Dans le cadre de l’édition 2021 du Club du Grain Numérique, ISLEAN a organisé le 29 juin en partenariat avec le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables (CSOEC) le 4e et dernier webinaire au sujet de « Comment passer de start-up à scale-up ? ». Ce webinaire a été suivi de la remise de prix du concours de l’entrepreneur de l’année 2021.
Retour sur cet échange et la remise de prix, animés par Louis-Alexandre Louvet (Partner ISLEAN) avec la participation des invités très spéciaux : Mathieu de la Rochefoucauld (Orange Ventures), Geraldine Welter (Banque des Territoires) et Guillaume Proust (CSOEC) que vous pouvez également retrouver en vidéo. Nous remercions tous les entrepreneurs, nos invités spéciaux et le CSOEC pour leur investissement au sein de cette aventure.
Présentation des intervenants
Le Club du Grain Numérique cherche à faire rayonner les différents projets entrepreneuriaux ainsi que l’entreprenariat lui-même via des entretiens auprès des entrepreneurs. Ce 4ème et dernier webinaire de l’édition 2021 cherchait à accentuer ce but par le biais d’un débat avec des experts de l’investissement afin de répondre à la question « Comment passer du start-up à scale-up ? » :

Géraldine est la directrice adjointe du département de la transition numérique à la Banque des Territoires (Groupe Caisse des Dépôts). Leur mission est d’accompagner la transition numérique des territoires et d’investir dans des startups proposant des solutions numériques permettant de répondre à la mission de la Banque. La Banque des Territoires intervient dans les projets de gouvernance de la donnée territoriale, de la SmartCity, du tourisme, culture & loisir, la mobilité, la santé et la cybersécurité.

Mathieu est le managing partner de la filiale Orange Ventures du groupe Orange. Avec un actif de 350 millions d’euros pour investir dans des startups, Orange Ventures investit dans des entretprises Seed, notamment en Afrique, et de la Série B, notamment en Europe. Matthieu a commencé le capital investissement dans les années 2000 et après différentes aventures est retourné aux ventures en 2020. En termes d’intérêts personnels d’investissement, il s’intéresse à la cybersécurité et l’e-commerce.

Guillaume préside le comité Entreprises Innovantes, sujet central pour les experts comptables. L’objectif de ce comité est de publier un guide de mesures en faveur de l’innovation notamment en ce qui concerne les dispositif de financement comme crédit impôt recherche et les entreprises jeune innovante. Cela sert aussi aux entrepreneurs à prendre du recul pour réfléchir aux actifs non technologiques qui rendent l’innovation possible, notamment l’humain, l’organisationnel et le relationnel. Ils ont par ailleurs co-fondé le laboratoire sur l’AI Lab50.
Synthèse des échanges et débats
# Comment définir chaque niveau de l’échelle de l’entrepreneuriat : Startup, Scale-up, Licorne ?
Guillaume démarre le débat en indiquant qu’il n’y a pas forcement une définition établie pour chaque étape. Pour lui, une startup est une jeune entreprise en croissance qui souhaite aller très vite et qui s’appuie souvent sur des nouvelles technologies et ne génère pas de revenus dans l’immédiat. C’est la première phase de maturité. Pour passer de cette phase aux autres plus matures, il faut tester le marché et évaluer comment faire évoluer le financement.
# A partir de cette réfléxion sur le financement, quels sont les critères pour distinguer ces niveaux de maturité ? A quel moment décidez-vous d’investir ?
Selon Mathieu, il y a des investisseurs et des fonds d’investissement pour chaque niveau de maturité et chaque type de risque. En effet, l’investisseur est celui qui décide le niveau et le type de risque qu’il souhaite prendre au moment d’investir. Les niveaux de maturité peuvent donc être différentiés selon les types de risques.
Ainsi pour Mathieu, une startup est une entreprise qui a tous les risques en termes de : l’équipe, pas forcement mûr et manquant de certaines compétences ; le produit, pas nécessairement fini ; le marché, peut-être pas bien défini ou inexistant pour le plus innovants; et bien d’autres.
Atteindre le niveau scale-up entraîne que plusieurs de ces risques sont surmontés, notamment celui des compétences de l’équipe et du produit. L’objectif est donc de faire croître l’entreprise. Le risque est plus dans l’exécution.
Finalement, la licorne correspond aux entreprises avec un chiffre d’affaires qui double tous les ans pendant 5 ans, par exemple. Le principal risque est de ne pas être en face des attentes des investisseurs.
Pour Geraldine, en ce qui concerne la Banque des Territoires, ils sont plus focalisés sur l’investissement des entreprises dans le passage de startup à scale-up, aussi connue comme la série A. De ce fait, elle en a profité pour donner 3 déterminants pour réussir ce passage :
- A ce moment là, les fondateurs rencontrent les actionnaires, c’est la première mise en relation. Cela implique être prêt à partager les directions stratégiques de la société et à mettre en place des systèmes de reporting. Cette relation est donc fondamentale pour faire croître l’entreprise.
- Réussir dans la fonction commerciale ou de go to market. Cela veut dire que le produit est finalisé et prêt à être commercialisé plus largement et trouver sa place dans le marché. Geraldine conseille les jeunes startups de ne pas attendre à avoir un produit complètement finalisé pour le mettre au marché. Le plus tôt il sort, le plus rapide il évoluera et sera finalisé.
- Gestion du Cash burn et de recrutement.
# A partir de ces 3 déterminants, quels sont les ingrédients ou astuces, au-delà des dispositifs financiers, pour investir dans ce passage ?
Guillaume répond qu’il faut regarder chaque projet comme spécifique et qu’il n’y a pas donc de recette. Le CSOEC va surtout s’assurer de protéger les intérêts de l’entrepreneur en lui conseillant de s’autofinancer et d’avoir un business stable avant de se lancer à la recherche d’investissement. Le Conseil les accompagne également à naviguer dans toutes les options possibles de financement comme le crédit d’impôt-recherche (actuellement à 6 milliards d’euros) et de diverses subventions.
Un autre conseil consiste à ne pas passer son temps à courrier derrière l’investissement, mais aussi de tester le marché et trouver le bon équilibre entre le commercial et technique. Cela afin de ne pas perdre l’âme de l’entrepreneuriat.
Pour reprendre les points de Geraldine, Guillaume conseille de ne pas attendre la levée de fonds pour recruter parce que les bons profils ne sont pas simples de trouver et cela peut prendre longtemps.
# Combien de temps peut prendre une levée de fonds ?
Matthieu démarre en précisant que cela varie beaucoup d’un dossier à l’autre, entre 6 mois (minimum) à un an. Tout dépend du dossier de l’entreprise et des intérêts de l’investisseur au moment de la réception du dossier.
Geraldine confirme qu’à la Banque de Territoires cela peut avoir une durée d’entre 6 mois et un an, selon la préparation de levée de fonds de l’entrepreneur. Quand est le moment d’aller chercher des fonds ? Quand l’entreprise atteint l’équilibre entre le niveau de besoin de financement, le niveau de valorisation et le niveau de dilution. Pour Geraldine, la société ne doit pas forcement se précipiter à la recherche d’une levée de fonds. La société doit utiliser au maximum les aides auxquels elle a droit. C’est le cas notamment des startups avec un chiffre d’affaires en dessous de 5 k€. Autrement, cela peut remettre en cause la valorisation de l’entreprise et la levée de fonds.
Mathieu complète ce conseil en précisant que la levée de fonds ne doit pas être l’objectif mais le moyen. L’entrepreneur doit être capable de mesurer combien d’argent il a besoin et quel est le moment opportun pour aller le chercher, notamment en écoutant ce qui se passe dans le marché. Autrement, l’entreprise risque de trop diluer les fonds, lorsqu’elle en a demandé trop ; ou de ne pas être capable de répondre aux attentes, lorsqu’elle n’en a pas assez demandé ou est arrivée trop tard « à la bataille ».
Remise de prix
Pour conclure, ISLEAN et le CSOEC ont remis les 4 prix entrepreneurs issus du vote de la communauté du Club du Grain Numérique, du CSO et des entrepreneurs candidats.



