C’est super aujourd’hui, nous sommes dans l’internet. A partir du moment où un système a une carte 4/5G ou Wi-Fi, on peut appeler une ressource externe : données, traitement… En fait pas toujours ! Les systèmes faciles à connecter sont plus l’exception que la règle. Quelques exemples.

Des systèmes d’infirmation

L’ère du PC nous a bien imprimé le cortex. La plupart d’éditeurs de solutions réfléchissent à une offre-qui-fait-tout. Le client fait l’effort considérable d’acheter un système, de l’intégrer chez lui, et d’expliquer pendant des années à ses milliers de salariés comment s’en servir. Et on imagine qu’on va couvrir tous ses besoins présents et futurs.

30 ans de pratiques professionnelles m’ont montré de manière répétée que ce n’est pas possible. Exemples : ok, il y a un kit permettant de faire des tableaux de bord dans le CRM. Mais comment croiser des données du CRM avec les ventes qui sont dans l’ERP ? Ou encore, comment créer les affaires dans l’ERP à partir des données du CRM en réduisant les resaisies. Vu aussi : on veut afficher les données d’une certaine manière, et le moteur de graphiques du système ne le permet pas.

Alors, on fait quoi ?

Les données, les actifs primaires des SI d’une entreprise

Je vais vous le dire. On cherche à récupérer les données et à les bricoler dans un tableur.

A partir du moment où on a les données et où on en comprend le sens, tout devient possible. Les données font partie des actifs primaires du SI d’une entreprise. Il est crucial de pouvoir y accéder, de les mettre à l’abri en cas de pépin, et de s’assurer que son éditeur de solution permet facilement d’accéder à SES données, et de les exporter.

Aïe, ça pique ! La route de la liberté numérique

Mais comment récupérer les données ? Ah zut, pas d’icône de mon tableur préféré ou de « .csv » dans un coin pour exporter les données… Cherchons des connecteurs, voire, soyons fous, des API.

On ne trouve rien, ou alors c’est flou, et c’est assez loin d’être à la portée de M. et Mme Michu. Le jour où vous avez franchi le seuil du scripting en ligne de commande, de l’utilisation de Postman ou de SyncWith, vous aurez fait un premier pas sur la route de la liberté numérique, mais la route est longue, et la pente est raide !

Cadenas dans un PCB

Mais bien sûr qu’il est ouvert mon système !

Cinq nuances de liberté

J’ai cherché et joué avec des SI et j’ai pu constater qu’il y a 5 crans d’ouverture d’un sytème d’information :

0- le système n’est pas ouvert du tout. Simple à comprendre. Circulez, ya rien à voir. On peut juste voir avec les yeux les données à l’écran, parfois ce sont même des images pour empêcher de faire des copier-coller. Un rieur Goulag numérique.

1- Dans son infinie bonté et face à la bronca des utilisateurs qui par centaines ont réclamé cela, l’éditeur a mis une icône « .csv » de 2 mm sur 2 mm dans un coin d’un écran. On peut récupérer une partie de données en fichier plat, sans formattage, et il faut dire merci.

2- Un connecteur !!! Vous êtes riches, vous avez un SI A bien connu dans le marché, et un SI B lui aussi bien connu dans le marché. L’éditeur A a développé un connecteur vers le SI B, car il est malin, il a compris que ça lui apporterait plus de clients. Exemple : la banque Qonto qui a des connecteurs vers la plupart des SI mainstream de comptabilité et et notes de frais. Il est rare que ce service soit gratuit, il faut en règle très générale prendre une offre payante pour bénéficier de ce connecteur. C’est d’ailleurs, comme par hasard, souvent la principale différence entre l’offre gratuite et le passage au payant…

3- La connexion synchro avec un tableur (google sheets). Là on a affaire à des gens en avance. Ok les connecteurs c’est génial, mais on ne peut pas en faire pour TOUT les SI du monde. Donc, on fait un truc hyper malin : on permet à quelqu’un de récupérer des données dans un tableur, et ces données se mettent à jour périodiquement, voire à chaque fois qu’il y a une modification. Ensuite, bricoleur fou du tableur, le monde t’appartient !

4- Enfin la Queen API ! Clients, Fournisseurs, Factures, Articles, Transactions, Evénements, Personnes, on peut récupérer des données, ou même les créer et les modifier. Mais cela nécessite d’être sur la route de la liberté numérique c-à-d. de savoir se connecter à une API, comprendre comment elle fonctionne, et s’en servir avec ses autres systèmes.

Toutes les API ne se valent pas (cf. titre de l’article)

Et ce n’est pas gagné, car même si de nombreux éditeurs revendiquent de superbes API, tant qu’on n’est pas allé voir, on ne sait pas ce qu’on aura. Et comme par hasard, à part les très grands acteurs comme Twitter, ou Google, la documentation des API :

  • n’est pas facile à trouver
  • n’est pas simple à accéder (il faut créer un compte)

Et ce n’est pas fini : une fois que vous avez cette fantastique API en main, vous pouvez avoir de très mauvaises surprises :

  • que vous ne pouvez pas accéder à toutes les données que vous souhaitiez avoir,
  • il y a une doc, mais… le fonctionnement de l’API n’a rien à voir avec la doc ! WTF!
  • les formats sont abominables à manipuler,
  • il y a des limitations de dingue : exemple, 1000 enregistrements par jour, alors que votre métier en génère 1000 par heure…

Mais pourquoi tant de haine ?

Pourquoi ? Hein ? Toujours pareil. Comme le dit Michel, c’est toujours la même eau qui coule.

Simple but Wrong, Right but complex

Donc la paresse, le manque de travail, le manque de réflexion, la fuite en avant qui empêche la prise de recul.

Dans les années 2000, quand on demandait aux clients ce qui serait leur smartphone de rêve, la réponse était : plus petit, avec une batterie qui tient plus longtemps. Il y avait des téléphones si petits que certaines personnes n’arrivaient même plus à composer un numéro car les doigts étaient trop gros. 20 ans plus tard, on a des téléphones de la taille de dessous de plats, avec des batteries qui tiennent une journée, et tout le monde est content.

C’est bien d’écouter la voix du client, mais cela peut être une voie sans issue. Attention aux signaux faibles. C’est un sacré job, et si on croit qu’il suffit d’interviewer des gens et de faire une consolidation, il faut penser à se former ou changer de métier.

Attention ! Exemple qui fait mal (âmes sensibles s’abstenir)

C’est ainsi qu’en discutant avec un éditeur de logiciel en SaaS qui a pignon sur rue, j’ai eu la discussion suivante :

Moi : « Je suis ennuyé par votre offre, car chez nous, les employés sont d’abord créés dans Google Workspace, avec déjà plein de données pour alimenter nos processus métiers dans Google que nous avons construits en plusieurs années. Or vous n’avez pas d’interface avec Google sur les personnes, donc il faut resaisir TOUTES les données des personnes à la main dans votre système. C’est ballot, non ? »

L’éditeur : « Ben en fait vous êtes le premier et le seul à demander cela. Tous nos clients start-up sont très satisfaits de notre offre. Nous n’allons pas développer un connecteur pour un seul client »

Moi : « Nous ne sommes plus une start-up. Combien avez vous de clients qui ne sont pas des start-up ».

L’éditeur : « Oh, quasiment pas. Je ne sais pas pourquoi mais nous avons du mal à pénétrer le marché des sociétés qui existent déjà depuis plusieurs années. »

Cherchez l’erreur…

Le bon éditeur et le mauvais

En conclusion, vous aurez compris que des éditeurs de solution numériques, il y en a des bons, et il y a les autres. Les bons ont compris que leurs systèmes devaient être ouverts, bien documentés et à jour, avec des videos, des exemples, des connecteurs pas trop nombreux et des API aussi généralistes que possibles…

Les autres ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et devraient plus ou moins vite évoluer ou disparaître. Sachez les repérer !