Il est commun pour une entreprise de décrire sa stratégie métier sur plusieurs années et de définir un cap pour y arriver. Une variable importante de cette trajectoire est l’apport du numérique et des systèmes d’information sur chaque orientation stratégique. Néanmoins les systèmes d’information des entreprises peuvent représenter une dette technique. Cette dernière ne permettra pas de réaliser une stratégie métier. Un schéma directeur SI identifiera donc les besoins et proposera des solutions pérennes, à valeur ajoutée pour les métiers.
Dans cet article, nous détaillerons succinctement les évolutions technologiques qu’il y a eu depuis une trentaine d’années et l’impact de ces évolutions sur les SI de nombreuses entreprises. Nous présenterons également les raisons de mener un schéma directeur SI pour permettre à une entreprise de tirer parti du numérique et de réussir pleinement sa stratégie.
Une révolution numérique a eu lieu mais de nombreuses entreprises utilisent encore des outils d’un temps passé
Avant les années 2000, il était très complexe de réaliser des projets informatiques ambitieux
En effet, avant les années 2000, on pouvait illustrer l’informatique et les systèmes d’information de cette manière :
- Coût élevé des projets, de l’exploitation du système d’information, du matériel et des serveurs
- Les modèles financiers s’appuyaient souvent sur des coûts de licence à l’achat et des coûts d’intégration
- Hébergement des données et applications sur des serveurs en local ou à distance
- Les architectures SI étaient complexes et difficilement sécurisables
- L’ergonomie des logiciels et des applications était lourde et la formation des utilisateurs était longue et massive. A titre d’exemple, selon ce site, il faut 105h pour ce former à Word, 5 fois plus de temps que pour avoir son brevet de pilote d’avion privé ! Et je vous parle pas des mois pour se former à SAP
Par ailleurs, l’informatique était considérée dans de nombreuses entreprises comme un sujet d’expert. Les métiers ne pouvaient donc que difficilement exprimer leurs besoins.
A l’aube du XXIe siècle, il y a eu une forte pénétration du numérique dans notre quotidien grâce à des sociétés comme Amazon, Apple, Google, Facebook, Free …
Le monde informatique a changé de paradigme, il est maintenant juste nécessaire de s’inscrire en ligne pour accéder à un service comme Google Workspace, Netflix …, il n’y a plus besoin d’intégration.
Le modèle financier de ces entreprises s’appuient sur une facturation récurrente à l’usage, rendant abordable les technologies aux particuliers et à toutes les entreprises.
Ces entreprises de l’Internet ont mis au cœur de leur développement l’expérience client et l’ergonomie. Cette tendance a donc également permis de réduire drastiquement les temps de formation et de conduite du changement (si vous ne me croyez pas, testez Canva pendant 30 minutes et vous verrez).
Ces nouvelles technologies ont apportées de nouveaux usages pour les entreprises :
- Accès au savoir en quelques secondes grâce à Internet et aux smartphones
- Les PME peuvent avoir accès à une capacité de calcul et de stockage incroyable pour quelques centaines d’euros par an grâce au Cloud Computing
- Vous pouvez accéder immédiatement à des applications métiers en mode SaaS en quelques secondes
- La création d’applications sans aucune notion en développement/code est possible grâce aux outils No Code et Low Code comme Airtable, Strikingly, Glide, Appsheet…
- Vous pouvez projeter sans fil vos slides en salle de réunion grâce à des chromecasts à 35€
- De nombreuses applications utilisent des standards qui vous permettent de migrer facilement vers un logiciel plus performant et/ou moins cher
- Les PME peuvent accéder au Très Haut Débit Internet pour 60 euros par mois (source)
- Les nouveaux ERP et applications métiers sont très ergonomiques et centrés sur les utilisateurs. Ils sont donc très faciles à prendre en main
Grâce à cette nouvelle accessibilité, le numérique est devenu abordable d’un point de vue métier car ce ne sont plus les solutions technologiques qui priment mais les besoins des utilisateurs.
Cependant les éditeurs et entreprises informatiques du paradigme passé ont perduré et ont peu migré vers ces nouvelles technologies
Voyant leur hégémonie disparaître, les anciens éditeurs de logiciel et entreprises informatiques ont dans un premier temps adapté leur modèle financier sans toucher à leur technologie. Ils ont donc ouvert leurs offres aux PME et aux ETI, inondant le marché de serveurs, logiciels, services et technologies provenant d’une architecture SI obsolète (progressivement ils commencent à s’adapter vers les nouvelles technologies mais on est encore loin du compte).
On retrouve donc aujourd’hui dans de nombreuses entreprises des systèmes d’information technologiquement hétérogènes. Ils sont composés de solutions des deux paradigmes, freinant le développement des entreprises. En effet, des serveurs hébergés en local ou à distance, des logiciels WinDev… vivent en parallèle des technologies d’Internet et de Cloud Computing …
Le maintien d’un système d’information respectant une architecture précise est déjà relativement complexe. Avoir deux architectures, c’est bien pire !
Il y a quelques années, on pouvait donc encore se passer d’un schéma directeur SI mais plus maintenant
Les systèmes d’information deviennent donc de véritables sacs de nœuds. Des trous dans la raquette sont donc monnaies courantes : des données différent selon les outils, des applications sont oubliées, des factures sont payées sans que les entreprises utilisent le service, des outils sont obsolètes, des salariés font des manipulations normalement dédiées à des machines…
Cela freine régulièrement les entreprises dans leurs projets métiers et stratégiques. Un schéma directeur SI permet donc d’y voir plus clair, d’aligner les objectifs métiers avec les besoins technologiques et d’entrer pleinement dans l’ère du numérique.
Les apports d’un schéma directeur des systèmes d’information
Un schéma directeur SI est donc un processus permettant :
- Alignement de l’ambition d’une entreprise avec une stratégie numérique / informatique
- Compréhension et cartographie du système d’information existant et des processus
- Définition et la priorisation des besoins des acteurs métiers d’une organisation
- Prise en compte des projets « incontournables » et des projets lancés
- Construction d’une architecture SI cible et d’une feuille de route chiffrée
- Inclusion des collaborateurs dans la transformation numérique de votre entreprise
Cela fait 30 années que j’entend (post chute du mur) que le futur est imprévisible, qu’il devient inutile de faire de la prospective et de la planification.
Je pense qu’au contraire plus l’avenir est incertain, plus il est important de le regarder, de préciser les ambitions, la mission, sur lesquelles les énergies doivent se mobiliser, décider ce qui doit être fait à court terme pour un impact immédiat ou lointain, et ensuite si les choses changent n’avoir qu’à questionner ce qui mérite d’être amendé dans les orientations et décisions prises, et renforcé celles qui ne sont pas remises en cause, surtout si elles sont porteuses d’un différenciant concurrentiel ou d’une valeur forte.
Et sur la question de la dette évoquée dans ce papier, la traiter à temps, transformer ces cailloux dans les chaussures en opportunités, et valoriser ceux qui ont fait fonctionner les systèmes qui seront abandonnés.