Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Otto Nijdam, co-fondateur de l’entreprise Foodco’, spécialisée dans la gestion de marque de restauration. Otto partage pour ISLEAN l’histoire de son entreprise.
Foodco’ : la « Factory Digitale » des concepts de restauration
D’où est née Foodco’ ?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu cette envie de créer mon entreprise. A la fin de mes études de commerce, j’ai eu une première expérience de travail en tant que salarié, dans le but d’apprendre & comprendre un peu mieux le milieu professionnel, mais je savais qu’à un moment j’allais entreprendre.
En 2018, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai lancé mon premier restaurant. J’ai un profil financier et j’ai très vite compris qu’il y avait beaucoup de charges que je pouvais éliminer ou optimiser grâce au digital (main d’œuvre, caisses, gestion fournisseurs …). Fin 2019, j’ai eu l’idée de créer Foodco’, une Factory Digitale qui centralise la gestion du modèle de restaurant en tirant un maximum profit du digital. L’objectif est de créer des synergies et des possibilités d’optimisation aussi bien dans les ventes et le marketing que dans la gestion des coûts et des charges. Je me suis associé à un chef de renom et un expert du marketing pour créer la société en juillet 2020. Nous avons ouvert nos bureaux en janvier 2021.
À quelles problématiques répond Foodco’ ?
Il n’y avait pas de problème de marché, c’est juste que l’industrie de la restauration était « old school ».
L’idée était d’optimiser au maximum la gestion de la restauration traditionnelle avec le digital. Pour ce fait, il fallait restructurer le marché avec un nouveau business model axé sur la centralisation de la gestion de marques. Cette configuration permet de répondre aux deux gros challenges du restaurateur : générer du volume et optimiser ses coûts.
- Dans un restaurant traditionnel, tu es limité par le nombre de places assises et le nombre de services que tu peux faire. Étant donné que le volume d’affaire est limité, il est impératif de bien comprendre ses coûts et d’être en contrôle de sa marge.
- Pour des petites structures, le chef se retrouve régulièrement au four et au moulin. Ce n’est pas tout de cuisiner des bons plats, il faut avoir le temps de gérer l’entreprise derrière, les stocks, les employés, le marketing… Pour avancer, il faut être en total maîtrise de ses coûts du début à la fin, tout le monde connait cette phrase mais elle est très vraie « le premier argent gagné est l’argent qui n’est pas dépensé »
Pour répondre à ces deux problématiques, notre philosophie, c’est le « Digital First ». Le mot d’ordre, dès le démarrage, a été par exemple l’optimisation de la main d’œuvre. Nous avons des logiciels de prévision de vente qui nous permettent d’anticiper les pics de commande et donc d’optimiser les achats et de mieux gérer la main d’œuvre. La relation avec nos fournisseurs est 100% digitale et je passe mes commandes directement via des applications en quelques clics. Proposer des canaux de vente en B to C digitaux qui permettent de diminuer vos charges fixes et d’augmenter le panier moyen. Engranger du volume de commande via des marques que nous distribuons via le digital. C’est via toutes ces spécificités que nous pouvons être vraiment réactif et de capter la demande dans les meilleures conditions.
Où en est Foodco’ aujourd’hui ?
Nous avons tout d’abord notre Factory Digitale qui gère nos marques de restaurant. Nous nous appuyons sur des alternants pour créer du contenu marketing pour nos différentes enseignes. Notre gagne-pain aujourd’hui, ce sont nos concepts de restaurant. À terme, c’est la Factory Digitale qui sera porteuse, mais pour l’instant, ce sont nos 2 marques avec pignons sur rue et nos 3 marques filles qui font tourner l’entreprise. On voulait tout lancer dans le même temps pour créer des synergies et nous professionnaliser sur la gestion de business model.
Je m’appuie sur un concept de « transparence » où le consommateur commande sur des bornes avec un accès direct aux cuisines. L’espace dédié à la salle devient maintenant un espace de production ce qui me permet d’optimiser la rentabilité de mon local.
Les enseignes gérées par la Foodco’ aujourd’hui : Foca’ la focaccia contemporaine, La Maison du roll, Froid – les bowls du monde, Quinoa Lovers.
Une cuisine ouverte sur la rue où l’on peut commander sur des bornes tactiles des rolls, pokés et salades à emporter. Cette grande cuisine accueille également nos 3 marques filles sur le modèle de la « ghost kitchen ». Nous préparons des plats destinés exclusivement à la livraison afin de générer plus de volume dans le même espace en mutualisant les ressources. Cela me permet de jouer sur plusieurs fronts et de servir avec très peu de ressources additionnelles, plusieurs segments de consommateur.
Dans une atmosphère italienne avec du marbre au mur et au sol, le Foca est un concept de bar mono produit avec une production minute. Le but est de faire vivre une expérience au consommateur et ne pas être une simple cuisine de livraison. Les commandes sont dématérialisées, via une tablette connectée pour les pick-up ou bien en livraison.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous sommes actuellement en pleine réflexion, savoir si nous allons chercher du cash pour financer notre croissance ou attendre un peu.
Avec mes associés, nous développons actuellement 3 business modèles : ouverture de nouveaux points de ventes en fonds propre, la franchise, ou bien l’implantation de nos marques sur le F&B des hôtels.
Le premier modèle est celui que nous avons suivi jusqu’à maintenant. Nous développons nous-même des points de ventes pour l’ensemble de nos marques. Depuis peu, nous avons ouvert notre premier point de vente en franchise à Anglet avec la Maison du Roll. Nous percevons des droits d’entrée et des redevances d’exploitation, mais ce modèle demande beaucoup d’investissement au départ pour fournir tout le contenu nécessaire au franchisé (Cahier des charges, déploiement market etc..). Le dernier modèle est de proposer des concepts pour les F&B des hôtels. Nous avons récemment signé un partenariat avec Mövenpick Hotel Mansour Eddahbi Marrakech pour notre marque la Maison du Roll.
Pour l’instant, nous nous donnons la liberté d’explorer toutes ces options pour évaluer la plus porteuse.
C’est important de comprendre que ce n’est pas nous qui décidons mais le marché, ce sera donc lui qui m’indiquera sur quels business model on se focalise.
Quels enseignements as-tu tiré de cette expérience ?
D’un point de vue personnel, cette aventure m’a fait réaliser que quand tu fais ce que tu aimes, tu ne comptes plus tes journées. On peut avoir tendance à se comparer à son entourage et à remettre en cause ses choix, mais quand on a une conviction, il faut la suivre. J’ai vraiment pris conscience de la liberté que m’a apportée l’entrepreneuriat. Je suis libre de mes opinions et de ma façon de penser. Via Foodco’, je peux mettre en pratique ma vision de la restauration de demain. Par contre, cette liberté à un prix, elle nécessite une organisation. Tu ne coupes jamais vraiment.
D’un point de vue business, il faut savoir déléguer et ne pas compter que sur soi-même. Il y aura toujours des personnes plus talentueuses que toi pour faire certaines tâches. Le vrai talent de l’entrepreneur est de savoir coordonner tous ses talents pour les faire avancer dans la même direction.
Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?
Pour se lancer, il ne faut pas l’idée du siècle. Il faut être à l’écoute du marché et identifier les points de souffrance d’un secteur. J’ai simplement vu une opportunité pour améliorer ce qui se faisait déjà. Après, il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut la mettre en application. C’est ça qui compte vraiment. Pour le coup, il est impossible d’être préparé à 100%. Il y aura forcément des imprévus à gérer au fur et à mesure qui étaient difficiles à anticiper. C’est dans ces moments que le quotidien peut devenir plus compliqué mais c’est aussi ce qu’on aime. C’est pour cette raison qu’il faut être au clair avec soi-même et se lancer pour les bonnes raisons.
Deuxième et dernier conseil, ce qui fait vivre votre entreprise c’est la finance, c’est le noyau de votre entreprise, le fuel qu’on met dans le moteur, sans finance vous n’existerez pas. Beaucoup d’entreprises avec de très bons concepts ont échoué à cause d’une mauvaise gestion de leur finance. Je pense qu’il est très risqué de laisser cette responsabilité à un salarié. L’entrepreneur doit maîtriser ce socle pour bien piloter son futur. Si ce n’est pas entre tes mains, tu ne peux pas connaître la marge de manœuvre dont tu disposes, les points d’optimisations, les points critiques qui vont assurer la pérennité de ton entreprise. Vous ne mourrez pas d’exploitation mais de trésorerie c’est pourquoi avoir une connaissance et un nez dans votre finance d’entreprise est primordial.