Comme à chaque fois que je fais un trajet avec le service Uber, je discute avec le chauffeur et je suis étonné par ce que j’apprends…

Comme le Compte Nickel, Uber a une vertu intégrative des exclus de la société française, pour ne pas les nommer, les descendants d’immigrés de première ou deuxième génération.

Pour différentes raisons allant du racisme ordinaire, à une faible solvabilité ou en passant par le manque de codes culturels, un grand nombre de personnes, 5 millions d’après Hugues le Bret, sont exclues des réseaux bancaires historiques, et dans ces 5 millions, il y a fort à parier qu’un grand nombre soit aussi exclu du marché du travail en CDI, tellement normatif et coûteux à rompre.

La dernière fois que j’ai pris un véhicule du service Uber, c’était à Strasbourg. A l’aller c’était quelqu’un qui venait des pays de l’est, et au retour c’était un fils d’immigré du Maghreb.

Voici un florilège des Verbatims entendus :

Des revenus intéressants, obligatoirement déclarés !

« A Paris, un chauffeur artisan qui détient sa plaque gagne 2 500 € par semaine. Un chauffeur Uber à Paris gagne 1 500 € par semaine. Un chauffeur Uber à Strasbourg gagne 700 € par semaine. »

« Un artisan ne veut surtout pas d’Uber, car il serait obligé de tout déclarer. Là il déclare le minimum crédible pour les impôts, et le reste, c’est du black. D’où le refus des lecteurs CB, de factures… Avec Uber, nous sommes obligés de tout déclarer. »

« Moi je suis mon propre patron, j’adore ça. Je travaille quand je veux. Je sais ce que je vais gagner si je travaille, ce que je perds quand je prends une journée de repos. »

Des fortes contraintes imposées par le lobbying des acteurs en place

« Nous n’avons pas de limite de temps de travail mais le gouvernement serait en train de légiférer pour en mettre (après l’élection présidentielle) »

« Le gouvernement veut supprimer les « capacitaires », mais comme ils représentent 80 000 emplois, il ne le fera pas avant l’élection présidentielle. »

« Nous avons l’obligation, entre deux courses, de revenir à un point fixe, des parkings privés. » Ce seraient des parkings privés, probablement déclarés par le VTCiste, mais ce point n’est pas clair.

En fait ce principe de « retour à la base » n’est pas appliqué car à peine une course est-elle terminée, qu’une nouvelle lui parvient.

« Nous n’avons pas le droit d’aller chercher les clients devant les gares, nous sommes obligés d’aller les chercher plus loin, comme par exemple devant un hôtel alentour. »

Des retombées positives dans plusieurs secteurs, y compris les taxis

« Uber a permis de créer des emplois : VTC, capacitaires, vendeurs de voitures (il y a eu un boom des immatriculations de véhicules français type Citroën C5, Peugeot 508) neuves comme d’occasion, essence, garagistes (faut les entretenir les voitures !), mais aussi explosion des ventes de bouteilles d’eau : Cristalline s’est retrouvée en rupture de stock… »

« Des amis taxis se sont même mis à faire des efforts. Rendez-vous compte, certains maintenant ouvrent la porte ! »

Juste du business

Sans aucun angélisme, « just business », l’entreprise Uber propose un service qui permet un jeu triplement gagnant : d’abord pour elle-même, puis pour les chauffeurs et les voyageurs.

Bien entendu cela bouscule les habitudes des acteurs en place, qui font pression sur les pouvoirs publics, pour freiner la disparition de leur rente.

En attendant, de nombreuses personnes auparavant en marge du marché du travail, ont maintenant une activité rémunératrice, légale, générant rentrées sociales et fiscales et d’autres retombées positives.

Autant de personnes qui éviteront de sombrer dans la désespérance qu’entraine parfois l’exclusion du marché du travail, et qui vivront dignement de leur activité libre et légale.