Philippe Crouzillacq, de la rédaction du Journal du Net, présente cette évolution en marche qui intègre progressivement nos vies.
S’il est (presque) partout, l’Internet des objets n’a pas encore, malgré les prévisions enthousiastes de certains analystes, pénétré notre quotidien et changé durablement nos vies. Mais qu’entend-on véritablement par Internet des Objets ? Quels sont les secteurs les plus porteurs ? Explications.
L’Internet des objets, un concept à périmètre mouvant
Selon la Commission européenne qui a lancé en avril 2012 une grande consultation sur le sujet, le concept d’IdO recouvre trois types de communication qui peuvent être établies dans des zones restreintes (« intranet des objets ») ou publiques (« internet des objets ») : soit d’objet à personne; soit d’objet à objet; soit de machine à machine (M2M).
C’est par exemple le téléphone portable qui intègre un appareil photo et une connexion Internet, le compteur électrique « intelligent » qui permet de maîtriser sa consommation en temps réel, mais aussi tous les « objets intelligents » que l’on retrouve dans les secteurs de la logistique, de l’industrie manufacturière ou dans la vente de détail. Loin d’être circonscrite à l’idée, encore quelque peu prospective, d’objets connectés à Internet et dotés d’une adresse IP unique, cette acception d’un IdO à géométrie variable et évolutive est aujourd’hui la mieux partagée.
L’Internet des Objets du quotidien
A en croire Loic Le Meur, organisateur de la conférence LeWeb12 dont le thème principal est l’Internet des Objets (IdO), il s’agit là « d’un mouvement de fond. C’est tout simplement le thème qui suscite le plus d’activité entrepreneuriale dans la Silicon Valley cette année. Plus de la moitié des dossiers sont liés aux objets connectés, enrichis par leur connexion à Internet et leurs interactions avec les autres internautes. L’Internet des objets, c’est la conjonction du matériel et du logiciel, enrichi par nos interactions sociales sur le web ou le mobile », explique-t-il. (…)
(…) l’Internet des Objets fait son chemin dans notre quotidien. Le phénomène trouve son origine dans le M2M traditionnel (la communication entre machines) grâce notamment à une technologie comme la RFID, utilisée dans la gestion de flottes de véhicules, la traçabilité, et le cycle de vie des objets.
Mais l’IdO symbolise désormais cette société connectée faite de QR Code, de carte SIM, de code à barres 2D, et de NFC, dont les applications pratiques se multiplient chaque jour. (…)Le futur : une adresse IP pour chaque objet de notre quotidien
Bientôt viendra le tour du paiement sans contact grâce à la technologie NFC. Le dispositif est déjà en test dans des villes pilotes comme Nice, Caen ou Strasbourg. Dans la rue, les lecteurs de « flashcodes » disponibles en téléchargement et qui permettent de jouer ou de récupérer des informations en entrant en contact avec un panneau publicitaire interactif, font le bonheur des mobinautes et des magasins d’applications (AppStore, Android Market…).
A la maison, de nouvelles solutions domotiques qui ne nécessitent parfois qu’une simple carte SIM permettent de maîtriser à distance sa consommation d’énergie, en coupant par exemple le chauffage via un simple SMS. A l’instar de MyPlug, une petite prise électrique « intelligente » et ergonomique développée par Orange.
Pour l’Internet des Objets, la prochaine étape, l’étape ultime, réside peut-être dans ce dispositif qui verrait chaque objet du quotidien être connecté à Internet via une adresse IP unique. Mais nous n’en sommes pas encore là. (…)
Une croissance à deux chiffres (ou plus si affinités)
(…) Selon Gartner, en 2016, l’informatique « sur soi » (le « wearable » embarqué dans nos chaussures et autres accessoires divers) représentera une industrie de 10 milliards de dollars (…). (…)
Prévisions aléatoires
Et quand la GSMA anticipe sur un chiffre de 24 milliards d’objets connectés en 2020, Cisco pousse l’audace prospective jusqu’à 50 milliards. On le voit, certaines de ces prévisions ne résisteront pas à l’ingrate épreuve du temps. (…)
Les 2/3 de la valeur du marché M2M résident dans l’exploitation des données
Une perspective positive pour les fabricants de modules, les opérateurs et par extension pour tous les acteurs du monde IT qui prennent en charge l’exploitation des données produites par le M2M. La multiplication des modules cellulaires en M2M et des objets connectés devrait logiquement générer de plus en plus de données. Ce qui pourrait par extension avoir un impact considérable sur des solutions de stockage et d’hébergement comme le cloud computing.
Pour Samuel Ropert, analyste à l’Idate, « les 2/3 de la valeur du marché M2M résident dans l’exploitation des données, dans ce fameux troisième segment du traitement des données (au côté de l’IT et du software) ». Les opérateurs télécoms ont bien intégré cette évolution. « Eux qui auparavant avaient un métier plutôt centré sur la connectivité misent dorénavant sur des services à plus forte valeur ajoutée », poursuit Samuel Ropert. (…)
Quels secteurs sont les plus porteurs ?
L’automobile
Historiquement lié au développement de l’IdO via son segment M2M (la communication entre les machines) le secteur automobile continuera d’être dans les années à venir l’un des principaux relais de croissance (en volume) de ce marché. Et les évolutions législatives à venir n’y seront pas pour rien.
En Europe, la directive eCall devrait entrer en vigueur en 2015. Ce texte prévoit l’intégration dans toutes les voitures d’un module de communication (avec une carte SIM), un système d’appel d’urgence qui doit réduire le nombre de tués sur la route.
(…)Les « utilities »
Second secteur en pointe : celui du « smart meter », du « smart grid », et par extension des « utilities ». Un marché où l’on retrouve par exemple, les compteurs électriques « intelligents », le Linky d’EDF dont le déploiement connaît aujourd’hui quelques ratés, mais pas uniquement. « Ce sont des outils d’optimisation, de maîtrise de la consommation d’énergie en temps réel, d’effacement des pointes et de la répartition de la charge, très prisés des collectivités locales », explique Rodolphe Frugès, Vice-President Internet of Things & MtoM au sein d’Orange Business Services. (…)
L’électronique grand public
Troisième secteur à suivre, le « consumer electronic ». Le segment de marché des avertisseurs de radars Coyote, des solutions de localisation et de navigation, Garmin ou TomTom, mais aussi des liseuses électroniques, ou de la logistique des dosettes de machines Nespresso en milieu professionnel (hôtellerie, restaurant d’entreprise, secteur hospitalier).
Les transports
D’autres domaines sont à suivre. Le transport (suivi des bagages), la sécurité (la vidéosurveillance en milieu industriel, et pour les résidences secondaires) ou bien encore les transports publics, champ de déploiement de la technologie NFC (pour du paiement sans contact) ou des codes 2D initié par exemple à Paris par la RATP dans le cadre de l’information des voyageurs.
La santé
Enfin la santé. Via une forme de télémédecine où l’on retrouve d’un côté grâce à une connexion à distance le traitement des maladies chroniques (comme le diabète, ou l’apnée du sommeil). « On peut alors mettre en place un suivi médical, optimiser les soins et rassurer les familles sans être obligé d’effectuer des visites », souligne Rodolphe Frugès (…).
De l’autre cette nouvelle forme de télémédecine peut s’avérer utile en cas d’accidents de la route. « Pour des soins de première urgence, l’arrivée de la 4G est une très bonne nouvelle, car cela permettra grâce à la vidéo à un chirurgien de prodiguer les premiers soins à distance avec l’assistance des services de secours », détaille Samuel Ropert (…).
Source : http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/internet-des-objets/