Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Laëtitia Lumbroso-Revenu, co-fondatrice de d’Estrëe, maison de Luxe. Laëtitia partage avec ISlean consulting son aventure entrepreneuriale et son expérience.

Quel est le problème à résoudre qui a lancé d’Estrëe ?

Plus qu’un problème, l’aventure est née d’une double envie :

  • Tout d’abord, en capitalisant sur mes expériences professionnelles précédentes, j’avais envie de mettre en avant la créativité française et les savoir-faire très haut de gamme. Notre famille initiale de produits incarne cette envie, avec des chapeaux faits à Paris ;
  • Ensuite, je ressentais le besoin de faire fructifier les rencontres et les talents que je croisais. Je voulais dorénavant choisir plus mes partenaires professionnels et oser lancer des choses sur la base d’affinités.

Comment avez-vous lancé le projet ?

Après plusieurs années dans le Luxe (Dior et LVMH notamment), j’ai eu la chance de rencontrer ma future associée au moment où je voulais vraiment me lancer. Nous avons commencé par nous apprivoiser pendant un an, ce qui a renforcé la complémentarité de notre « couple » d’entrepreneuses :

  • Géraldine porte la création et l’identité de la marque ; c’est Géraldine qui avait créé la première série de nos chapeaux ;
  • Quant à moi, Laetitia, je pilote le marketing, la gestion et les opérations.

Nous avons donc co-fondé l’entreprise il y a 3 ans. Dès le départ, nous savions qu’il nous fallait développer notre marque au-delà des chapeaux.

Chapeau D'EStree - mode luxe

D’Estrëe aujourd’hui ?

Notre gamme s’est étoffée au fil des rencontres. Après le chapeau de luxe, nous proposons maintenant de la maroquinerie (faite en Italie) : c’est né de la rencontre avec un couple Italo-Japonais qui allie l’excellence italienne du travail du cuir et la rigueur artistique japonaise ! Plus récemment, nous avons lancé une famille de bijoux.

Ces évolutions féminisent encore plus notre marque : si les ventes de nos chapeaux se font à 30% avec des hommes, la maroquinerie nous tourne plus vers les femmes.

En plus de la conception et fabrication des articles, le travail de notre maison est un business de BtoB : nous travaillons avec des distributeurs. Nous présentons nos produits ou nos prototypes lors de salons professionnels (par exemple, la fashion week) et nous gérons la production selon nos carnets de commande.

Nos clients peuvent trouver nos produits dans des boutiques de luxe ou dans notre show-room. Nous avons également des ventes en ligne.

Même si nous nous faisons connaître par la Presse spécialisée, qui nous aime bien, nous voulons multiplier les points de rencontre avec nos clients. Nous avons par exemple fait 4 mois de Pop-up Store au rayon Luxe du Printemps pour nous confronter aux acheteurs de nos produits. A la fois connaitre leurs raisons d’achat et surtout de ce qui marche et pas.

Sac à main - Luxe

Cependant, au-delà des belles adresses parisiennes connues, notre entreprise s’est tout de suite tournée vers l’international : le client du luxe est chinois, américain, arabe et russe. Nous avons des relais de distribution également dans ces pays pour faire grandir la marque.

Aujourd’hui, avec une petite équipe (4 personnes !), nous bénéficions d’une reconnaissance par la presse de la qualité de notre offre, de distribution dans le monde entier et d’un beau catalogue. Et notre rentabilité nous permet d’aborder sereinement notre croissance.

Les suites du développement ?

Notre premier enjeu est de continuer à développer la marque et le chiffre d’affaires.

Le défi derrière est de trouver le bon équilibre dans nos produits entre nos différents marchés : les marchés US, Asie et Europe sont très différents, et il faut savoir étoffer notre gamme tout en maîtrisant les risques financiers.

Nous voulons entrer sur le marché américain, mais le ticket d’entrée est assez élevé. Nous cherchons une façon originale de présenter notre maison, qui sorte des sentiers battus. A suivre !

Le dernier défi est probablement plus interne : en tant que petite équipe, nous avons à la fois la joie et la contrainte d’être tous très opérationnels. Cela crée beaucoup de satisfaction quand on a le produit fini devant soi, c’est sûr, mais cela laisse peu de temps pour la réflexion et la stratégie. Derrière se cache le sujet du recrutement, dans une équipe où chaque personne est essentielle à l’aventure !

Quels enseignements pour Laëtitia ?

Cette expérience a clairement renforcé ma conviction : c’est l’équipe et les personnes qui font la force d’un projet et d’une organisation. Avant de lancer D’Estrëe, nous avons pris le temps de nous connaître avec Géraldine. Cette année de travail préliminaire fait que nous sommes à la fois parties sur un départ lancé, et aussi en pleine conscience de notre choix.

La suite a confirmé notre choix : au quotidien, notre binôme professionnel me motive et me challenge. Je mesure la chance et la pertinence de ce choix.

L’entrepreneuriat nous remet dans un rôle de Do-er (faiseurs en français sonne moins bien !) : la journée est une série de gestes, de réalisations et de de choix pratiques.

D'Estrëe - doer - machine à coudre

Par ailleurs, la vie professionnelle de l’entrepreneur est finalement plus en ligne avec son rythme personnel. On retrouve la liberté de ses choix aussi dans l’organisation de sa journée. Par exemple, je me suis remis à faire du sport tous les jours.

Enfin, même si ce n’est pas le même pari à 23 ans et à 40 ans, le défi entrepreneurial bénéficie de la maturité professionnelle. Je peux m’appuyer tous les jours sur mon expérience et mon réseau professionnel.

Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?

Il y a bien sûr l’audace générale face à la liberté : l’aventure entrepreneuriale permet de trouver un niveau de liberté et de spontanéité que j’étais heureuse de redécouvrir !

Il faut savoir parfois se faire violence pour sortir des codes, voire de la politesse convenue… Premier conseil : osez !

Ensuite, le travail sur le réseau ou networking est capital. A la fois pour faire vivre son projet, et aussi pour ne pas être seul et tourner en rond. L’entrepreneur doit structurer son agenda pour pouvoir intégrer cette activité, vitale pour son projet – et lui-même !

Enfin, l’entrepreneuriat, c’est beaucoup de choses opérationnelles à gérer. Il faut savoir sanctuariser du temps pour prendre du recul, car en plus des opérations, l’entrepreneur doit faire vivre en permanence la stratégie de l’entreprise.