Le terme « Schéma Directeur SI » peut sembler suranné. Cela fleure bon le « plan quinquennal » et autres méthodes du siècle passé, dans un monde ou les technologies changent chaque jour. Un monde ou ChatGPT est passé en quelques mois du statut « personne ne connaît sauf quelques initiés » à « le moindre élève de Lycée s’en sert pour l’aider à faire ses devoirs ». Et pourtant, les organisations ont plus que jamais besoin d’une ligne directrice quant à l’outillage de leurs processus.

Pourquoi fait-on encore un Schéma Directeur SI ?

Nous savons tous que « le logiciel dévore le monde », que la révolution numérique ou digitale est en marche. Toutes les entreprises sentent que les outils numériques, les systèmes d’information, sont indispensables pour travailler autrement, toucher de nouveaux clients, rendre les processus plus efficients, retenir les meilleurs talents. Habitués à utiliser chaque jour de nouveaux services pour leurs besoins individuels, les managers ou chefs de projets s’attendent à ce que leur entreprise évolue au même rythme.

C’est là que le Directeur des SI, s’il existe, est face à un dilemme : courir après les métiers qui innovent dans leur coin mais dans le désordre le plus complet ? Bloquer toute évolution parce que les moyens sont limités et qu’il faut déjà faire fonctionner l’essentiel ? Investir à fonds perdus dans des solutions qui promettent des lendemains qui chantent mais qui pour l’instant ne font que coûter ? Sachant que les choix technologiques induits par certains projets peuvent être structurants. Ils peuvent faciliter comme ils peuvent nuire aux évolutions futures vers l’entreprise digitale intégrée.

Les organisations ont besoin d’une vision partagée :

  • de ce qui existe (ça peut paraître surprenant, mais beaucoup d’organismes n’ont pas une vision synthétique claire des différents outils qu’ils utilisent et de leurs interactions)
  • de vers quoi on veut aller en matière de systèmes d’information
  • et de comment on y va

Que devrait idéalement contenir un Schéma Directeur SI ?

Un SDSI est avant tout un outil de type stratégique. Sa première vocation est d’assurer l’alignement entre les métiers et l’informatique. Il donne un cadre pour toutes les décisions et travaux qui vont impacter les systèmes d’information. Cela veut donc dire donner une vision « communicante » du périmètre du SI, de son ambition, au regard des ambitions stratégiques de l’entreprise. Cette vision va impacter l’ensemble des étages du livrable.

Au cœur du SDSI, il y a ensuite la vision évolutive de l’architecture du système : comment aligner les cartographies des processus, des applications / logiciels, et des infrastructures ? Quels sont les principes intangibles à respecter en termes de normes de construction des systèmes, de sécurité, etc… ?

Enfin le Schéma Directeur SI doit donner des grandes lignes sur comment atteindre la cible définie dans l’horizon de temps choisi :

  • Quelle priorisation de tous les projets ? Quelle trajectoire ? Par quels paliers de transformation va-t-on passer ?
  • Quelle organisation pour y arriver ? – au sens large : organisation, gouvernance, budgets, ressources internes, sous-traitance

Selon les contextes et les besoins de clarification des entreprises, l’accent peut être mis de manière plus ou moins forte sur l’un des sujets (organisation, ou urbanisme, ou stratégie d’infrastructures, etc…). Mais tous les aspects seront généralement abordés.

Framework SDSI

La démarche pour construire cette stratégie IT est similaire quelles que soient les organisations.

A quelques variantes près, la démarche passe souvent par les étapes suivantes :

  • Identification des interlocuteurs mobilisés pour le SDSI et cadrage de la démarche
  • Photographie et analyse de la situation existante (incluant la complétude des cartographies)
  • Définition de la vision cible (vision stratégique et cartographie cible)
  • Définition de la trajectoire pour atteindre la cible (établissement d’une liste de projets priorisés et macro-chiffrés)
  • Adaptation si nécessaire de l’organisation et de la gouvernance

On retrouve ces étapes quels que soient les secteurs et la taille des organisations. Pour de très grandes organisations, la démarche peut prendre 6 mois, mobiliser différents groupes de travail, avec un alignement d’un grand nombre d’acteurs. Pour des PME ou des petites organisations parapubliques, la démarche sera plus resserrée, ira plus à l’essentiel, et pourra être réalisée en 2 mois.

Vous pouvez trouver dans un de nos articles précédents un retour d’expérience sur une démarche de stratégie IT récente.

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