En pleine réforme des retraites, la question de l’épanouissement au travail est au cœur des débats. Quelle valeur accordons nous au travail ? Est ce que travailler plus longtemps serait un problème si nous pouvions accorder plus de temps à nos loisirs ? Privilégier de nouveaux modes de travail mieux adaptés à chaque individu plutôt qu’un modèle “one size fits all” ? Parmi ces “nouvelles” initiatives, nous retrouvons notamment le télétravail, dont certains ont profité pour déserter leur lieu de travail, ainsi que la semaine de 4 jours. C’est cette dernière mesure qui fera l’objet de cet article.

Plusieurs pays se sont déjà lancés dans la démarche de réformer leur modèle autour du travail. L’Islande permet aujourd’hui à 86% de ses actifs de bénéficier de la semaine de 4 jours. Au Royaume Uni, 60 entreprises, soit 3000 salariés, testent la semaine de 4 jours depuis juin 2022. La France, qui peut être considérée comme plus “traditionnelle vis-à-vis de ces nouvelles pratiques, emboîte le pas à l’image de l’entreprise Welcome to the Jungle (WTTJ). L’entreprise diffusait sur ces réseaux un webinaire  pour partager son retour d’expérience dans la mise en place de la semaine de 4 jours. Voici un résumé de cette diffusion.

La semaine de 4 jours : comment tout a commencé ? 

L’expérimentation de la semaine de 4 jours ou 4DW (4 Day Week) a été lancée en juin 2019. Le but global, devenir une entreprise dans laquelle on puisse se projeter 15-20 ans en ayant un meilleur équilibre vie pro/perso. WTTJ a donc commencé par une expérimentation lancée cross team sur 4 mois en sachant que tout ne serait pas parfait du premier coup. Pour piloter l’étude, l’entreprise s’est fait accompagner par un groupe de neuroscientifiques et psychologues afin de mesurer l’impact sur le bien-être, ainsi qu’une autre équipe sur les performances.

Le principe de l’expérimentation était simple, donner aux 80 participants un jour flexible mais imposé (mercredi ou vendredi), avec une certaine rotation (changement possible tous les trimestres). Le temps de s’adapter à cette nouvelle pratique, une perte initiale de productivité était prévue. L’objectif premier était donc de restaurer le niveau de productivité de départ tout en garantissant des gains au niveau personnel pour les participants.

Au lendemain de la mise en place de la 4DW, l’entreprise a en effet observé une baisse de productivité de 20%, mais qui s’est résorbée à la fin de la phase d’expérimentation pour revenir à son stade de départ. Pour les employés, le principal enjeu fut de prioriser les actions pour tenir les délais maintenant réduits. Pour l’entreprise, le défi fut de déduire de cette expérimentation le cadre nécessaire pour généraliser la semaine de 4 jours. 

En novembre 2019, l’expérience prit fin. Suite à des retours très positifs, la généralisation de la 4DW fut actée après un vote de l’entreprise avec 90% de votes en faveur. C’est aujourd’hui plus de 300 collaborateurs qui bénéficient de la 4DW.

La semaine de 4 jours : le bilan ? 

Les principaux défis dans la mise en place de la semaine de 4 jours ont été de garantir la productivité des équipes ; d’assurer le cadre légal approprié et enfin, d’assurer qu’il n’y ait pas un allongement de l’amplitude horaire. Au vu des résultats obtenus, on peut dire que le défi a été relevé. 

En préambule, WTTJ rappelle le caractère indispensable de l’accompagnement dans la transition pour éviter tout risque d’effet d’œillères, positif ou négatif et de laisser libre cours à ce sur quoi l’expérimentation doit aboutir.

  1. L’impact de la 4DW sur le bien-être des collaborateurs est sans appel. Les employés ont le sentiment d’avoir une meilleure maîtrise de leur temps ce qui a un impact direct sur leur estime de soi et sur l’équilibre pro/perso. Aujourd’hui, 99% des collaborateurs sont satisfaits et recommandent la 4DW. 95% se trouvent plus efficaces. 87% des managers sont en accord. 76% ne veulent pas repasser à la 5DW.
  2. Pas de baisse de la cohésion malgré tout : la priorisation des actions permet in fine de se réunir pour les bonnes raisons, d’éliminer les réunions inutiles, et de réaffirmer l’importance des moments ensemble
  3. D’un point de vue légal, l’entreprise a construit avec le service juridique, une charte disponible en ligne, permettant à tous (entreprise & employés) de comprendre le fonctionnement de la 4DW et son application.
  4. L’exemplarité des managers (y compris les C-level) est un élément clé pour ne pas se sentir impacté si on ne suit pas la 4DW. Ne pas contacter les gens qui sont off. S’assurer régulièrement que la charge de travail est cohérente avec le temps disponible… C’est un point qui n’est d’ailleurs pas seulement lié à la 4DW, mais qui est d’autant plus important.

Conclusion

Cela fait maintenant 3 ans que l’entreprise a mis en place la semaine de 4 jours. Avec le cadrage et l’accompagnement adapté, l’initiative a permis d’améliorer la productivité, la qualité de vie au travail et la santé mentale des employés. Selon WTTJ, elle affiche un turnover 2x moindre que sur le reste du secteur. La semaine de 4 jours est aujourd’hui un argument de taille pour l’embauche notamment sur les profils les plus expérimentés qui sont très demandeurs d’un modèle plus modulable. Peut-on rêver à une généralisation de la semaine de 4 jours dans les prochaines années ?