Dans le cadre de nos entretiens avec des innovateurs et entrepreneurs, nous avons rencontré Valéry Lontchi, co-fondatrice de Legalix, une LegalTech fondée en 2016 qui propose une plateforme innovante de service juridique à la demande. Valéry revient pour ISlean consulting sur son parcours, sur la première année de son entreprise et l’émergence des LegalTech en France.

Quel est le « problème à résoudre » qui a lancé le projet ?

Face à un problème juridique, 86% des Français recherchent des réponses sur Internet, mais 60% d’entre eux affirment qu’ils ne trouveront sur la toile qu’une information incompréhensible, de mauvaise qualité ou non-adaptée.

Tout cela démontre l’étendue du besoin du public français de se renseigner sur les droits et obligations régissant la vie quotidienne par les nouvelles technologies.

Les entreprises (TPE/PME) sont également confrontées à un problème d’accès au droit à deux vitesses, tant en matière de conseils juridiques que  de documents juridiques (statuts, contrats, etc).

Notre offre s’adresse à des entrepreneurs, des start-up, mais aussi des particuliers, qui ont des besoins en matière juridique, sans forcément avoir des moyens financiers importants, ou qui ne connaissent pas d’avocats dans leur environnement proche.

Justice - avec des lettres de scrabble

Nous avons donc cherché à développer une réponse qui s’inscrivait dans le temps d’internet.

Légalix est une LegalTech créée fin 2016 et validée par l’ordre des avocats de Paris.

C’est un service juridique à la demande, une sorte de cabinet d’avocats virtuel, avec une offre digitale, moderne, plus souple et plus réactive qu’un cabinet classique.

L’ensemble de ces prestations sont 100% en ligne et exclusivement réalisées par des avocats, à des tarifs attractifs et dans des délais très rapides (1h pour les consultations par téléphone, 24h pour les consultations par mail et 72h pour les documents juridiques).

Le projet aujourd’hui ?

Legalix propose plusieurs offres :

  • Du conseil juridique personnalisé,par mail ou par téléphone
  • Des documents juridiques personnalisés (contrats, CGV, statuts, mise en demeure, etc)
  • La prise en charge immédiate des dossiers contentieux
  • Un tchat en ligne avec son avocat et des facilités de paiement

Nos différenciateurs :

  • La mise en relation directe des clients avec les avocats. Le client reste suivi par le même avocat pour tous ses besoins ;
  • Des tarifs forfaitaires fixes et connus à l’avance. Cela peut être un abonnement ou une facturation à l’acte.
  • L’assurance de documents juridiques sécurisés, réalisés par des experts

LegalTech - avocat numérique et en ligne

Nous avons aujourd’hui des clients dans toute la France et un réseau comptant plus de trente cabinets d’avocats répartis sur tout le territoire. Cela nous permet d’intervenir rapidement et d’offrir une certaine proximité aux justiciables, qui pourront toujours ainsi avoir accès à l’avocat le plus proche de chez eux.

La première version de notre plateforme date de fin 2016. Elle nous a permis de gagner le prix de l’innovation des avocats 2017. Nous continuons à travailler à l’amélioration constante de l’expérience utilisateur sur notre plateforme, à étoffer notre offre et rendre plus performante nos fonctionnalités. Une version nouvelle sortira bientôt…

Votre avis sur la LegalTech française ?

Le mouvement prend de l’essor en France.

LegalTech - avocat dans un dictionnaire

Aujourd’hui, les LegalTech sont plus de 3 000 outre-Atlantique, dont le champion américain Legalzoom qui a réalisé plus de 400 millions $ de chiffre d’affaires en 2015. Il existe aujourd’hui 75 LegalTech en France, dont les trois principaux domaines d’intervention sont :

  • La gestion et création d’actes (35%) ;
  • La création et la gestion d’entreprises (20%) ;
  • Le règlement de litiges, contentieux et droits des consommateurs (15%).

Les LegalTech s ont connu un succès important et rapide. Cela s’explique notamment par leur souplesse, leur réactivité et surtout les coûts très compétitifs qu’ils proposent.

Généralement les tarifs pratiqués sont entre 4 à 10 fois moins chers que ceux proposés par des cabinets d’avocats traditionnels et grâce à leur accessibilité ils ne subissent pas les mêmes freins psychologiques que les avocats auprès d’une clientèle d’internaute.

Votre retour d’entrepreneur à titre plus personnel – pour ceux tentés par cette aventure ?

Nous sommes dans une profession qui a été pendant longtemps dans un certain conservatisme, avec des process en matière de facturation, de gestion clients, ou une solennité qui ne sont pas toujours adaptés aux nouveaux défis de la digitalisation.

Nous l’avons compris et nombreux sont ceux qui travaillent au quotidien à offrir aux justiciables un accès au droit facilité.

En tant qu’entrepreneur, je pense qu’il faut savoir faire preuve d’imagination pour être en permanence dans la créativité et l’amélioration de ce que l’on propose. En gros, ne pas s’endormir sur ses lauriers…

Aussi, comme pour tout projet, la persévérance est une qualité essentielle. Une fois qu’on a une bonne idée et que l’on a dépassé ses propres appréhensions, il faut la mettre en œuvre. On rencontrera alors assurément de multiples obstacles.

D’abord c’est un terrain nouveau, il y aura donc peu de modèles et quelques tâtonnements. En outre, il faut se préparer à affronter beaucoup de difficultés techniques. Créer des plateformes, mettre en place des outils digitaux qui supposent des compétences d’ingénieurs, ne font pas naturellement parti de l’ADN de tout un chacun.

Il faut donc un apprentissage, pour savoir ce que peut la technique, trouver le bon interlocuteur pour la concrétisation, avancer avec lui en essayant de comprendre sa technique et la conjuguer avec notre logique, pour faire naître un projet en ligne. C’est juste déjà un travail énorme, en amont !

Ensuite, il faut ajuster, tester toutes les fonctionnalités à chaque étapes, parfois renoncer à certains aspects, etc. A cela s’ajoute le travail de rédaction, de business développement, d’organisation et de communication.  Cela demande beaucoup de temps et des moyens financiers.

LegalTech - équipe et teamwork

C’est justement le dernier obstacle, car on peut avoir envie de se lancer sans en avoir les moyens. Cela peut être dissuasif, mais ce n’est pas insurmontable, car il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités de financement (aides publiques, crowdfunding, business angels, fonds d’investissement, etc.), outre les modalités classiques de crédits, pour porter nos désirs entrepreneurs.

Enfin, en tant qu’avocats, nous n’avons pas eu trop de difficultés sur les aspects juridiques, mais cela reste un point critique de la création d’une entreprise (pacte d’associés, statuts d’entreprise, droit de la propriété intellectuelle, mentions légales…)

Au-delà de ces difficultés, l’expérience entrepreneuriale  est très stimulante : on ne compte pas ses heures quand on aime ce qu’on fait !

Article préparé avec Coralie Meynier.