Aurélie Chandeze, sur Best Practices, évoque l’importance de l’innovation pour les entreprises et présente, avec Marc Devillard, président de Motivation Factory (éditeur de solutions web et progiciels), quelques clés pour favoriser la « créativité collective » au sein des organisations.

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Que ce soit dans la téléphonie, les compagnies aériennes, la fabrication d’appareils photos ou les médias, les exemples ne manquent pas d’acteurs autrefois numéro un de leur marché, aujourd’hui disparus ou dans une situation pour le moins précaire. Ces sociétés possèdent un point commun : elles n’ont pas vu venir les innovations qui ont redistribué les cartes de leur secteur. « Une entreprise qui n’innove pas fait un pari fort, celui que ses concurrents et ses clients ne vont pas innover », pointe Marc Devillard, président de l’éditeur de logiciels Motivation Factory.

Quelles entreprises peuvent se targuer à l’heure actuelle d’avoir un marché captif ? Même dans ce cas, le pari demeure risqué, le contexte concurrentiel ou réglementaire pouvant rapidement changer. Dans cet environnement, innover n’est pas une option. Il est nécessaire de favoriser l’innovation dans les organisations, mais trouver le bon équilibre entre créativité et productivité ne va pas de soi. Comprendre le cheminement par lequel les entreprises transforment les idées en produits et services innovants est essentiel pour créer un contexte propice à l’innovation.

« L’innovation fonctionne comme un entonnoir », rappelle Marc Devillard. Il décrit ensuite un processus qui s’apparente à la sélection naturelle. « La première étape est une phase de mutation, où de nouvelles idées apparaissent. Vient ensuite la phase de sélection, qui correspond au filtrage des idées pertinentes. Enfin il faut mettre en œuvre les idées retenues lors d’une phase d’héritage. »

Lors de la première étape, la quantité d’idées émises est un facteur important pour augmenter la probabilité d’identifier des propositions pertinentes. « Il faut beaucoup d’idées, même stupides, pour en trouver une bonne. » Dans ce contexte, 56% des entreprises interrogées lors de l’édition 2012 du Baromètre de l’Innovation GE estiment qu’il leur manque en premier lieu des profils créatifs pour accroître leur capacité d’innovation, l’expertise technique étant citée en seconde place. Néanmoins, les experts du management de la créativité s’accordent sur un point : il n’y a pas de profil-type pour les personnalités créatives, et les bonnes idées peuvent venir de tout le monde.

Pour cette raison, il est dommage d’exclure a priori certaines catégories de salariés d’une démarche d’innovation, la créativité n’étant corrélée ni au poste occupé, ni aux études effectuées, ni à l’ancienneté, ni au sexe. Le terrain en particulier s’avère souvent être une source d’idées pertinentes et valorisables. Une démarche a fait ses preuves pour stimuler la créativité : les séances de créativité collectives, ou brainstorming, basées sur la collaboration des participants. (…)

Favoriser la créativité par la collaboration requiert quatre grands facteurs de succès.

1. Le premier d’entre eux est la vision des dirigeants. Ceux-ci doivent être convaincus que tout le monde dans l’organisation peut être à l’origine d’idées innovantes. A ce titre, les résultats du baromètre de l’innovation 2012 publié par GE semblent encourageants : les managers sondés sont en effet 92% à penser que les PME et les individus peuvent être aussi innovateurs que les grandes entreprises. Par ailleurs, pour l’ensemble des pays dans lesquels a été menée l’enquête, 76% des répondants estiment qu’il faut impliquer tout le monde, y compris les jeunes embauchés.

2. Il faut également un cadre méthodologique pour filtrer les idées et définir comment passer des étapes de proposition aux étapes de mise en œuvre.

3. La motivation des acteurs doit être entretenue. Sans un système de reconnaissance symbolique de leurs idées, cette motivation peut vite chuter. Il faut en particulier veiller à « ne pas ouvrir l’entonnoir » si l’organisation n’a pas mis en place de système pour filtrer les idées, auquel cas les personnes génératrices d’idées peuvent vite être frustrées de voir que rien n’aboutit.

4. Enfin, l’implication des managers intermédiaires joue un rôle essentiel dans la circulation des idées.

Il existe par ailleurs un certain nombre d’obstacles à la créativité collective, la plupart bien connus. Parmi ceux-ci figure notamment le manque d’implication et la passivité des participants. Lors des séances de brainstorming classique, dès que le nombre de personnes dans le groupe dépasse sept ou huit, la productivité individuelle chute. Au-delà de dix, la productivité globale est également atteinte, les interactions entre participants freinant la réflexion et la proposition d’idées. Les autres freins sont la peur du ridicule, qui empêche certains participants de soumettre leurs idées au groupe ; l’excès d’idées sans rapport avec les objectifs recherchés ou au contraire l’ancrage autour d’une seule et même idée qui revient sans cesse et dont il est difficile de sortir.

Enfin, un facteur classique d’échec est la pression du temps. Si dans un contexte restreint, « rien ne remplace la machine à café comme vecteur d’échange et de collaboration », les outils collaboratifs peuvent également être un facilitateur pour le travail créatif en groupe, notamment quand il concerne des acteurs géographiquement dispersés. Outiller des processus comme le brainstorming permet de s’affranchir des contraintes classiques liées à ces ateliers, généralement animés par des consultants extérieurs et donc limités à des cadres précis.

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Source : http://www.bestpractices-si.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1653&Itemid=56