En cette période de fête et pour continuer dans la lignée de nos entretiens entrepreneur, nous avons eu la chance de rencontrer Yoann Magnin, fondateur de Solikend, le dispositif innovant de tourisme solidaire. Yoann partage pour ISLEAN son aventure entrepreneuriale.
En quelques mots, Solikend c’est quoi ?
Le but de Solikend est de transformer les chambres d’hôtels inoccupées en chambres associatives. C’est un concept surprenant puisque 100% du paiement de la nuité est reversé aux associations.
L’idée est venue du croisement de 2 constats :
- la difficulté pour les associations de trouver des fonds pour mettre en place des actions associatives,
- la disponibilité des chambres des hôteliers de la région.
Le concept imaginé autour de ces deux constats a été challengé en partenariat avec des professionnels du secteur hôteliers et associatifs pour bâtir avec eux les fondations de ce que serait Solikend.
Initié à Biarritz il y a 3 ans, le projet a été pour la première fois expérimenté en 2018 avec 7 hôtels et 3 associations partenaires. L’objectif de cette expérimentation était de prouver que chaque acteur du système bâti – associations, hôteliers et client – jouerait son rôle dans la chaîne dans un modèle économique novateur.
Le modèle de Solikend se veut être positif pour le client en terme d’expérience et d’engagement, positif pour les associations en terme de capacité de financement, et aux hôteliers en terme de valorisation et de démarche citoyenne.
L’offre proposée est une offre solidaire.
Selon les offres, 5 à 25% du prix de la chambre est reversé à une association. Association elle-même choisie par le client. C’est également le client qui assure aujourd’hui la rémunération de Solikend. Rémunération proposée sous la forme d’une contribution lui étant suggérée à la réservation de la chambre.
Les client jouent naturellement le jeux et laissent généralement entre 15 et 20% de prix de la chambre en rémunération car ils sont sensibles aux problématiques de Solikend et souhaitent d’eux-même soutenir une association.
Mais d’où vous est venue l’idée de Solikend ?
Le concept de Solikend a été imaginé dans un hôtel et construit en concertation avec les professionnels de l’hôtellerie et de la vie associative.
Sur cette base, le projet a naturellement évolué en start-up et remporté plusieurs appels à projet en Nouvelle Aquitaine, et est depuis septembre officiellement lancé.
Une précédente expérience en tant qu’entrepreneur ?

Yoann Magnin, Fondateur de Solikend
Ingénieur de formation et salarié du ministère de l’écologie, depuis plusieurs années, Yoann Magnin a eu envie de quitter ce qu’il connaissait pour évoluer dans le monde de l’entrepreneuriat.
Motivé par l’envie de porter un projet qui a du sens, l’idée de développer un concept qui présente de nombreux intérêts sur le plan social et d’avoir un impact significatif dans cet environnement fait pour lui totalement sens.
Rejoindre l’incubateur ESTIA a été l’élément déterminant qui a permis de pleinement s’intégrer dans l’univers start-up, d’être entouré de personnes avec les mêmes problématiques, et de bénéficier de l’accompagnement de professionnels tel que le CSO.
Aujourd’hui Solikend ça donne quoi ?
Solikend est depuis passé de l’incubateur à la pépinière, où l’accompagnement est plus réduit car l’entreprise plus structurée. Mais Solikend continue de bénéficier du dynamisme et conseils des autres structures.
Les offres sont officiellement ouvertes au grand public depuis le 25 septembre 2019 et leur réputation commence à grandir. Ce manque de recul ne permet pas encore de pouvoir réellement mesurer l’impact et l’intérêt pour le grand public.
Les hôtels partenaires et organisations non gouvernementales ayant rejoint la communauté Solikend ont permis de proposer plus de 225 000 € de nuits solidaires sur le site dès son lancement. Une offre qui leur permettra, ils l’espèrent, de rapidement trouver son public.
Et demain ?
Chez Solikend on évite de confondre vitesse et précipitation. L’objectif pour les 3 prochaines années est d’accroître l’offre d’hôtels et d’associations et de réussir à vendre 2 000 nuits solidaires par an.
Une évolution à l’international sera toujours une option à envisager dans le futur mais ce n’est pas la priorité. Il est d’abord nécessaire de démontrer que le système est viable en France. S’il est démontré que le projet fonctionne en France, il peut être rapidement reproductible à l’international.
Une expérience ou des conseils à partager ?
Un entrepreneur qui réussit est un entrepreneur qui est à l’écoute et qui fait en sorte de s’améliorer chaque jour.
Le principal est de pouvoir être entouré et accompagné, tout en restant ouvert aux remises en question et aux critiques. Eviter de vous lancer en ayant la conviction que l’idée est bonne et de ne pas chercher à se faire challenger et accompagner.