Il y a quelques mois, nous vous présentions les entreprises derrière les acronymes GAFAM, BATX et NATU. Pour la plupart, ces entreprises ont fondé leur business model sur la notion de “plateforme” dont le but est de créer des ponts entre différents acteurs du marché. Le phénomène de plateformisation, plutôt attribué aux nouvelles entreprises digitales, s’étend aujourd’hui aux entreprises dites traditionnelles. Decathlon par exemple, innove en proposant un nouveau modèle d’abonnement de location longue durée. L’initiative compte ainsi impliquer aussi bien ses clients habituels que des clubs de sports ou bien les marques de sa marketplace pour favoriser l’utilisation responsable de ses produits.
Le but de cet article est de vous présenter le phénomène de plateformisation et ses particularités ainsi que les principaux enjeux pour les entreprises traditionnelles.
La tendance de fond
Poussé par les précurseurs de l’économie digitale, le monde tend depuis plusieurs décennies à l’hyperconnectivité. En se nourrissant de la massification des usages du web et des terminaux mobiles, les entreprises comme les GAFAM ont modifié la rencontre entre offre et demande, et sont devenues un canal de distribution essentiel pour des millions d’entreprises, notamment à l’international. L’hyper présence du numérique, la quantité abyssale de données à traiter posent des enjeux de positionnement pour les entreprises traditionnelles qui doivent réinventer leur business model. Pour tirer pleinement profit de la technologie, ces dernières ne peuvent plus se positionner comme de simples “fournisseurs” de produits ou services, mais comme des entreprises intégrées situées au cœur d’un écosystème d’acteurs (fournisseurs, clients, collaborateurs et autres stakeholders).
La plateformisation, qu’est ce que c’est ?
Dans ce modèle de “plateforme multi-face”, la valeur ajoutée vient du rôle agrégateur d’une entreprise et de sa capacité à connecter les groupes les uns aux autres. Par exemple Uber est en relation étroite avec près de cent millions de clients et environ trois millions de chauffeurs ; mais au-delà, cette société interagit également avec de nombreuses banques, des systèmes d’information routière, des réseaux sociaux. Le modèle de plateforme touche donc aussi bien la proposition de valeur d’une entreprise que son organisation interne qui doit lui permettre de créer ces connexions facilement et à moindre coût.
Les plateformes s’appuient sur deux effets de levier :
- L’effet de réseau qui consiste à maximiser le nombre d’utilisateurs pour que l’utilisation d’un bien ou service par de nouveaux utilisateurs augmente la valeur de ce même bien ou service pour les utilisateurs déjà existants
- La prime au premier en se positionnant le plus rapidement possible comme la plateforme de référence et capter ainsi le plus d’utilisateurs
Les plateformes peuvent être de plusieurs natures :
- Sociales en permettant à différents acteurs de communiquer et d’échanger entre eux comme Facebook ou WhatsApp
- Interactionnelles en se positionnant comme intermédiaire dans l’interaction entre deux acteurs à la manière d’Indeed
- Transactionnelles à l’image des marketplaces comme Amazon ou Alibaba
D’autre part, on peut difficilement parler de plateforme sans parler d’API. Une Application Programming Interface peut être définie comme un ensemble de définitions et de protocoles qui permettent aux produits et services technologiques de communiquer entre eux via Internet. L’API apporte de fait du dynamisme à une plateforme en facilitant la création de liens directs et normalisés avec ses partenaires. La plateforme peut ainsi être au cœur de cet écosystème d’acteurs. Quand Google ouvre des accès à sa base de données pour que les développeurs puissent créer des applications compatibles, la plateforme valorise son offre tout en renforçant son écosystème de partenaires.
Quelles solutions pour les entreprises traditionnelles ?
L’enjeu pour les entreprises traditionnelles est de transitionner vers cette nouvelle organisation. En effet, ces entreprises possèdent souvent un lourd héritage informatique (legacy) compliqué à faire évoluer. Elles doivent idéalement s’orienter vers une architecture ouverte pour être en capacité d’ajouter facilement de nouvelles briques de services. Sur le court terme, une des solutions est de créer des infrastructures digitales souples en “sur couche” du système principal afin d’optimiser certaines fonctionnalités SI. Sur le long terme, il s’agit de réaliser de grands programmes industriels destinés à faire migrer progressivement données et applications dans un modèle cloud pour gagner en agilité.