Dans le cadre de nos rencontres startups et startupers et notre thématique EdTech, nous avons eu la chance de rencontrer Paul Farnet, un des fondateurs de The MOOC Agency. Paul nous livre sa vision des transformations en cours dans le secteur de la formation continue et partage son aventure entrepreneuriale.
Quel est le problème à résoudre ?
Le secteur de la formation est globalement face à un enjeu de transformation digitale. Que ce soit au niveau de la formation initiale, avec les institutions de l’enseignement supérieur, ou au niveau de la formation continue pour les professionnels.
En 2015, nous accompagnions les universités et grandes écoles qui voulaient des MOOC pour innover dans leurs formats d’enseignement. Maintenant, ce sont d’abord les entreprises qui viennent nous voir. Dans tous les cas, il s’agit de répondre aux besoins actuels de s’adapter au monde digital.
Quel est le positionnement de The MOOC Agency ?
Nous existons depuis 5 ans maintenant.
Nous avons une offre sur trois segments distincts :
- Quand une entreprise lance un projet de transformation transverse, elle a besoin de former ses collaborateurs à grande échelle et rapidement. L’objectif est souvent de former en 3 à 4 sessions à un sujet transverse. Par exemple, la Française des Jeux sensibilise ainsi 1 200 collaborateurs à sa nouvelle politique RSE ou la SNCF renforce les capacités entrepreneuriales de ses équipes TER. A chaque fois, le format doit être dynamique. Nous atteignons des taux de complétion de 25 à 40% selon les sessions. Le parcours peut être répété 3 ou 4 fois dans l’entreprise, selon le plan de conduite du changement du projet.
- Quand une entreprise veut mettre à jour un sujet métier et réglementaire, elle a également besoin de déployer des solutions de formation rapidement. Nous les aidons à scénariser le parcours et à utiliser des techniques d’animation, voire utiliser la gamification (utilisation de techniques d’animation plus ludiques, ndlr) pour augmenter le taux de complétion. Avec un leader de l’assurance, nous avons par exemple utilisé des mises en situation vidéo (le scénario dépendait des réponses faites par l’apprenant) lors d’une session qui a atteint un taux de complétion de 80% ! Il faut que le parcours soit à la fois compatible avec la charge de travail des apprenants et qu’il en tire réellement quelque chose.
- Enfin, les organismes de formation sont également demandeurs de nos savoir-faire : ils souhaitent proposer des MOOC pour faire connaitre leurs champs d’intervention et éventuellement des SPOC pour proposer des approfondissements qu’ils peuvent valoriser sur le marché. Les parcours en ligne ouvrent un nouveau public et un modèle économique pour les organismes de formation qui leur permet de proposer un produit plus économique (en termes de prix et aussi en termes de coûts de déplacement pour les apprenants). Par exemple, l’IFOCA (Institut national de formation & d’enseignement professionnel du caoutchouc) a mis en ligne sur FUN un MOOC de découverte de la filière du caoutchouc complété par plusieurs parcours en SPOC.
The MOOC Agency accompagne les entreprises et organismes de formation dans la conception, réalisation et diffusion de leurs MOOC intra-organisation. Nous avons tous les outils en interne pour mettre en place rapidement des solutions de valeur. Nous pouvons ensuite accompagner le responsable de la formation ou du recrutement avec l’animation du MOOC et la visualisation des parcours des apprenants.
Quelle est votre vision sur l’évolution des offres sur le marché de la formation continue ?
En 2016, 15% des projets de formation en ligne (e-learning) étaient des MOOC. Un nouvel écosystème très vivant est en train de se mettre en place, avec des entreprises dotées de plusieurs offres, formats et positionnements.
Il y a un enjeu de fond : rapprocher la formation du recrutement. Cela passe par une meilleure reconnaissance des parcours par les entreprises. Le cadre réglementaire pousse vers la certification et reconnaissance administrative.
Dans les faits, l’importance de la certification dépend complètement des secteurs. L’informatique par exemple propose énormément de ressources de formation d’excellente qualité sans aucun label. A l’inverse, on voit de nouveaux tiers de confiance émerger. Par exemple, la plateforme Coursera cherche à créer des parcours certifiants. Toutefois, y compris sur une même plateforme, les certifications proposées peuvent fortement varier en termes de difficultés.
Les agrégateurs (comme par exemple MyMooc) peuvent aider le candidat à se repérer, car ils proposent aux apprenants de noter les MOOC qu’ils ont suivi. Cela permettra aussi de pouvoir s’appuyer sur l’intelligence des foules pour qualifier les offres du marché.
Pour revenir à l’enjeu de proposer au marché des formations dans une logique de recrutement, certaines entreprises utilisent le MOOC clairement dans cette optique : la SNCF, par exemple, a ouvert un MOOC pour les conducteurs de train !
A titre plus personnel, quelle expérience de cette aventure entrepreneuriale ?
Une entreprise dans le secteur de la formation digitale se construit nécessairement en Test & Learn. C’est un secteur dans lequel les retours d’expérience clients sont fondamentaux. C’est toute l’entreprise qui soit sans cesse s’adapter pour faire évoluer ses méthodes et ses bonnes pratiques pour réponse au mieux aux besoins des clients.
A trois, dix ou vingt-cinq personnes, le fonctionnement d’une start-up évolue nécessairement. En 3 ans, nous avons embauché plus de 25 personnes et le besoin de structurer nos équipes a vite été identifié.
Nous avons passé cette année le cap des 5 ans d’existence et l’aventure entrepreneuriale se pérennise peu à peu en une entreprise innovante et stabilisée.