Après 2 ans d’existence en France, les MOOC confirment leur percée dans l’enseignement supérieur et renforcent les attentes des Alumni envers les écoles.

D’où viennent les MOOC ?

En 2010, Salman Khan, un jeune Américain, lance la Khan Academy grâce à un financement de 2 M$ de Google : des vidéos gratuites de cours sur de très nombreux sujets sont mises en lignes.

En 2011, Sebastian Thrun, (Google Car, Google Glass…), après avoir vu Salman Khan à une conférence TED met en ligne son cours sur l’intelligence artificielle : 160 000 personnes s’inscrivent dans 190 pays. Thrun crée alors Udacity, et en réponse, le MIT et Harvard lance edX, et Stanford Coursera. La vague des MOOC commence à déferler sur le monde. En 2013, la France inaugure FUN (France Université Numérique).

En quoi consistent les MOOC ?

Les MOOC (Massive Online Open Courses : des cours en ligne ouverts à tous) s’inscrivent dans l’évolution de la formation à la carte, en capitalisant sur les formats de l’enseignement et les évolutions d’internet.

Initialement inspirés par les cours traditionnels, les MOOC prennent a forme de sessions hebdomadaires avec des cours (~10 vidéos de ~10 minutes) et des exercices notés.

Le business mondial de l’enseignement supérieur

#Business

D’abord, malgré dans une tradition d’enseignement gratuit, les Etats européens soumis à l’inflation des dettes souveraines depuis 2008 cherchent de nouvelles sources de financement. Totem tabou en France, le financement des études supérieures est pris en tenailles entre :

  • une hausse des coûts : à la fois le coût unitaire d’études plus techniques et donc plus onéreuses, et une augmentation continue du nombre d’étudiants ;
  • un tarissement des sources de financements des Universités et Ecoles, que ce soit de la part de l’Etat, des chambres de commerce, des collectivités locales… tous exsangues.

Les réformes successives (Lois Pécresse, Fioraso) ouvrent le champ aux Institutions pour se doter de fondations et collecter directement des fonds auprès des acteurs du privé et des anciens. Avec le devoir d’utiliser ce véhicule de financement et de devenir attractif aux financements ! Il faut dorénavant gérer une marque, des produits et des services… comme une entreprise.

#Mondial

En dépit des classements nationaux de magazine et de ministère, les classements de référence sont désormais internationaux (ex : PISA et Shangai). Critiqués mais analysés, ils donnent la dimension de la concurrence féroce, qui accélère en France la course à l’échelle des différents acteurs (écoles d’ingénieurs, Business Schools).

Les MOOC : un levier pour l’enseignement supérieur

Le lancement de FUN illustre l’impératif de la concurrence mondiale. Après une annonce en juillet 2013, le Ministère de l’ESR lance la plateforme en octobre suivant. L’enjeu est de devenir la plateforme de référence des cours en ligne – auprès de la communauté francophone – et de faire rayonner ainsi les institutions françaises.

#FUN : 2 ans après des résultats encourageants

  • FUN propose 140 MOOC au deuxième trimestre 2015 (plus de 500 pour edX et de 1000 pour Coursera),
  • Les MOOC de FUN ont été produits par 50 institutions dont 2 universités tunisiennes, une belge et une suisse,
  • FUN compte près de 370 000 comptes et plus de 870 000 inscrits à ses MOOC, soit en moyenne, plus de 2 MOOC par apprenant et plus de 7 500 inscrits par MOOC.

#levier de développement

Au niveau de chaque institution, les MOOC sont un levier de modernisation des enseignements : comme souvent, ce nouvel outil et son format forcent à revivifier ses habitudes de professeur au service des étudiants. Le MOOC ouvre la classe à de nouveaux élèves, qui ne sont pas dans les locaux. En dépit d’un coût initial apparemment élevé, les pionniers ont vite « amorti » cet investissement à titre personnel ainsi que pour leur faculté. Augmentant la visibilité et l’attractivité de leur institution, les MOOC permettent aussi de tester des nouveaux sujets – ou a minima d’élargir la diffusion de savoir auprès d’une communauté beaucoup plus large.

#levier de réduction des coûts et de « scalabilité »

En 2014, Michel Serre incite Stanford à réallouer ses budgets immobiliers dans les MOOC.

Au-delà de cette prise de position, une nouvelle vision de la diffusion de savoir s’ouvre : l’économie internet appellerait cela la scalabilité. Une fois construit, le MOOC peut être décliné et répliqué à faible coût d’adaptation. Par exemple, une partie du cours peut être utilisé dans un contexte de SPOC (Single Private Open Course, c’est-à-dire un cours privé, dédié à une population d’étudiants ou de professionnels). Le contenu peut également être diffusé en complément du cours en amphi, qui peut devenir alors une session plus interactive.

La pérennisation du modèle : le Lifelong Learning ?

Encore relativement émergent, et fortement innovant (pour mémoire, Coursera a été lancée en 2012…), les MOOC sont cependant incontournables pour les grandes écoles françaises, que ce soit dans leur rayonnement international, auprès des Alumni, et des professionnels.

Comme en a témoigné Pierre Rolin en juin 2015, les 10 MOOC de l’institut Mines Telecom ont été suivis à 80% par des salariés.

Notre recherche ISlean consulting confirme l’intérêt des Alumni à poursuivre leur formation tout au long de leur vie :

  • Bien que 36% des répondants ont consulté leurs cours après leur sortie d’école, seuls 22% ont éprouvé le besoin d’aller interroger leur professeur,
  • 87% des répondants souhaitent que leurs écoles mettent en place un « réseau social de la connaissance entre l’école et ses Alumni »,
  • 56% sont même prêts à produire des contenus pour alimenter ce réseau de savoirs !

Cette enquête traduit à la fois un besoin des Alumni de maintenir son savoir d’une façon simple, mais aussi leur souhait de pouvoir échanger entre camarades, le tout sous le regard de l’Ecole. Cela prolonge les fonctionnalités actuelles des MOOC, encore très top-down.

Ce que certaines écoles de commerce ont engagé avec le Lifelong Learning qui vise à remettre l’Ecole (et pas seulement l’association des anciens) au cœur de l’animation de la communauté.

La synthèse de notre étude sur les MOOC