Le prix technologies numériques 2017 décerné le 30 mars par le Jury TELECOM ParisTech. Cette année, le prix mettait les EdTech à l’honneur avec un prix du manager de l’année, un prix des objets connectés et un prix de l’innovation. Retour sur cet événement.

 

Mardi soir, 19h, rendez-vous à l’Hotel de Lassaye, un lieu chargé à la fois d’histoire et à proximité de l’Assemblée nationale, lieu de pouvoir. Quel beau décor pour remettre le prix de l’innovation, sous les lustres en cristal. Le prix technologies numériques, qui existe depuis 19 ans, nous a permis cette année d’écouter la vision d’entrepreneurs qui pensent eux aussi que le monde de demain sera un monde apprenant !

Hotel de Lassay

Madame Laure de la Raudière introduit le sujet, en rappelant à quel point la transformation numérique nous concerne tous. Madame la député insiste d’abord sur la lucidité qu’il convient d’avoir par rapport à l’ampleur de cette transformation et le besoin d’y associer le politique plus fortement face aux choix de société que cette transformation peut ouvrir. En effet, « Quelle place pour l’homme ? » face aux algorithmes d’intelligence artificielle ou aux objets connectés ?

Après une remise des prix aux lauréats, une table ronde s’ouvre entre Marie Mérouze (Marbotic), Sarah Besnaimou (Kartable), Nicolas Hernandez (360Learning) et Georges Karam (Sequans) dont nous avons retenu les messages suivants :

# Le marché des EdTech est en train de se structurer sur un environnement déjà très concurrentiel

Les start-up lauréates ont indiqué que le secteur était un vaste « océan rouge ».  Extrêmement concurrentiel, le secteur est déjà occupé par de nombreux acteurs qui défendent fortement leurs positions. Au pays de l’éducation gratuite pour tous, cela tranche de rappeler, qu’en fait, l’éducation c’est un business ! Que si certains ont pris des positions centrales (notamment l’Education nationale en France), le marché est considérable à la fois en volume et en importance pour la société.

# Plusieurs marchés de l’EdTech

Les 3 lauréats représentent trois tranches de vie et d’apprentissage. Marbotic cible les enfants pour leur apprendre à lire et à compter. Kartable vise les élèves du secondaire. 360Learning accompagne la formation des professionnels en entreprise. Par ailleurs, Marbotic propose une solution sur la base d’objets connectés, alors que Kartable et 360Learning fonctionnent plus sur la base d’une plateforme. Kartable propose des cours déjà construits. 360Learning propose justement de donner les outils pour construire et diffuser ses propres cours. On voit donc à quel point l’EdTech n’est pas un marché unique, mais plusieurs marchés, chacun de ces derniers ayant ses clients, ses canaux, sa méthode.

Ardoise

# Un marché de l’éducation très international

Le marché de l’éducation est également de plus en plus globalisé. Au niveau des études supérieures, Yves Poilane (directeur de Telecom ParisTech) avait indiqué très naturellement dans son introduction le rang de Telecom ParisTech dans les classements internationaux et européens. Au niveau des premiers apprentissages également, l’une des start-up indique aussi l’importance de ce phénomène : Marbotic réalise déjà 91% de son chiffre d’affaires à l’international.

# Mariage de la disruption et des grands groupes en France

Chatouillés par les animateurs, les 3 start-uppers admettent que les relations entre start-up et grands groupes ne sont pas encore assez mures. Client, investisseur… les grands groupes cherchent aussi leur place face à l’émergence de nouveaux acteurs. Parfois, ils agissent plus en prédateurs plus qu’en co-développeurs. Le lieu inspire un discours plus politique sur la capacité de la France à accompagner les start-up dans leur développement au-delà du rachat par tel ou tel grand groupe, pour avoir plus de licornes françaises.

Basketball

# Les start-up, c’est chouette. Mais il existe des entreprises à ne pas oublier

De nouveau, la proximité avec l’Assemblée nationale ouvre une part du débat sur la transformation numérique qui ne doit pas se limiter aux start-up qui ont tendance à occuper le devant de la scène. Les startuppers rappellent que de très nombreuses pépites existent en France : de belles entreprises. Qu’elles ont surement besoin d’être aidées dans leur transformation numérique, mais qu’il faut penser à elles aussi !

# La vocation de l’entrepreneur en EdTech

Sans mystique aucune, les 3 entrepreneurs lauréat admettent à tour de rôle être « appelés » par ce secteur. Quand Marbotic raconte l’envie de faire apprendre la lecture aux enfants avec des objets connectés, on applaudit. Quand Kartable raconte que les élèves du collège et lycée passent plus de temps devant un écran (1500 heures par an) que sur les bancs de l’école (1300 heures), et qu’il s’agit de remotiver les élèves dans leur apprentissage, on comprend son approche. Quand 360Learning donne les moyens aux experts des entreprises de s’entraider via une plateforme de distribution de contenu, on le remercie pour tout ce savoir libéré ! Partant de problèmes concrets, ces trois entrepreneurs témoignent d’un choix personnel : ils ont décidé de changer les choses au travers de leur entreprise et repartent de la vocation première de la transmission des savoirs.

Au-delà de leur propre entreprise, tous les fondateurs lauréats du prix ont témoigné de l’importance de l’éducation pour la société. Seul sujet qui permet de travailler « contre l’obscurantisme, pour la démocratie, pour l’économie… » de demain !

 

Les lauréats :

Kartable et 360Learning remportent le Prix de l’Innovation, Marbotic gagne le Prix de l’Objet Connecté et Georges Karam (Sequans) remporte le Prix du Manager.

 

Article associé : Ubérisation de l’enseignement supérieur : quelle place pour la France ?