Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance d’échanger avec Karel Bourgois, fondateur de Voxist. L’application permet deux fonctionnalités principales : personnaliser la messagerie vocale en fonction de l’appelant et retranscrire le message voix en texte. Karel partage pour ISlean consulting son aventure entrepreneuriale et son expérience.
Quel est le problème d’origine à résoudre que vous avez identifié et qui a lancé le projet ?
On est parti du constat que le répondeur téléphonique n’a pas changé depuis l’époque du répondeur à cassette. On n’a plus les touches physiques mais fonctionnellement, il n’apporte rien de plus. Le résultat est qu’il existe beaucoup de frictions avec les personnes qui n’ont pas le souhait d’écouter leurs messages ou lorsqu’elles appellent trouvent que les messages ne sont pas informatifs. La conséquence est qu’il y a plus de 60 % des appels à destination des PME qui n’ont pas de réponse. L’ensemble génère une frustration pour les personnes qui appellent. On essaie de solutionner ces deux problèmes.
Quelle est la solution que vous proposez pour y répondre ?
Aujourd’hui on a commencé avec un produit axé sur deux axes pour créer un répondeur intelligent :
- Améliorer l’accueil pour les appelants :
- L’application permet de personnaliser les annonces d’accueil au lieu d’avoir la même annonce pour tout le monde. Dans les faits, c’est une annonce enregistrée spécialement pour une personne nommément identifiée
- Il est aussi possible d’industrialiser cette personnalisation pour toucher plus de monde en écrivant un message de son choix en amont avec des mots clés (prénom, nom, nom de la société…) et en choisissant la voix d’un assistant vocal pour lire le message
- Retranscrire le message en texte : une fois que la personne a laissé le message, on va rendre le répondeur plus efficace pour l’utilisateur. Certaines personnes n’aiment pas écouter, d’autres ne peuvent pas écouter car elles sont en réunion ou débordées. Grâce à la retranscription écrite, on peut savoir d’un coup d’oeil la provenance et la pertinence du message. La retranscription n’est encore pas parfaite notamment pour les noms, les prénoms et les marques mais elle est suffisante pour la compréhension.
Un support multilingue permet aussi de gérer jusqu’à 140 langues.
Une autre fonctionnalité permet de recevoir les messages par mail sur plusieurs mails en même temps en fonction des groupes de contacts. Cela peut être utile pour des commerciaux qui travaillent à plusieurs. Si un des commerciaux est en vacances l’autre peut recevoir le message par mail et pourra réagir si l’appel est pertinent.
L’idée à terme est de transformer le répondeur en un assistant vocal. Les technologies ont évolué avec les progrès de l’intelligence artificielle (IA). Dans les faits, la montée du chat n’a pas fait disparaître la voix. Il y a une démultiplication des canaux de communication et une augmentation du volume global de la voix, qui reste le moyen roi pour joindre une personne d’un point de vue marché.
Voxist aujourd’hui ?
On a lancé le projet en août 2016, la commercialisation en janvier 2018 en France et en mars 2019 aux Etats-Unis. Depuis fin juin, on a environ 2 000 utilisateurs dans chaque pays, à 50-50 entre les deux pays. Nous sommes 4, avec une associée à New York et deux développeurs et moi-même ici à Paris. On a une croissance importante aux US. Nous avons un business en freemium : avec le modèle gratuit, on a une limitation du nombre de retranscriptions, de langue puis si on veut aller plus loin, on a des abonnements à 5 et 10 euros par mois ou sur-mesure pour les entreprises (en B to B).
Aux Etats-Unis, nous avons signé deux contrats de distribution avec des sociétés télécom qui proposent Voxist à leurs entreprises clientes.
Les prochaines étapes ?
On souhaite mettre en place un assistant vocal interactif pour les restaurateurs. Lorsqu’on tombe sur la messagerie d’un restaurant, le répondeur propose de prendre une réservation ou un message. Dans le cas d’une réservation, le client va interagir avec un callbot puis le restaurateur vous confirme par SMS la réservation. C’est intéressant pour les restaurateurs car un appel raté, ça peut être des couverts manqués et si le client va passer par une plateforme, une marge est prélevée. Le lancement commercial est prévu pour fin 2019.
On souhaite aussi développer la partie commerciale. On a des discussions avec des grands groupes et des opérateurs télécoms en France et à l’étranger pour mettre en place notre solution. Aujourd’hui l’approche internationale est opportuniste.
Comment avez-vous lancé le projet ?
J’ai eu plusieurs accompagnements pour lancer le projet. J’ai suivi le Founder Institute qui m’a permis d’affiner l’idée du projet et de bien définir le besoin.
L’incubateur Dojo, également actionnaire, nous conseille. J’ai également été pris dans le programme Réseau Entreprendre un réseau qui regroupe d’anciens entrepreneurs aidant les nouveaux projets notamment par des prêts. Il y aussi des Business Angels qui nous aident financièrement ou par leur expérience.
Quel apport personnel et partage d’expérience en tirez-vous ?
C’est une expérience très enrichissante car il y a un nombre colossal de domaines que l’on aborde alors que ce n’était pas le cas dans le salariat. On apprend à gérer beaucoup de domaines et de situations. J’ai aussi appris que tout se passe beaucoup plus lentement qu’on ne voudrait croire. C’est le cas avec des opportunités initiées il y a 10 mois et qui commencent juste à porter leur fruit. Cependant, on est content car les clients sont satisfaits du produit.
L’expérience que j’en tire, c’est aussi le développement autour du vocal. J’ai créé une association Le Voice Lab regroupant une trentaine de sociétés et de laboratoires qui travaillent dans le domaine du vocal en France pour créer un écosystème. Dans les 5 à 10 ans, les technologies de la voix vont encore évoluer.
Quels conseils donnez-vous à ceux qui ont envie de se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Un des premiers conseils est de s’entourer, il y a beaucoup de solutions et d’incubateurs : Réseau entreprendre, Dojo, Station F, The Family…Il faut s’entourer de personnes avec lesquelles on s’entend bien. Il faut aussi se préparer aux montagnes russes : au haut mais aussi au bas car il y en a. Il faut essayer les choses rapidement, et ne pas avoir peur que ça ne marche pas. Et si c’est le cas, il faut comprendre pourquoi ça n’allait pas pour itérer. Le contact avec le client est aussi important pour savoir si le produit plaît. Il faut les écouter mais aussi croire en soi car parfois on a des retours sur d’éventuels changements à opérer mais en fait, il ne faut pas les suivre car le produit marcherait moins bien qu’avant. Il faut croire en ses convictions.