Cette semaine nous publions la quatrième partie de l’article de Louis Naugès relatif à l’évolution des postes de travail, adressée aux développeurs d’applications…et indirectement aux utilisateurs.

Dans cette quatrième partie, je vous propose de prendre le point de vue du développeur d’applications professionnelles, qu’il travaille pour une entreprise ou soit employé par un éditeur d’applications. La situation est encore plus difficile pour les développeurs d’applications grand public, avec la complexité accrue de marchés très volatils, tels que celui des jeux.
N’oublions quand même jamais que la seule valeur d’un poste de travail vient des applications auxquelles il nous donne accès.

Le dilemme des développeurs, en 2012

Qu’elle était simple, ma vie de développeur d’applications d’entreprise dans les années 2000 – 2005 !
95 % des utilisateurs professionnels de l’informatique étaient équipés d’un PC Windows ; la seule question à se poser était : pour quelle version de Windows faut-il écrire mon application ?
Comme l’ont montré les trois premières parties de cette analyse, le panorama des postes de travail a été totalement bouleversé, et cela ne fait que commencer.
Aujourd’hui, et demain encore plus, face à la variété croissante des objets d’accès aux applications professionnelles, se pose la question qui va décider de l’avenir des applications informatiques pour les entreprises :
Quelle plateforme de développement choisir ?

Au risque de caricaturer un peu les choix, en 2012, un développeur a trois options principales :
• Je développe pour un OS historique, Windows, que je connais bien.
• Je développe pour une ou plusieurs des plateformes mobiles, en clair iOS et/ou Android.
• Je développe en HTML5.

Une enquête récente, menée par Appcelerator, confirme, si cela était nécessaire, qu’iOS, Android et HTML5 sont les trois options plébiscitées par plus de 70 % des développeurs.
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Mon dernier billet de 2011 était consacré à un thème proche, « Mobile First »
C’était un message clair, et il est de plus en plus d’actualité : si 80 % des postes de travail sont mobiles, il est logique de développer des applications en priorité pour les… objets mobiles !

Développer pour un OS spécifique

C’est encore aujourd’hui le réflexe normal de la majorité des développeurs, mais…aujourd’hui, il faut faire des choix !

Procédons par élimination :
• ChromeOS ou FirefoxOS : ce ne sont pas des plateformes de développement, ces OS sont seulement là pour permettre à un navigateur de fonctionner. On élimine !
• MacOS : ne sera jamais une plateforme dominante et le nombre d’applications natives disponibles va rester faible. On élimine !
• (…) Symbian, BlackBerry…On élimine aussi ! il faudrait être masochiste pour faire le choix d’une plateforme déjà marginalisée et qui de plus est en perte de vitesse.

Il n’en reste donc plus que trois, et c’est déjà beaucoup : iOS, Android et Windows 8.

Développer pour Windows 8

C’est une option très tentante pour une majorité des développeurs ; c’est ce qu’ils faisaient depuis des années, c’est là où se trouvent leurs compétences, leur zone de confort.
Au « temps béni » de l’unicité, il suffisait de choisir la plateforme Windows – Intel pour être certain de toucher plus de 95 % des utilisateurs en entreprise.
Microsoft, on l’a vu précédemment, va mettre une pression très forte sur les développeurs pour qu’ils choisissent… Windows 8.
Oui, mais on retrouve le principal problème, posé dans la troisième partie de cette analyse : Windows 8, ce n’est pas, un, mais en réalité trois OS différents.

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Qui pourra prétendre qu’il est possible de développer une fois, pour toutes les versions de Windows 8, si même Microsoft n’en est pas capable.
Si je suis développeur, Windows 8 me pose donc beaucoup de questions :
• Je privilégie Windows 8 Intel, mais je me coupe du marché le plus porteur, des tablettes et des smartphones.
• Je privilégie Windows 8 RT, mais je fais un pari sur une plateforme qui n’existe pas et qui va devoir affronter un marché totalement dominé par iOS et Android.
• Je privilégie Windows Phone 8, autre plateforme qui a tout à prouver, après le « non-succès » de Windows Phone 7.
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Développer pour des OS mobiles : iOS et Android

Mobile First ? Pour répondre à cette stratégie, les développeurs ont fait, dans leur grande majorité, le choix des OS mobiles iOS et Android ; c’était, entre 2007 et 2011, la bonne option pour ceux qui souhaitaient créer des applications performantes et ergonomiques.

En 2012 (…) iOS a pris l’avantage sur Android ; la raison ? Elle est très pragmatique : il est plus facile de gagner de l’argent avec iOS qu’avec Android !
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D’ici à 2015, il est clair pour moi qu’Android et iOS vont rester les choix dominants pour les développeurs qui souhaitent continuer à travailler au niveau des OS.
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Développer pour HTML5

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Pour un développeur qui recherche une solution pérenne et universelle, HTML5 a tous les attributs d’une solution « idéale » :
• Fonctionne, et fonctionnera de mieux en mieux avec toutes les nouvelles versions des navigateurs modernes.
• Permet de s’affranchir au maximum des ajouts historiques (plug-ins) tels que Flash ou Silverlight.
• Met définitivement de côté la question des « OS » : quels que soient le ou les vainqueurs de demain, mon application HTML5 sera utilisable.

Est-ce que ce message est bien compris par les développeurs ? La réponse est clairement « oui » comme le montrent les résultats de cette enquête.
En 2012, 100 % des développeurs utilisent ou vont utiliser rapidement HTML5. Difficile de faire mieux, surtout si l’on compare ce chiffre aux résultats d’une autre enquête, six mois plus tôt : 51 % des développeurs n’avaient pas encore pris cette décision.

HTML5 ne permet pas de développer des applications ergonomiques et capables de bien gérer les données multimédia ! J’ai souvent entendu ces réflexions. Pour rassurer les sceptiques, je vous propose deux exemples emblématiques, qui démontrent le contraire :

• Aviary : cette famille d’outils multimédia permet de disposer, sur le Web, de l’essentiel des fonctionnalités nécessaires pour faire des montages vidéos ou audio ou des traitements complexes de photographies. C’est d’ailleurs l’outil proposé par le logiciel de mon blog Typepad pour traiter les images.
• Sliderocket, où comment battre à plat de couture PowerPoint avec une application qui permet de faire des présentations multimédia très haut de gamme en HTML5 sur le Cloud. VMWare a racheté Sliderocket l’année dernière, ce qui rassurera les entreprises qui auraient envie de l’essayer.

S’il fallait un dernier argument pour convaincre les développeurs, (…) étude d’ABI Research prévoit plus de 2 milliards de clients HTML5 sur objets mobiles en 2016.
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Résumé : quel choix pour les développeurs

Alors, Windows 8, iOS, Android ou HTML5, quelle serait votre décision si vous étiez un développeur logiciel ?
Vous l’avez bien compris, je suis persuadé que c’est HTML5 qui va devenir, pour les 10 ans qui viennent, la plateforme dominante pour le développement d’applications, en priorité mobiles, comme l’a été, pendant les années 2000, le système d’exploitation Windows pour les PC classiques.

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Source : http://nauges.typepad.com/my_weblog/2012/08/quels-fournisseurs-pour-les-postes-de-travail-de-demain-des-guerres-sans-merci-en-perspective-quatrième-partie-rapp.html