Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Sylvain Gilibert, co-fondateur d’une plateforme d’intelligence économique, Atometrics. Sylvain partage pour ISlean consulting le parcours de l’aventure entrepreneuriale et son expérience.

Quel est le problème à résoudre qui a lancé Atometrics?

Le problème initial est l’écart que nous avons constaté entre la profusion des données et informations économiques de qualité et leur utilisation : la France est plutôt très bien pourvue en information qualifiée et en données quantitatives grâce à des producteurs de qualité. Pour n’en citer qu’un seul, l’Insee par exemple publie des données d’une grande richesse. Par ailleurs, les politiques d’Open data ont permis de rendre publiques beaucoup d’informations de valeur. Mais le problème, c’est que personne ne sait vraiment les utiliser : où sont ces données ? Comment les mettre en valeur ? Comment les croiser ? Nous avons donc voulu répondre à ce problème en facilitant l’accès à des données économiques de qualité, faciles à comprendre dans son contexte et qui ne soit pas non plus hors de prix !

Immeuble et data gelolocalisee

Comment avez-vous lancé le projet ?

Nous avons commencé par développer un premier produit trop complexe. Notre promesse étant d’aider les TPE et PME dans le secteur du Retail à analyser leur performance économique et à prendre des décisions éclairées en se comparant par rapport à leurs pairs.

Cet outil était à la fois trop « technique » mais aussi pas assez spécifique pour la cible que nous visions. Nous nous sommes également heurtés à la difficulté commerciale de s’adresser à un marché très atomisé et hétérogène.

Toutefois, la présentation de ce premier outil nous a permis de constater un réel intérêt des banquiers et des experts-comptables pour des données pertinentes et accessibles. Nous avons donc fait évoluer notre plateforme pour permettre de donner un accès facile à des informations fiables, enrichies (multi-sources) et géolocalisées à ces professionnels, qui sont au service des TPE et PME.

Atometrics aujourd’hui ?

Pour simplifier, nous proposons aujourd’hui une plateforme très complète et personnalisable d’études économiques ultra-locales pour toute la France. Elle couvre actuellement 30 secteurs et sera étendue à 70 secteurs complémentaires d’ici la fin de l’année.

Notre activité se fait en BtoB et est tournée vers les grands comptes (banques et réseau d’experts-comptables). Nous avons d’ailleurs établi plusieurs partenariats nationaux d’accès à notre plateforme.

Nous sommes 3 associés, dont 2 co-fondateurs. Nous avons embauché notre premier salarié récemment et prévoyons un deuxième recrutement en septembre. Nous travaillons aussi avec un réseau de freelances.

Avec plus de 10 millions de Siret répertoriés et mis à jour quotidiennement, notre plateforme propose d’abord une recherche personnalisable sur des informations fraiches et géolocalisées.

A titre d’exemple, si vous voulez réaliser une étude du marché des salons de coiffure présents à Malakoff, il vous suffit de renseigner un numéro SIREN ou une adresse dans notre plateforme et elle propose une agrégation des principales informations économiques locales : les concurrents, leurs ratios financiers clés, les cessions de fonds de commerce (acheteurs, vendeurs, prix), les caractéristiques de la population résidente et de passage etc. Nous décrivons également les tendances macro-économiques du marché et proposons des informations pratiques permettant d’approfondir l’analyse.

Les banques apprécient également le fait que nos données soient uniformes de bout-en-bout : quand le chargé de clientèle prépare son entretien pour financer la croissance d’un restaurant à Compiègne, grâce à notre plateforme, il peut appréhender le métier et l’environnement local de son client.

France avec chaîne

Lorsqu’il constitue le dossier de financement et le communique à l’analyse Crédit ou à l’analyste Risque pour validation, ces deux derniers utilisent les mêmes données pour réaliser leur analyse. Par construction, notre plateforme leur propose un outil unique et objectif, ce qui permet de gagner du temps et d’améliorer la coopération entre ces deux métiers.

Enfin, nous avons misé sur une solution en Saas, ce qui permet une utilisation immédiate de nos clients, sans problématique de déploiement interne avec toute la souplesse d’une utilisation par internet.

Les suites du développement ?

A court terme, nous allons élargir le champ couvert par l’outil à 70 nouveaux secteurs économiques.

Nous avons également prévu d’intégrer un module de valorisation de fonds de commerce et un module de « benchmark » permettant de comparer la performance financière d’une entreprise (ou un projet de création) par rapport à un panel local.

Nous prévoyons également d’utiliser autrement les données enrichies de notre plateforme pour faire des analyses prédictives : nous pourrons par exemple identifier les zones commerciales en devenir (et inversement) grâce des indicateurs avancés, indiquer les types de commerces ayant le plus d’impact pour redynamiser une zone ou identifier des facteurs environnementaux augmentant les risques de faillite. Nous proposons déjà des indicateurs liant la démographie aux profils d’acheteurs par type de commerce, mais nous ne projetons pas encore cela dans le prédictif à ce stade.

Quels enseignements pour Sylvain ?

Quand j’y repense, je me dis que nous avons beaucoup appris, grâce à nos nombreuses erreurs !

Nous avons par exemple appris qu’un projet avec une forte composante technologique, comme le nôtre, doit être blindé dans la sécurisation de la propriété intellectuelle de son code informatique. Ce qu’est notre deuxième version de plateforme !

Ensuite, nous avons constaté qu’un produit n’est pas nécessairement bon s’il est complexe : notre première plateforme était trop technique et nous nous sommes désormais recentrés sur la méthodologie avec démonstrateur client afin de mettre les utilisateurs au centre de notre démarche de conception.

Enfin, nous avons appris la patience face à l’entrepreneuriat : nos clients étant des grandes entreprises, ils doivent gérer leurs cycles de décision internes, malgré l’enthousiasme pour la plateforme. Cela peut prendre du temps (beaucoup de temps !) et cette patience, assortie de professionnalisme tout du long, finit par payer. Il faut savoir rester vaillant et fiable dans la durée, sans baisser les bras.

Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?

On le lit, on le sait mais on fait quand même l’erreur alors je vais le répéter : avant de se lancer dans des développements de produits, testez vos concepts et vos produits – même numériques – auprès de vos clients cibles.

Le deuxième conseil est plus personnel : ne restez pas seul. Une équipe et des associés sont de vrais atouts pour apporter des regards complémentaires et gérer à plusieurs les joies, les perspectives et parfois les coups durs !

Cordée entre deux personnes