L’île-de-France se transforme à coup de milliards d’euros avec la construction de nouvelles lignes de métro. Le Grand Paris Express, surnommé le chantier du siècle est celui de tous les superlatifs. Pour pleinement se doter de transports en commun performants sur l’ensemble de la région francilienne, l’Etat français a décidé le doublement du réseau de métro parisien. Un projet qui doit durer plus de 10 ans.

Le Grand Paris Express redessine l’Île-de-France

Claire, Amandine, Malala… sont déjà à l’oeuvre dans les sous-sols franciliens. Derrière ces prénoms féminins, se cachent les noms des tunneliers qui creusent le futur du métro parisien. À terme, d’ici 202021 tunneliers de la société allemande Herrenknecht, leader mondial du secteur, seront à l’oeuvre.

« Le chantier du siècle »

Ces engins dépassent tous les superlatifs : 100 mètres de long, 10 de diamètre, 1 250 tonnes et 20 millions d’euros pièce. Fabriqués en Allemagne, ils sont assemblés directement là où ils vont forer. Avant de travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les tunneliers sont baptisés d’un prénom féminin en référence à une tradition minière. C’est une véritable usine en mouvement ultra sophistiquée qui creuse en moyenne 10 à 12 mètres par jour avec une précision millimétrique qui est à l’oeuvre. Ce n’est pas de trop pour dessiner le Grand Paris Express.

Ce projet titanesque prévoit de construire plus de 200 km de nouvelles lignes de métro en Île-de-France, ce qui correspond à doubler le réseau actuel. Un projet qui n’a pas d’équivalent en Europe voire, dans ces proportions, à l’international. En comparaison, le projet londonien de Crossrail est d’une longueur de 117 km mais sur une seule ligne. En Île-de-France, près de 70 nouvelles gares sont aussi au programme. Les travaux ont déjà commencé sur certaines lignes et les premiers tronçons devraient être opérationnels pour les Jeux Olympiques de 2024 mais les dernières lignes devraient voir le jour dans plus de 10 ans, après 2030. D’ailleurs, les chantiers ont pris du retard, et différentes contraintes ont déjà amené à des dérapages financiers. Initialement, le montant de la facture devait être de 25 milliards d’euros, on parle à présent de 38,5 milliards d’euros. Malgré les retards les projets avancent désormais rapidement.

Le projet comprend deux extensions de ligne (lignes 11 et 14) et la création de quatre nouvelles (lignes 15, 16, 17 et 18) dont on voit le plan ici :

Grand Paris Express plan

30 minutes pour relier Paris à Orly

Vous trouverez tous les détails sur le site de la Société du Grand Paris créée spécialement pour le projet. Les futurs gains de temps sont aussi calculés. L’application citymapper propose d’ailleurs parfois les futures possibilités qui vous seront ouvertes, dans 10 ans ! Parmi les points symboliques, on remarque qu’il sera possible de rejoindre l’aéroport d’Orly en moins de 30 minutes depuis le centre de Paris ou encore La Défense à l’aéroport de Roissy là aussi en à peine plus de 30 minutes. Surtout les banlieues seront bien reliées entre elles, ce qui est loin d’être le cas actuellement et ce qui explique une grande partie de la saturation des lignes de métro et surtout de RER.

La banlieue au cœur du projet

En effet, le constat est établi depuis plusieurs années. Paris intra-muros possède un des réseaux de transport en commun les plus denses du monde pourtant dès que l’on franchit le périphérique, la complexité est de mise. Les liaisons inter-banlieues sont complexes ou inexistantes. Devoir repasser par Châtelet ou Gare du Nord pour passer du nord à l’ouest francilien n’a rien d’efficient.

Paris subit ce paradoxe où le réseau a été construit pour son cœur de ville en s’opposant à ses banlieues. Ceci est la conséquence du traumatisme de la Commune de 1871 qui a rejeté à Cayenne et dans les “banlieues rouges” les populations pauvres révoltées et a concentré les populations aisées dans Paris récemment étendu, à cette époque, au-delà des murs des fermiers généraux jusqu’aux fortifications du futur boulevard périphérique. Pourtant seulement 2 millions de personnes vivent dans la ville de Paris alors que l’on compte près de 7 millions d’habitants dans la petite couronne et 12 millions dans toute l’Île-de-France.

Penser Paris comme une ville-monde de 12 millions d’habitants

Paris veut donc ressembler à ses capitales voisines et essayer de sortir un peu de son paradoxe de jacobinisme absolu. Pour comprendre le phénomène, il suffit de comparer avec les autres capitales européennes. Alors que la ville de Paris s’étend sur à peine 100 km2, Londres s’étale sur 1500 km2 et Berlin sur près de 900 km2. Les villes au sens administratif, ne subissent pas le même découpage alors que les populations de l’aire métropolitaine de Londres et Paris sont quasi-équivalentes avec 14 et 12 millions d’habitants et que celle de Berlin en compte 6 millions. Paris a donc construit un réseau de transport en commun très puissant et performant mais qui n’englobe que la partie administrative de la ville sans prendre largement en compte ses banlieues qui représentent plus de 80 % de sa population. A l’inverse les capitales allemandes et anglaises possèdent un réseau de métro à l’échelle de leur agglomération.

Paris métropole de 12 millions d'habitants

Pour revenir au Grand Paris Express, on constate que l’enjeu est bien dans cette volonté de permettre à tous les Franciliens de se déplacer au sein d’un espace intensément dense sans que la ville de Paris soit le point de passage obligé pour tous. Il faut comprendre que ces gains seront certes pour les habitants extra-muros mais aussi pour les habitants du centre. Même au sein de la ville de Paris, métro et RER seront moins congestionnés, donc les avantages se feront sentir pour tous. Les nouvelles lignes vont permettre de ne plus passer par Paris. D’ailleurs, on observe ce phénomène dans le tracé des lignes. A l’exception de la ligne 14, aucune nouvelle ligne ne passera dans Paris. La future ligne 15 en est le symbole puisqu’elle passera autour de Paris dans tous les départements de la petite couronne.

Le Grand Paris Express a donc cette ambition de faire sortir Paris de ses limites sanglantes de 1871, d’à peine 100 km2. Paris a l’obligation de s’étendre géographiquement pour sortir de son hyper densité tout à fait singulière. Il semble nécessaire de penser le territoire à l’échelle d’une agglomération plus vaste pour que les infrastructures soient construites de manière cohérente en prenant en compte les données démographiques comme l’ont fait les autres capitales européennes qui n’ont certes pas connu le traumatisme de la Commune.

Le calendrier des travaux

En 2024-2025 :

  • la ligne 14 Nord et le tronçon commun des lignes 16 et 17 entre Saint-Denis Pleyel et Le Bourget RER, l’extension de la ligne 14 Sud jusqu’à l’aéroport d’Orly
  • la ligne 15 Sud de Pont de Sèvres à Noisy-Champs
  • la ligne 16 entre le Bourget RER et Clichy – Montfermeil
  • la ligne 17 jusqu’à l’aéroport du Bourget

En 2027 :

  • la ligne 18 d’Orly jusqu’à la gare CEA Saint-Aubin
  • la ligne 17 jusqu’à la gare Triangle de Gonesse

En 2030 :

  • la ligne 15 Ouest, de Pont de Sèvres à Saint-Denis Pleyel
  • la ligne 15 Est, de Saint-Denis Pleyel à Champigny Centre
  • la ligne 16, de Clichy – Montfermeil à Noisy – Champs
  • la ligne 17, de la gare Triangle de Gonesse jusqu’au Mesnil-Amelot
  • la ligne 18, de CEA Saint-Aubin à Versailles Chantiers

Toutes les informations concernant l’avancée des travaux sont disponibles sur le site de la Société du Grand Paris.