Avions nous besoin d’un nouveau rapport pour prendre conscience de l’urgence climatique ? Il semblerait que oui. Le 28 juin 2023, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a diffusé son rapport annuel « Acter l’urgence, Engager les moyens ». Dans ce rapport, le HCC émet un regard sur les initiatives climatiques de la France en 2022. A quelques mois de la COP28 à Dubaï, le HCC émet un cri d’alerte sur les évolutions climatiques de la dernière année et souligne les efforts qui restent à fournir pour respecter les engagements pris dans le plan européen « Fit for 55 ». Dans cet article, je tenterai de synthétiser les principaux apprentissages de ce rapport.
Le plan européen « Fit for 55 »
Tout d’abord, introduisons le plan européen « Fit for 55 » et ses principes.
Le paquet législatif européen Fit for 55 est un ensemble de propositions de politiques et de réglementations présenté par la Commission européenne en juillet 2021. Son objectif principal est de renforcer les efforts de l’Union européenne pour lutter contre le changement climatique et atteindre ses objectifs en matière de neutralité carbone d’ici 2050. Voici les points clés de ce paquet :
- Objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre : Le paquet Fix for 55 propose d’augmenter l’objectif de réduction des émissions de l’UE pour 2030, passant de 40 % à au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990.
- Système d’échange de quotas d’émission (SEQE) : Le SEQE, qui est le principal outil de tarification du carbone de l’UE, sera révisé et élargi pour inclure de nouveaux secteurs tels que le transport routier et maritime, ainsi que l’aviation.
- Normes plus strictes pour les voitures et les camions : Des normes d’émission plus strictes seront mises en place pour les véhicules légers (voitures) et les véhicules lourds (camions) afin de stimuler l’adoption de véhicules à faibles émissions et d’accélérer la transition vers la mobilité propre. Nous pouvons notamment penser à la généralisation des ZFE (Zones à faibles émissions).
- Renforcement des énergies renouvelables : L’UE vise à porter la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie à au moins 40 % d’ici 2030, et de nouvelles mesures seront prises pour promouvoir les sources d’énergie propre, telles que l’énergie éolienne et solaire.
- Taxe carbone aux frontières : Une taxe carbone aux frontières sera introduite pour limiter les distorsions de concurrence avec les pays qui n’ont pas des politiques aussi ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique. Cette taxe s’appliquera aux importations de certains produits à forte intensité carbone.
- Rénovation des bâtiments : Des mesures seront prises pour encourager la rénovation énergétique des bâtiments, afin de réduire leur consommation d’énergie et leurs émissions de manière significative.
- Développement des transports durables : Des initiatives seront lancées pour favoriser le transport durable, notamment en promouvant le transport ferroviaire, en développant des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques et en améliorant l’interopérabilité des systèmes de transport dans toute l’UE.
- Modernisation du secteur de l’électricité : Des réformes du marché de l’électricité seront entreprises pour faciliter l’intégration des énergies renouvelables, améliorer l’efficacité énergétique et encourager l’utilisation de technologies de stockage d’énergie.
Les principaux constats du rapport du HCC
Constat 1 : L’année 2022 a été exceptionnellement chaude et sèche en France.
Les températures ont augmenté de 2,9°C par rapport à la période 1900-1930, tandis que les précipitations ont été inférieures de 25% par rapport à 1991-2020. Cette combinaison a entraîné une sécheresse des sols superficiels pour les trois quarts du pays de juillet à septembre. La production agricole a été affectée avec des baisses de rendement de 10 à 30% dans certaines filières. La température record de l’année 2022 correspond à la température moyenne en France à horizon 2050-2060 pour un niveau de réchauffement planétaire qui atteindrait 2°C.
Constat 2 : Les émissions de gaz à effet de serre en France ont diminué de 2,7 % en 2022 par rapport à 2021
Ce niveau est 25 % au-dessous de leur niveau de 1990 selon les données provisoires. La baisse des émissions de GES en 2022 est le résultat de fortes baisses dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie, partiellement compensées par des hausses dans les secteurs de la transformation d’énergie et des transports. Les rythmes de baisse des émissions sur la période récente sont insuffisants dans tous les secteurs pour atteindre les objectifs du Fit for 55 d’ici 2030, sauf dans le secteur du bâtiment.
Constat 3 : Des documents stratégiques structurent l’approche d’ensemble mais ces derniers manquent de cohérence et d’alignement.
Les documents stratégiques ne sont pas tous calibrés au niveau nécessaire à l’atteinte des objectifs 2030 du Fit for 55. Aucun document stratégique ne permet de guider l’ensemble de l’action de la France hormis la SNBC 2, qui n’est pas un document opérationnel. Les plans existants sont généralement bien cadrés, mais les dispositifs de suivi et d’évaluation sont souvent incomplets. Les dépenses favorables au climat diminuent alors que les dépenses défavorables ont augmenté du fait du bouclier tarifaire. La Loi de Programmation quinquennale sur l’Énergie et le Climat prévue pour 2023 doit permettre d’ajuster ces objectifs et d’assurer « l’actionnabilité » de ces derniers.
Constat 4 : Le pilotage de la transition reste incomplet
Les indicateurs de progrès existants fournissent un tableau de bord relativement complet des enjeux de transition mais ne permettent pas de réaliser une évaluation complète de l’alignement avec la trajectoire de la SNBC. Tout d’abord, plus de la moitié des sous orientations sectorielles n’ont pas d’indicateur associé. D’autre part, de nombreux indicateurs ne sont pas associés à une base de données existante ou ne sont pas mis à jour régulièrement.
Plus de 3 145 lois climatiques sont en place au niveau mondial, qui ont permis d’éviter d’émettre plusieurs milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an. Malgré les avancées récentes, les politiques publiques actuelles mondiales, sans renforcement, conduiraient à un réchauffement planétaire estimé à 3,2°C d’ici 2100. Selon le rapport du HCC, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de plus de 20 % en 2030 et 45 % en 2040 par rapport à leur niveau de 2019 pour être en ligne avec une trajectoire permettant de limiter le réchauffement sous 2°C. Les principaux freins à l’atteinte de ces objectifs sont la difficulté de rendre les politiques publiques actionnables et la difficulté de pilotage des différents secteurs et du secteur privé. La France a encore un long chemin à parcourir.
Je vous partage ici un commentaire d’un de nos lecteurs qui souhaite conserver l’anonymat :
« Rapport du HCC de mon point de vue sans intérêt.
La France au top en la matière grâce au nucléaire, le chauffage électrique et ses voitures propres. Et hélas sa désindustrialisation massive.
Toute mesure venant de la France pour lutter contre le CO2 ne peut être que ruineuse et inefficace.
Alors que nous avons besoin d’être riches pour pouvoir tenir le véritable objectif stratégique qui est l’économie circulaire tout en étant compétitif à l’international. (C’est mal parti, tous nos indicateurs sont au rouge).
Le CO2 n’est qu’une diversion inepte par rapport à ce véritable objectif de développement durable qui est le zéro consommation de ressources primaires.
Qui présente en plus l’intérêt d’être efficacement mesurable contrairement à la non-production de gaz à effet de serre : ratio de consommation de ressources primaires recyclées (et non pas décyclés=recyclage une fois) vs ressources extraites du sol.
Après cela crée un business de conseil absolument extraordinaire ! Difficile à ignorer avec le buzz fait sur tous les médias plusieurs fois par heure ! »