon travail
-le plaisir au travail,
-la motivation de la journée
-…
Chaque jour, chaque valeur de variable serait identifiée grâce à une question fermée notée entre 0 et 10.
Bien évidemment un tel outil n’a pas pour but de noter les membres d’une organisation mais seulement d’observer les variations de l’équation dans le temps. Une variation serait donc un indicateur temporel pour traiter une cause de souffrance le plus rapidement possible à l’aide de notre premier canevas.
Que pensez-vous de notre point de vue ?