
Jours de canicule par an en 2100 – scénario business as usual (RCP8.5)
365 jours mortels par an pour l’être humain en 2100, c’est la perspective joyeuse pour les habitants des pays équatoriaux (1). Sans compter les montées des océans et d’autres conséquences. Faute d’autre choix, il faut également accepter qu’il y aura des migrations massives vers des terres plus clémentes. Et si certains ne croient pas que le réchauffement climatique sera un problème pour eux, la finitude de l’énergie stockée sous forme de composés carbonés, pétrole, gaz, charbon, fait qu’il faudra bien trouver comment en consommer moins et comment les remplacer. Ou alors se résoudre à revenir au 18ème siècle, où l’humanité ne comptait que quelques centaines de millions d’âmes, avec toute la violence que ce retour en arrière pourra véhiculer.
Que pouvons-nous faire à notre niveau pour limiter d’une part les victimes et d’autre part les mouvements brusques de populations ? En tant que consultants en transformation à l’ère du digital dont la vocation est de « Créer demain, maintenant », nous avons cherché à évaluer l’impact de nos actions et de nos missions. Nous avons commencé par comparer des scénarios télétravail vs présentiel, avec une conclusion inattendue.
Article mis à jour le 12/01/2021 par Morgane Goulain
Réunion ou visio, bureau ou télétravail, quel impact carbone du digital ?
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) des Français

Emissions de GES des Français : 12 tonnes/an – Principaux postes
Les statistiques sont claires : les 5 principaux postes à considérer lors d’une étude de type comptabilité carbone sont les transports, le logement, les biens de consommation, l’alimentation et les services. En faisant un découpage plus fin, nous avons identifié les éléments importants qui paraissent immédiatement impactés par le choix de rester sur place ou de se déplacer pour travailler (aller au bureau, rester chez soi, faire une réunion en présentiel, faire une réunion en visio) :
- Voiture
- Energie et utilités
- Achat et usage internet et technologies
- Choix alimentaires
4 scénarios pour des résultats concrets
Nous avons choisi de faire 2 comparatifs :
- une journée de télétravail vs. une journée de travail au bureau
- déplacement de deux personnes pour une réunion client à quatre à la défense vs. réunion client en visio à quatre
Pour chacun, nous avons pris des hypothèses à partir de nos comportements habituels en tant que consultants en région parisienne. Nous avons aussi fait nos calculs à partir des données trouvées principalement sur la Base Carbone de l’ADEME. Nous avons enfin pris le parti de tout convertir vers une unité commune : l’équivalent de l’émission d’un kg de CO2 dans l’atmosphère (noté kgCO2e). Voici les résultats :

Bilan carbone d’une journée au cabinet

Bilan carbone journée télétravail

Réunion télétravail VS présentiel
Levier n°1 : La nourriture
Première surprise de ce bilan : le poids de la nourriture dans le bilan et sous nos hypothèses ! Pour une journée de travail en présentiel, nous avons choisi d’inclure un repas au restaurant avec du bœuf tandis que nous avons utilisé l’empreinte carbone d’un repas français moyen pour la journée en télétravail. Ce choix induit une différence de 4kg de CO2 équivalent sur le repas.
Dans les deux cas, le déjeuner reste le poste d’émission de GES le plus important dans notre bilan carbone. Petite surprise, le café a également sa place dans ce bilan, avec une empreinte carbone similaire à celle de la consommation électrique de nos appareils…
Quelles actions concrètes pour réduire son empreinte carbone concernant son alimentation?
- Pour les carnivores, privilégier les plats à dominante végétale (division par 2 à 3 des émissions), ou le poulet (1,58 kgCO2e) au bœuf (7,26 kgCO2e)
- Pour ceux qui le souhaitent et dont la santé le permet, les repas végan seront généralement moins émetteurs de GES (0,51 kgCO2e)
- Pour les plus courageux, amenez votre lunch box au bureau, mais votre repas sera probablement moins riche en protéines animales qu’un repas au restaurant
Levier n°2 : Les déplacements
L’utilisation de la voiture fait exploser le bilan carbone d’un scénario. 1km parcouru en voiture contribue en moyenne à l’émission de 193 gCO2e. En métro/RER/tram en Île-de-France, 1km parcouru correspond seulement à 33 gCO2e. La surprise cette fois vient de la contribution du bus, 4,5 fois plus émetteur que les transports ferrés : 146 gCO2e ! Une valeur finalement assez proche de la voiture…
Après quelques recherches, il apparaît que les calculs des facteurs d’émissions incluent seulement la production et la consommation de carburant et non pas la création des infrastructures de transport (rails, train, gares, routes…). A Paris, les métros et RER ont des taux de fréquentations plus important que les bus, ce qui explique la différence de facteur d’émissions. Nous ne savons pas si le rapport serait inversé si on prenait en compte la création des infrastructures (produire un rail est très couteux en CO2…). Avec ces données, nous mettons le doigt sur la difficulté à définir des périmètres de calcul pour évaluer des facteurs d’émissions.
Quelles actions concrètes pour réduire son empreinte carbone concernant ces déplacements ?
- Si vous avez le choix, privilégier les transports en commun ferrés
- Privilégier le télétravail au présentiel s’il faut prendre la voiture pour se rendre au bureau (quels systèmes d’information pour le télétravail ?)
- Proposer une réunion en visio si le trajet nous force à utiliser la voiture ou prendre le bus (les syndics le font déjà)
Télétravail ou présentiel ?
Au bilan, les émissions d’une journée de travail en présentiel sont deux fois plus élevées que celles d’une journée de télétravail. Ici, une bonne partie de la différence est expliquée par le choix du repas étant donné que d’après l’ADEME, un repas dans un restaurant est en moyenne plus riche en protéines animales qu’un repas à la maison. La réduction des émissions se fait sur les déplacements, mais également sur la consommation électrique et en chaleur des locaux, plus énergivores au travail qu’à la maison.
A noter, que loin d’avoir une empreinte carbone négligeable, la visio permet pourtant de réduire les émissions, tant que son utilisation reste raisonnée. (Pour qu’une journée de travail en télétravail ait une empreinte carbone de 10 kgCO2 équivalent, c’est à dire similaire à notre bilan en présentiel, un consultant devrait passer à 14h de visio par jour !). Selon nos scénarios, l’utilisation des outils de visio semble être une bonne façon de réduire ses émissions de GES en évitant les déplacements en voiture ou en bus, surtout pour une réunion client. Sans parler de ses avantages dans les situations d’urgence sanitaire, comme l’explique le chef d’établissement de l’ENC Blomet.
Conclusion
Ce n’est pas tant le déplacement que la manière de se déplacer qui a un impact sur les émissions de GES : les véhicules personnels et le bus sont les plus mauvais élèves. On peut alors privilégier le télétravail ou limiter les déplacements entre sites quand c’est possible. Mais le plus gros levier d’action dans ces scénarios reste le choix de ce qu’on met dans notre assiette. Un argument de plus pour manger plus équilibré ? Nous allons peu à peu continuer à explorer l’impact complet du progrès digital sur la consommation énergétique et l’émission de GES. Nous serions intéressés d’avoir votre avis à ce sujet, en répondant à notre sondage. N’hésitez pas également à télécharger notre livre blanc « Etude de Mobilité » dans le bandeau de droite.
(1) : https://maps.esri.com/globalriskofdeadlyheat/#
Sources
Base carbone de l’ADEME : https://www.bilans-ges.ademe.fr/fr/basecarbone/donnees-consulter/choix-categorie
Etude Quantis pour Packaging Consortium, 2015 : https://www.nespresso.com/entreprise/sites/default/files/p10/2020-05/infographie-empreinte%20carbone_0.pdf
Pour une sobriété numérique, rapport du Shift Project 2018 : https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/
Agence France Electricité : https://www.agence-france-electricite.fr/
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