Le secteur de l’éducation traverse une accélération avec de fortes mutations : réformes, régionalisation, impact du numérique… Nous suivons de près les évolutions liées au numérique dans le secteur de l’éducation.  Cette semaine nous attardons sur l’orientation scolaire dans le secondaire et l’enseignement supérieur. Pivot vers l’enseignement supérieur, le secteur de l’éducation secondaire mène une profonde mutation, avec la réforme du lycée et du baccalauréat général et technologique de 2018.

L’orientation scolaire : problématique au coeur des réformes dans l’éducation

La volonté d’accompagner les élèves dans leur orientation, au cours du cursus scolaire, a été réaffirmée et renforcée par les dernières réformes. L’accompagnement à l’orientation est balisé, avec des heures spécifiquement consacrées à l’orientation. Par exemple, en classe de seconde, un véritable temps fort voit le jour avec deux « semaines de l’orientation », au premier et deuxième trimestre de l’année scolaire. Pour accompagner les élèves, les équipes éducatives se voient proposer des outils, des pistes d’action et des ressources.

Dans la loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018, un volet porte sur l’amélioration de l’orientation des jeunes. L’objectif est par exemple de « faire découvrir les filières et les métiers en incitant les professionnels à les présenter dans les collèges et les lycées ».

Cet effort sur l’orientation se retrouve à tous niveaux : collège, lycée, postbac et tout au long de la vie.

Ci-dessous notre synthèse de l’accompagnement de l’orientation des élèves sur la base des référentiels de l’Education Nationale.

Organisation de l’Orientation scolaire

Ecole orientation scolaire

Réforme du lycée général

La réforme du lycée et du baccalauréat général et technologique de 2018 a été construite pour se concentrer sur le projet professionnel de l’enfant (ci-dessous, notre synthèse des points remarquables de la réforme du lycée et baccalauréat).

Ecole orientation scolaire

 

Enjeux et tendances dans l’enseignement supérieur

Dans l’enseignement supérieur, les évolutions récentes sont aussi nombreuses, ci-dessous une synthèse des enjeus et tendances du secteur.

Ecole orientation scolaire

Marchandisation des savoirs

l’émergence d’une économie de l’enseignement supérieur s’accélère avec des études s’assumant dorénavant comme un investissement personnel, c’est-à-dire montrant leurs voies de sorties et salaires, et présentant en conséquence les coûts de scolarité (ex : master spécialisés…). Les étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur privé ont augmenté de 77% entre 1998 et 2018 avec plus de 520 000 étudiants alors qu’ils ont progressé de seulement 6% dans l’enseignement supérieur public. A présent, un étudiant sur cinq est inscrit dans un établissement supérieur privé, c’était un sur huit il y a 20 ans. Cette marchandisation des savoirs amène une marchandisation de l’orientation avec l’émergence d’organismes d’intermédiation rémunérés, comme a pu l’être l’Etudiant ou de façon plus récente Diplomeo. Cette plateforme permet aux étudiants ou salariés souhaitant changer d’orientation, de réaliser des bilans de compétences synthétiques puis de les mettre en relation avec les organismes de formation.

Développement des attentes sociétales 

Des nouvelles filières voire écoles en lien avec les attentes sociétales voient le jour par exemple dans le secteur de l’environnement. Ces nouveaux parcours sont des réponses à des changements de paradigme de nos sociétés (ex : M2 « Adaptation aux changements climatiques : développement soutenable et environnement » de l’université de Paris Saclay).

Développement du numérique et nouveaux modèles 

Des nouveaux acteurs venus du numérique apparaissent et inversement, les acteurs traditionnels ont pu évoluer avec le numérique. Par exemple, Digital Campus a ouvert 2 nouvelles écoles à Nantes et Aix-en-Provence en 2020. Les tendances et l’industrie de l’EdTech (startup spécialisées dans des nouvelles offres pour l’enseignement) sont aussi visibles avec la multiplication des Mooc (Coursera, FUN…) (« MOOC ET UBERISATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : QUELLE PLACE POUR LA FRANCE ? » 2015, étude ISLEAN).

Réforme réglementaire et gouvernance / Equilibre économique 

La tendance globale de l’enseignement supérieur public est à l’autonomisation des universités depuis la loi LRU de 2007. Les universités accèdent à l’autonomie budgétaire et de gestion de leurs ressources humaines. L’Etat se désengage des universités et les universités doivent trouver des nouveaux relais de financement (apprentissage, formation continue, fondation). Toutefois, cela crée de nouvelles dynamiques budgétaires au sein des établissements et le besoin de trouver de nouveaux relais de financement pour les Universités.

Concurrence 

Les différents établissements de l’enseignement supérieur public et privé sont en compétition à l’échelle nationale mais aussi internationale. En quelques années, le classement de Shangaï est devenu une référence, après avoir été une source de rejet puis d’irritation pour les établissements français. On voit de plus en plus s’opérer un changement de posture : les établissements doivent convaincre les étudiants de les rejoindre, en travaillant sur leur attractivité, dans cet environnement concurrentiel plus intense.

Augmentation du nombre d’étudiants

En 2000, la France comptait 2,16 millions d’étudiants, en 2010, 2,32 millions et en 2020 2,73 millions. Cette augmentation d’environ 2% par an est à prendre en compte pour les établissements d’enseignement supérieur qui doivent se structurer en conséquence. Traitée dans un premier temps par de vastes schémas directeurs immobiliers, pour remettre le parc et les locaux à niveau, la pression de l’accueil et de la réussite des étudiants augmente aussi avec le nombre.

Fusion et course à la taille critique

En réponse à la concurrence mondiale, pour développer l’attractivité et massifier les ressources immobilières et humaines, les universités se rassemblent, les écoles fusionnent. Les communautés d’universités et établissements (ComUE), créées en 2013, facilitent la structuration progressive de ces regroupements entre établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Cependant, ces rapprochements amènent leurs propres problématiques de fusion en partant souvent d’équipes et de pratiques pédagogiques hétérogènes, de cultures différentes à aligner, voire de logiques de marques, des redondances ou recouvrement de parcours.

Attentes des entreprises

L’augmentation du nombre de partenariats entre l’enseignement supérieur et les entreprises se fait dans une perspective de recrutement des futurs collaborateurs et d’évolution des compétences. Face à la « guerre des talents » que se livrent les entreprises dans les secteurs en développement économique, ces dernières peuvent s’inviter plus souvent dans les programmes ou l’enseignement supérieur. Certains entrepreneurs n’hésitent plus à créer directement leur école, en dehors de tout circuit traditionnel (ex : école 42, créée par Xavier Niel sur les compétences numériques).

Attente des étudiants 

A l’image générale d’une société qui augmente ses attentes sur chaque volet de sa consommation, et face à un niveau de chômage du marché français qui reste l’un des plus élevés de l’OCDE depuis longtemps, les étudiants ont élevé leurs exigences vis-à-vis de l’enseignement supérieur : les étudiants veulent des formations avec des débouchés sur l’emploi. Pour répondre à cette demande, certaines plateformes de l’économie numérique vont jusqu’à garantir le remboursement de la formation suivie, si l’étudiant ne trouve pas d’emploi six mois après la formation[7].