En commentaire à notre article d’introduction au monde des Fablabs (que vous retrouverez ici), un lecteur avait demandé plus d’informations sur les Fablabs « MIT ». Nous nous attacherons ici à présenter ce que nous avons pu percevoir de leurs points communs et de leurs différences.
Qu’est ce qu’un Fablab au sens du MIT ?
Des valeurs d’ouverture, de collaboration et de transparence
Ce qui rassemble en premier lieu les Fablabs « MIT », c’est la « Charte des Fablabs », que les Fablabs managers cherchent à respecter, partiellement ou totalement. Et s’il est bien un critère principal sur lequel tous sont d’accord, c’est l’ouverture au grand public.
La logique de réseau est très présente au sein des Fablabs, animés par des valeurs fortes d’entraide et de collaboration. Les membres, d’horizons divers, apportent chacun leurs savoir-faire à la communauté, au sein de leur Fablabs mais aussi entre Fablabs.
Les Fablabs respectent un principe d’open source (en synthèse, la méthode de fabrication de l’objet est accessible à tous mais le créateur conserve un droit de propriété) qui permet à toute la communauté de bénéficier des travaux de chacun sans entraver les possibilités de commercialisation des créations par leurs auteurs.
On retrouve dans ces Fablabs tous types de publics et de projets
Ce socle de valeurs communes est partagé par des membres d’horizons divers. « Les Fablabs gomment les discriminations, sont inter-générationnels sans le dire, multi-formations sans le dire » nous expliquait l’un de nos interlocuteurs, chargé de mission auprès d’un conseil régional et serial-créateur de Fablabs.
Les publics mêlent artisans, anciens de bureaux d’études, artistes, entrepreneurs, chômeurs, passionnés de bricolage, étudiants ingénieurs…
De cette diversité humaine découle une diversité de projets. Les projets peuvent être personnels mais parfois collectifs, choisis par la communauté et menés sous forme d’ateliers. Ils mêlent le physique et le numérique et aboutissent à des objets souvent créés pour répondre à un besoin concret (un chariot connecté pilotable par smartphone, un drone, une lampe de chevet en bois au design unique, une oeuvre d’art…). Les savoir-faire traditionnels sont au coeur de ces processus de création : tapisserie, gravage sur cuir, travail du bois ou du métal, tous les talents sont exploités !
Les objets fabriqués dépendent également des entreprises de l’environnement local, dont le domaine d’activité va parfois influencer la spécialité d’un Fablab.
Les relations des Fablabs MIT au « monde marchand »
La relation aux entreprises, voilà bien un élément de discorde entre différents Fablabs… voire entre un Fablab manager et sa communauté ! Tandis que certains poussent une logique de partenariat entre Fablabs et entreprises, d’autres ont une posture de méfiance vis-à-vis des entreprises privées, voire une culture militante, réticente à tout lien avec le monde marchand.
Ce « monde marchand » représente parfois une source de financement importante de ces lieux associatifs qui doivent financer des locaux, des machines et un ou deux salariés quand tout le monde n’est pas bénévole. Les pouvoirs publics restent cependant les principaux financeurs de Fablabs, via la mise à disposition de locaux et l’allocation de subventions. Les Fablabs complètent ces ressources par la sous-location des locaux et l’abonnement des membres ou le paiement à l’usage des machines.
La création d’un Fablab MIT au service d’une ambition sociétale
Au delà des projets individuels, la création d’un Fablab peut servir une vision, celle du fondateur souvent, pour qui le lieu est un moyen au service d’une ambition sociétale. Celle, par exemple, d’apporter au plus grand nombre, notamment à ceux qui n’y ont pas accès, la possibilité d’appréhender le numérique et la technique. Ou encore la volonté de recycler les objets tombés en panne, en usant de la capacité de « bidouilleurs » de génie à réparer des machines destinées à la casse ou à leur trouver un nouvel usage.