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Comme ceux qui suivent ce blog le savent nous pratiquons la politique du Bring Your Own Device chez ISlean. Nous le recommandons aussi chez certains de nos clients et nous en avons accompagné la mise en œuvre avec succès (ce qui ne veut pas dire que nous le recommandons dans n’importe quel contexte). Pour autant, comme l’a montré l’enquête que nous avons menée sur le sujet , le BYOD est loin d’être très répandu en France. Nous sommes en retard dans l’adoption de cette pratique et notamment chez les jeunes en situation de premier emploi.

Recommandations pratiques et importantes pour votre politique BYOD

Indépendamment de ce problème principalement financier lié au démarrage dans la vie active, il me semble important de préciser quelques convictions très pratiques que je me suis forgées au gré de la mise en oeuvre du BYOD chez nos clients ou dans notre propre organisation. Le sujet ne porte ici que sur le BYOD pour les postes de travail (PC, Mac, …). Cet article ne traite pas de la téléphonie (smartphones). Je pense que la situation du marché y est très différente (du moins pour l’instant) de celle du PC.

Primo, il est difficile de trouver une marque de PC que l’on peut acheter les yeux fermés. Je considère, en caricaturant à peine, qu’il n’y a plus personne qui sait fabriquer un PC fiable aujourd’hui. A titre d’exemple, il y a 10 ans je pouvais acheter un sony Vaio les yeux fermés ou presque. J’ai bêtement pensé que Lenovo, en achetant IBM Thinkpad puis Sony Vaio, en avait récupéré tout le savoir faire… eh bien ce n’est malheureusement pas complètement le cas. Des marques comme Asus ont une gamme tellement large que le pire côtoie le meilleur, Acer et HP suivent la même voie… mais comment s’y retrouver ?

Force est de constater qu’Apple sait faire du bon hardware. Pour ceux qui ne sont pas familiers de MacOS je pourrais presque recommander d’acheter un Mac et une licence Windows 10. Je pense que c’est un bon choix, mais ça revient cher (très cher).

Avant de parler du matériel, vous aurez à résoudre le sujet de l’indemnité compensatrice du BYOD. Vous avez deux écueils : ne pas fixer une indemnité trop élevée pour ne pas prendre de risques inutiles lors d’un contrôle URSSAF, et en même temps, surtout pour une entreprise installée, il faut traiter la conduite du changement auprès des utilisateurs et donc il est souvent tentant de susciter l’adhésion au BYOD par une indemnité élevée. C’est bien légitime, mais une fois la transition effectuée il vous faudra baisser l’indemnité. Donc mieux vaut être transparent sur ce point dès le départ.
Pour beaucoup, BYOD signifie que la DSI n’a plus rien à faire concernant les postes de travail. A mon avis ce n’est pas complètement vrai. Notamment sur le plan de la veille et de la recommandation.

Le rôle de la DSI est majeur sur les recommandations de matériels en BYOD

Comme je l’ai déjà dit, les constructeurs se livrent tous à une course effrénée à la minceur et à la faible consommation. Ils flirtent tous avec les limites de ce qu’ils savent vraiment faire et proposent sur le marché des machines parfois non suffisamment fiables pour une utilisation professionnelle.

Je recommande de toujours cibler les constructeurs qui ont des gammes professionnelles et de « taper » dans cette gamme pro, même si le PC est un peu plus lourd et un peu moins fin. Quelques exemples :

Chez Apple préférer les MacBook Pro au MacBook, chez Lenovo : ciblez les gammes Thinkpad et non les Yoga (même si parfois le constructeur ajoute la mention Pro cela ne signifie pas toujours que c’est une gamme professionnelle), chez DELL même combat (les séries Latitude ou XPS plutot que Inspiron)…

Soit les gammes sont assez claires, soit il suffit de prendre les modèles qui sont vendus avec Windows 10 Pro et non Windows 10 version famille ou étudiant. C ‘est généralement un bon signe.
De même, je vous suggère de renoncer aux derniers modèles sortis. Pour plusieurs raisons :

  • Vous n’avez pas de retour d’expérience fiable sur la qualité de la machine et les sites spécialisés se bornent à tester des machines neuves et nombre de problèmes surviennent dans les 6 premiers mois, mais pas dans les 6 premières heures. Il est important de pouvoir bénéficier de retours d’expériences d’utilisateurs et pas que de journalistes spécialisés.
  • Si malgré tout, vous faites le choix de prendre une machine très récente et donc inconnue, ce n’est pas forcément grave mais attendez vous à subir des pertes de productivité importantes dans les premières semaines du fait des mises à jour indispensables, voire des problèmes de hardware sur les matériels les plus récents. Ces pertes de productivité sont de plus en plus importantes, car les constructeurs mettent des machines de plus en plus tôt sur le marché dans les avoir suffisamment testées. Même Apple, qui n’est pas le plus mauvais concepteur/constructeur de postes de travail, loin de là, s’est fait piéger lors de la sortie de ses nouveaux MacBook Pro, sur des problèmes de batterie dans certains cas d’utilisation.
  • Si vous utilisez votre poste sur un écran additionnel (par exemple si vous manipulez des grands tableaux de chiffres tous les jours), attention : les constructeurs ont souvent pris la mauvaise habitude de sortir des nouvelles machines très performantes mais la connectique ne suit pas et il vous faudra peut-être attendre 6 mois avant de trouver sur le marché le connecteur vous permettant de vous connecter en pleine résolution à votre magnifique écran supplémentaire.

L’autre intérêt d’une gamme professionnelle est que vous bénéficiez généralement d’un support de meilleure qualité (exemple : DELL). A condition bien sûr que vous ayez précisé lors de l’achat qu’il s’agissait d’une entreprise. Vous jouez ainsi sur les 2 tableaux : vous avez le matériel qui vous convient au mieux grâce au BYOD, et vous bénéficiez d’un support de meilleure qualité (pendant la période de garantie).

Je pense que la DSI doit, tous les ans (vers les mois d’Avril ou Mai pour tenir compte des rythmes de sortie des nouveautés), établir une liste des matériels recommandés, simplement en tenant compte des conseils ci-dessus. Et fortement inciter ses utilisateurs à choisir ces matériels dans cette liste.

L’autre facette de la recommandation concerne le choix entre poste bas de gamme que le salarié renouvellera fréquemment vs poste plus haut de gamme censé tenir plus longtemps.
Je pense que le BYOD est généralement adapté dans des contextes où le poste de travail joue un rôle important en terme de productivité et de confort pour l’employé (exemple typique : un développeur). Dans ce cas, il me parait évident qu’il faut privilégier un poste de bonne qualité à remplacer tous les 2 ou 3 ans mais qui offrira un bon niveau de performance au quotidien.
À la DSI de bien cibler sa liste de recommandations (et à la DRH ou la DG de bien fixer le montant de l’indemnité compensatrice de BYOD).

Le rôle de veille de la DSI

La DSI doit aussi profiter de cette veille pour lister les nouveautés qu’elle étudiera et recommandera (ou pas) l’année suivante.

L’autre mission de la DSI sur le BYOD est l’étude des solutions innovantes et leur valeur d’usage dans le cadre du métier de l’entreprise.

  • PC hybride (poste classique / tablettes)
  • utilisation de tablettes + clavier pour remplacer un poste traditionnel

Bref, la DSI ne passe plus de temps à gérer la quincaillerie, mais elle est là pour guider, responsabiliser et jouer son rôle de veille à la frontière de la technique et des usages métier.