Chez ISLEAN, nous croyons depuis longtemps aux vertus du Cloud Computing et des technologies de l’internet. Pour autant, il y a encore un nombre important de clients qui ont leurs propres salles machines et leurs solutions propriétaires, y compris dans des PME. Plusieurs exemples récents et concomitants m’incitent à penser que les choses changent de plus en plus vite au sujet de l’adoption du cloud.
Un grand nombre de PME gèrent encore leurs propres infrastructures informatiques.
De par nos missions sur des sujets de stratégie SI, nous sommes amenés à étudier l’informatique de nombreux clients, notamment dans les PME. Très fréquemment, on visite alors ce qui fait la fierté des équipes informatiques locales : une salle machine généralement très bien faite, respectant toutes les normes en termes de climatisation, d’onduleurs, avec des belles baies de serveurs virtualisés, etc.
On peut s’étonner que de tels investissements aient été réalisés dans les 10 dernières années alors que tout le monde vante depuis longtemps les mérites du Cloud computing. Les raisons avancées étaient toujours les mêmes :
- Si on fait les choses bien, l’amortissement du matériel acquis et sa gestion par des équipes internes coûte moins cher que la location « as-a-service »
- On maîtrise notre informatique, ce qui nous permet d’être plus réactif
- C’est en interne donc c’est forcément plus sécurisé
Oui mais voilà, ces raisonnements ne tiennent pas, et j’observe dans plusieurs cas que la Direction Générale l’a compris souvent plus vite que les équipes informatiques elles-mêmes.
Les paradigmes changent.
Ces entreprises ont vécu différents phénomènes ces dernières années :
- Les équipes informatiques étaient absorbées par le support et l’administration des infrastructures. Elles ont donc optimisé et réalisé au mieux les investissements correspondant à leur périmètre de responsabilité historique. Mais elles n’avaient souvent pas les moyens en termes de compétences et de disponibilités pour investir les questions de transformation des processus métiers par le numérique. Les métiers se sont donc dotés de leur propre chef d’outils SaaS qui leur ont rendu de très bons services… mais avec des problèmes parfois d’intégration aux systèmes internes puisque les gens de l’IT n’étaient pas dans la boucle
- Quand elles ont essayé de suivre le rythme de la numérisation, elles n’avaient pas non plus ni la charge ni l’éventail de compétences pour faire face au foisonnement des technologies. De manière pas toujours visible, la dette technique s’est accumulée, des montées de versions ont été remises au lendemain, puis à jamais.
- L’argument économique n’était plus si évident quand on mettait dans la balance les charges internes et les limites de capacité pour bien répondre aux besoins métiers
- Certains systèmes se sont mis à dépendre d’un homme-clé, et si celui-ci partait en congés ou en arrêt maladie, des processus critiques pouvaient être stoppés en cas de problème
- Parfois une cyberattaque a révélé que le système le plus sécurisé n’était pas celui qu’on croyait : « tous nos systèmes internes étaient devenus inaccessibles. Heureusement qu’on avait des outils SaaS qui eux ont continué à fonctionner de manière sécurisée, sinon on serait morts. Ça nous a quand même coûté très cher ».
- Parfois pour éviter la cyberattaque, comme le système n’est pas nativement construit en mode « cloud zéro-trust », l’équipe informatique dépense une énergie folle à mettre des barrières complexes à gérer sur son réseau interne. Cela nuit à la performance, cela crée parfois des bugs ou des freins insupportables aux utilisateurs. …Et cela ne résout rien, puisqu’une fois que les hackers ont passé la barrière réseau ils accèdent à tout. Et ce n’est jamais si difficile que cela de passer la barrière réseau, surtout en exploitant les failles des utilisateurs.
- Généralement, le COVID a accéléré la demande pour une informatique « anytime, anywhere, any device ». Verbatim : « heureusement qu’on avait basculé sur Office 365 juste avant et qu’on avait développé des fonctions dématérialisées dans le Cloud. Je ne sais pas comment on aurait fait face au premier confinement sinon ». Certains ont fait ce qu’ils ont pu sans le cloud. Ca a été très dur.
Les industriels du Cloud computing fournissent des services pour des milliards d’utilisateurs. Même les plus grandes entreprises ou administrations ne peuvent plus être au même niveau. C’est encore plus vrai pour les PME.
Le shift vers l’adoption du cloud vient souvent de la DG.
Dans plusieurs cas vécus récemment, c’est finalement la Direction Générale qui a opté pour une stratégie résolument Cloud, ce qui a nécessité une adaptation des équipes informatiques.
Ne nous y trompons pas. Quand « le logiciel dévore le monde », il faudra toujours des personnes qui s’occupent des systèmes d’information, et les budgets informatiques ne vont pas diminuer. Mais le centrage va différer. Il faudra plus des personnes qui gèrent la vision systémique des processus métiers et des différents logiciels qui les sous-tendent. Il faudra disposer d’une capacité à développer les fonctions non couvertes par les grands logiciels sur étagère mais qui peuvent faire la différence sur la performance métier. Et même si ces besoins sont couverts par des prestataires externes ou par des développements « no code », il faudra des personnes internes pour les piloter et les intégrer.
C’est un nouveau métier. C’est moins technique (ou plutôt cela nécessite une technicité différente avec un niveau d’abstraction supérieur). Ce n’est pas moins intéressant.
Merci, très bon article, je suis en phase sauf pour ´:
´ dans les PME. Très fréquemment, (…) : une salle machine généralement très bien faite, respectant toutes les normes en termes de climatisation, d’onduleurs, avec des belles baies de serveurs virtualisés, etc.´ …..
J’ai pas mal de contre-exemples !!!
Il y a aussi la question cruciale de
´quel(s) cloud(s) choisir’ et de la cohérence de l’architecture globale du SI sur ce plan …
Bonne journée !!!