Dans les rues de Manhattan, le 3 avril 1973, Martin Cooper, ingénieur de la société Motorola, réalisait le premier appel depuis un téléphone portable. Le téléphone, lui-même, pesait près de 1 kilo, son surnom “la brique” ne fut pas le fruit du hasard. D’une longueur significative de 22 centimètres, il fut commercialisé 10 années plus tard en 1983 où il évoluera progressivement jusqu’à notre ère et les smartphones que nous connaissons aujourd’hui. C’est ce même 3 avril, date non choisie au hasard, que ce même Martin Cooper a célébré, depuis chez lui en Californie, le demi siècle de ce premier coup de téléphone.
Fin des années 90, la course contre la montre
Un coup d’envoi retardé
Le véritable coup d’envoi coup de la téléphonie commerciale viendra avec la norme GSM, (Global System for Mobile Communications) véritable innovation de rupture, qui prend forme en 1987. Le système GSM est la toute première technologie à offrir une fonction mobile à la téléphonie et permettant une utilisation sur de grandes distances tout en ayant une couverture réseau suffisante.
A partir de 1987, les téléphones mobiles commencent leur mue en devant plus performant (meilleure autonomie de la batterie, micro-sizing, temps de charge réduit…). Le finlandais Nokia s’impose dès 1989 comme un acteur très avancé dans ce secteur avec les produits de la gamme Mobira. Motorola suivra naturellement le mouvement de son concurrent dès 1989 en sortant le MicroTAC, le téléphone de poche avec ses 23 cm de long pour environ 300 grammes. Motorola s’impose indiscutablement comme le leader du marché à cette époque.
Le GSM donnera le coup d’envoi à une montée en puissance des fonctionnalités. Première génération de technologie sans fil cellulaire, la 1G (1986) permettra de passer des appels, la 2G (1991) d’envoyer des SMS, la 3G (2004) de surfer sur le web et d’envoyer des MMS et la 4G (2011) de généraliser l’internet mobile.
L’offensive made-in-France
Après le Minitel, la France tente de se distinguer. France Télécom commercialise le Bi-Bop en 1991 pour concurrencer le GSM. Il s’agit en réalité d’une cabine de téléphonie portative permettant de téléphoner directement en ville à condition de se trouver à moins de 200 mètres d’une borne. Les inégalités face à la technologie mobile apparaissent dès le début puisque ces “zones d’appels” dédiés étaient uniquement présentes dans les grandes villes.
France Télécoms visait au moment du lancement de la technologie 500 000 abonnés d’ici la fin de l’année 1995, une prévision revue à la baisse aux alentours des 300 000 abonnés qui ne sera finalement jamais atteinte. Le Bi-Bop finit par disparaître des radars en 1997, à son extinction il comptait encore plus de 46 000 abonnés
1994, le premier smartphone de l’histoire
Aucun des deux acteurs historiques de la téléphonie mobile n’est à l’origine du premier smartphone. Vous avez deviné qui en était l’inventeur ? La société IBM lance le “Simon”. Ce premier “téléphone intelligent” permettait non seulement de recevoir des appels mais aussi de recevoir des e-mails et des fax. Il était également doté d’un écran tactile noir et blanc, d’un agenda, d’un calendrier, d’une calculatrice… toutes ces fonctionnalités qui nous paraissent aujourd’hui évidentes et qui n’attirent plus notre attention.
2007, Apple rebat les cartes et ridiculise la concurrence
Nous parlions dans le début de cet article d’une première innovation de rupture avec l’avènement de GSM, l’apparition de l’iPhone ancrera définitivement la définition de smartphone dans notre quotidien. Une surface tactile, un écran de 480 pixels, un marché d’applications sans limite, la marque à la pomme a façonné l’ère mobile dans laquelle nous sommes en train d’évoluer.
Un avant et un après
Vous avez sûrement connu le marché de la téléphonie avance l’émergence d’Apple. A cette époque, la quasi-totalité des appareils de téléphonie mobile étaient équipés d’un simple clavier numérique de douze touches, écrire un sms était un vrai défi (souvenez-vous, le T9 !), accéder à internet semblait impossible, jouer à candy crush impensable… Et pourtant l’iPhone l’a fait, et a rendu obsolètes tous les acteurs présents. Les acteurs historiques ont tout fait, avec des succès variés, pour s’aligner rapidement vers le nouveau standard fixé par l’iPhone, sous peine de disparaître définitivement.
En 2005, la marque à la Pomme, qui cartonnait avec son iPod qui dépassait les ventes des ordinateurs Mac à décider de sacrifier lui-même son best-seller. « L’iPod peut devenir inutile » : tels étaient les mots de Steve Jobs à cette même époque se préoccupant de la place prédominante qu’occupait le téléphone portable auprès des consommateurs.
L’influence a été notoire, dès la sortie de la première version de l’iPhone, la plupart des constructeurs de téléphonie mobiles ont rapidement intégré les innovations de leur concurrent Apple allant parfois jusqu’à copier son design. Le marché de “l’avant iPhone” a tout simplement sombré et les acteurs n’ayant pas pris le train en marche dès le départ doivent composer avec une part de marché de plus en plus réduite.
L’iPhone a démocratisé des gestes qui pourtant ne sont pas naturels, comme le balayage du doigt pour passer d’un élément à l’autre ou encore le pincement pour l’agrandir. Des mouvements passés dans l’inconscient des “iPhone addicts”.
Des innovations qui se réduisent et des critiques qui émergent, avec la concurrence d’Android
Apple a toujours essayé, sinon réussi, à garder une longueur d’avance sur ses concurrents en ajoutant de nouvelles fonctionnalités, qui furent, lors des premiers modèles, très innovantes (caméra frontale, déverrouillage via empreinte digitale…). Malgré des innovations quasi-annuelles, les évolutions technologiques d’un modèle à un autre commencent à se voir de moins en moins, si bien que l’iPhone essuie des premières critiques.
Ces critiques, présentent dès le lancement du premier iPhone (le MMS n’étant pas compatible au lancement de l’iPhone 1) se démocratisent de plus en plus à mesure que les évolutions ne se distinguent plus de la part du grand public. D’autre part, la marque a également été vivement critiquée pour un abus de position dominante vis-à-vis des développeurs d’applications. Nombre d’entre-eux continuent de dénoncer l’App Store comme passage obligé des consommateurs pour télécharger des applis et payer pour des biens et services numériques.
En outre, l’irruption de Google, qui a donné un énorme coup d’accélérateur à l’OS Android, a permis l’émergence d’un standard alternatif à Apple, qui tape fort et qui a relégué Apple à la 3ème ou 4ème place du podium des vendeurs de mobiles, alors que l’entreprise avait trusté le haut du podium de nombreuses années.
Le futur de la téléphonie mobile, à quoi s’attendre ?
La 5G, dernière évolution de rupture de la téléphonie mobile
La 5G, récemment lancé à la fin de l’année 2020 est encore en cours de déploiement dans la plupart des pays développés. Les acteurs français estiment terminer le déploiement complet de la 5G à l’horizon 2030. La 5G, dès sa sortie, nous promettait de belles promesses avec un débit nettement amélioré et des capacités supérieures promettant des jours nouveaux à nos smartphones.
En augmentant la capacité à des endroits stratégiques (où les réseaux mobiles sont fortement sollicités) comme les lieux à forte concentration, la 5G offrira une navigation plus fluide à ses utilisateurs malgré leur nombre croissant et réduira considérablement la saturation des réseaux; un des bénéfices les plus attendus. La latence est également nettement améliorée. La latence passe de 10 à 1 milliseconde en moyenne par rapport à la 4G.
D’autre part, notre mode de consommation de contenus sur téléphones mobiles a profondément changé ces dernières années. Nous consommons davantage de vidéos et de contenus qui nécessitent de plus en plus de données mobiles. Ericsson, équipementier de téléphonie, estime que l’utilisation de données mobiles moyenne par les utilisateurs de smartphones pourrait atteindre 200 GO par mois d’ici 2025.
Le smartphone, un idéal jamais remis en cause ?
Si nos réseaux mobiles continuent passionnément de grandir vers une réalité jusqu’à lors uniquement imaginée, qu’en est-il de la remise en cause de nos smartphones ? Lors du dernier Mobile World Congress, les acteurs ont consacré leur temps autour des modèles de smartphones à écran pliable ou déroulant.
Le smartphone arrive t-il à son épilogue ? De nouveaux acteurs pourront-ils créer et imaginer son remplaçant, à la manière d’Apple en 2007 ? Le futur se situe peut-être du côté de la Corée où des chercheurs sont parvenus à réaliser des hologrammes numériques en 3D avec des composants suffisamment petits pour tenir dans un smartphone. Simple évolution ou véritable révolution ?
Selon plusieurs acteurs, nous sommes à des années lumières de ce à quoi ressembleront nos téléphones mobiles dans plusieurs années. Elon Musk et sa société Neuralink ont toujours pour projet de faire de notre cerveau une connexion unique entre le monde virtuel créé par le smartphone et le monde réel. Martin Cooper, quant à lui, croit que nos téléphones pourraient nous être implantés directement sous la peau de nos oreilles.
Et vous, que pensez-vous du futur de la téléphonie mobile ?
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