2013 s’annonce comme une année de croissance nulle pour les budgets des DSI. Une opportunité, selon Frédéric Charles, l’un des auteurs du livre blanc de l’entreprise 2.0, pour supprimer les applications existantes mais inutiles avant de réinvestir en 2014.
Extraits de son article sur zdnet.fr.
2013 s’annonce comme une année maigre pour les investissements informatiques.
En septembre l’étude Ipsos MediaCT 2012 prévoyait une stabilité, mais depuis la situation économique n’a certainement pas tiré ce scénario à la hausse. Pour le Syntec numérique (SSII, Editeurs), c’est la perspective d’une croissance zéro pour le secteur, après un second semestre de conjoncture qui a déjà impacté les budgets des DSI en gelant des projets.
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2013, s’annonce donc comme une année où la DSI ne va engager que ce qui est indispensable… ou déjà en cours!
Mais finalement c’est peut-être une bonne nouvelle pour certaines DSI. Car investir à tout-va en année N c’est se créer une augmentation du budget récurrent en année N+1 (de l’ordre de 15% des investissements de l’année N). Et comme les nouveaux projets ne suppriment pas toujours des applications, c’est une augmentation finale des coûts SI qui se profile à chaque fois. Une augmentation pas toujours assumée ensuite par les métiers…
2013 est donc finalement une opportunité pour démanteler des applications, et donc pour se préparer de la place pour les investissements et les futures applications 2014.
Car démanteler des applications est aussi important qu’en créer des nouvelles. Cela devrait se gérer comme un projet d’ailleurs et c’est rarement le cas. Il n’est pas facile de rencontrer un chef de projet fier d’avoir démantelé une dizaine d’applications, et par là, avoir rendu un grand service à son entreprise, sans toujours en recevoir une grande reconnaissance en échange.
Alors c’est sûr que les chefs de projets se battent plus pour développer la prochaine application à la mode que rationaliser le parc applicatif existant.Et pourtant arrêter une application n’est pas si simple. Cela demande a minima de :
- Migrer les données vers une autre application, voire Excel quand le besoin est simpliste,
- Archiver les programmes et les données pour respecter les obligations légales (Loi de finances),
- Convaincre les derniers utilisateurs de passer à autre chose et notamment remplacer tous les dévoiements de l’application. Et c’est là que l’on découvre par exemple que l’ancienne application annuaire interne que l’on veut supprimer sert en fait de CRM a plusieurs services, et qu’elle stocke les emails des clients, car l’application de facturation ne sait pas les stocker… (…)
Pire, le chef de projet qui lance en grande pompe le nouveau projet « MegaFinances+ » n’a pas prévu le démantèlement de son œuvre dans 7 à 10 ans. Et encore moins de provisionner son coût voire de le comptabiliser dans le ROI de la fiche projet avant de faire accepter l’investissement. La notion de « dette informatique » est loin d’être maîtrisée par nos Directions métiers et parfois occultée par la DSI elle même.
Or les raisons de démanteler des applications sont nombreuses. Cherchez par exemple les applications :
- Qui supportent un besoin temporaire… et sont toujours actives,
- Dont le coût par utilisateur a atteint des sommets par désaffection des utilisateurs et augmentation des coûts de maintien en conditions opérationnelles, y compris de migration de la plateforme technique,
- Qui ont un périmètre fonctionnel réduit et qui couteraient moins chers à rejoindre l’ERP ou être fusionnées dans une seule application. Car les coûts du support applicatifs sont malheureusement proportionnels au nombre d’applications,
- Qui ne sont tout simplement plus maîtrisées et que l’on ne sait pas faire retomber en marche en cas d’incident. Alors pourquoi ne pas réduire le risque en anticipant la coupure qui de toutes les façons arrivera,
- …
Depuis 2005, la loi impose aux détenteurs de matériels informatiques usagés de les éliminer en utilisant des services d’entreprises agréées. Mais rien d’équivalent n’existe pour les applications.
La gestion du cycle de vie des applications est pourtant un concept connu, mais s’arrête bizarrement avant le démantèlement dans les documents trouvés sur internet.
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Avec moins d’investissements et de nouveaux projets en 2013, c’est une opportunité pour la DSI de faire le point sur son parc applicatif, d’estimer la dette informatique qu’il représente, et pourquoi pas de commencer a prendre les premières décisions de démantèlement et de fixer des objectifs de rationalisation. Bien sûr cette démarche se fait avec les métiers qui sont co-gestionnaires et donc aussi co-responsables de cette situation, même si certains ont parfois tendance à l’oublier.
Vous allez être surpris par le nombre d’applications, de flux de données, et de batchs que l’on trouve sur les serveurs par simple listing et qui ne servent plus à rien ou qui coûtent très cher, quand on creuse un peu…
La « rationalisation du parc applicatif », c’est exactement à ça que je me suis employé chez un grand constructeur automobile entre 2005 et 2007.
En cas quasi systématique, nous nous sommes heurtés au mur du métier : les enjeux métiers sont toujours supérieurs aux enjeux SI, donc on privilégie toujours un nouveau projet par rapport à un démantèlement.
Jusqu’au jour où c’est invivable, car le SI est devenu obèse, atteint d’un cancer généralisé de points de fonctions obsolètes.
C’est bien un problème de développement durable, et le green IT, le vrai, est là. C’est un sujet de gouvernance. Il faut provisionner arbitrairement des budgets de démantèlement d’applis. Et mener des projets de démantèlement en masse ou au fil de l’eau, à voir par opportunité.