L’éducation et la technologie s’intègrent de plus en plus naturellement. C’est pourquoi j’ai voulu présenter les principales conclusions de l’étude sur l’influence des TIC sur la performance aux épreuves PISA 2012, que j’ai menée avec deux collègues lors de mon Master. Cette étude avait également pour ambition de servir de point de repère pour l’analyse des résultats des épreuves PISA 2018.
Au tableau ! 4 effets de la technologie sur l’éducation scolaire
PISA (Programme for International Student Assessment) est un programme mené par l’OCDE qui cherche à évaluer les étudiants des pays membres et partenaires dans trois domaines fondamentaux : les mathématiques, les sciences et la lecture. Les évaluations ont lieu tous les trois ans et à chaque édition, une analyse plus poussée est réalisée sur l’un des trois domaines. Nous avons pris comme base de notre étude les résultats de PISA 2012, dont le principal domaine d’analyse était les mathématiques. L’édition de 2012 a réuni 51 000 participants résidant dans 65 pays.
Notre étude vise à identifier les usages et les effets des technologies de l’information et la télécommunication (TIC) sur l’éducation dans le monde. Ceci parce que nous considérons que les TIC ont eu un développement rapide ces dernières années tout en étant devenues des outils quotidiens du primaire à l’enseignement supérieur. Dans ce cadre, nous avons choisi d’étudier les résultats des preuves PISA à cause de son approche internationale et de l’intérêt porté à la qualité de l’environnement académique des enfants (les outils informatiques, le ratio enseignant-étudiant, etc…).
Afin d’être précis dans l’analyse, nous avons pris comme référence la littérature disponible jusqu’en 2015 concernant l’impact des TIC sur l’enseignement scolaire, notamment celle liée aux épreuves PISA. Dans le but d’enrichir cette littérature, nous avons créé un modèle économétrique comportant différentes variables sociologiques afin d’isoler autant que possible les effets des TIC sur les notes PISA. Un risque de biais est néanmoins existant car certaines données sont déclaratives (étudiants et écoles) et les données existantes ne permettent pas de corriger davantage le biais.
Les effets sur l’éducation mentionnés ci-dessous sont analysés indépendamment. A titre de référence, les notes en 2012 ont été dans un intervalle de 342 à 613 points. Voici les 4 effets principaux de l’exposition et de l’usage des TIC sur l’enseignement (PISA 2012):
Le tchat en ligne
En premier lieu, nous nous sommes interrogés sur l’usage d’internet pendant les cours. Nous avons d’abord mesuré l’impact du temps passé à tchatter en ligne (réseaux sociaux, etc.). Comme attendu, cela a un impact négatif sur les résultats des étudiants. En effet, le simple fait de tchatter en ligne entraîne une perte de 11 à 50 points aux résultats des examens. Par ailleurs, notre étude a montré qu’il n’était pas nécessaire de tchatter tous les jours pour que le tchat ait un impact sur les résultats scolaires. En effet, sur une échelle de 0 à 1 (où 1 représente chatter tous les jours) aucun pays n’est au-delà de 0,33. De ce fait, il y a une relation plus que proportionnel entre le temps de tchat et son impact sur la performance scolaire.
Les recherches sur Internet
Parmi les questions posées aux élèves concernant l’utilisation d’Internet, nous avons analysé le temps consacré à la recherche sur Internet à l’école dans l’objectif de compléter leurs devoirs. Nous avons trouvé que l’usage d’internet pour les recherches scolaires avait un impact modestement positif sur les notes en mathématiques de PISA 2012.
De fait, nous avons remarqué que pour obtenir un effet positif sur leurs notes, les élèves devaient consacrer un temps significatif à leurs recherches sur internet. Sans quoi les recherches internet n’avaient aucun effet sur les notes des élèves. Un faible temps consacré aux recherches pouvait même enlever à la moyenne du pays jusqu’à 35 points aux élèves. Autrement dit, bien que les recherches internet n’apportent de la valeur relative que lorsque beaucoup de temps y est consacré, elles apportent beaucoup à la formation des jeunes élèves.
L’âge d’accès aux TIC
Nous avons décidé d’analyser d’autre part l’impact de l’âge de la première exposition à la technologie. Nous avons découvert que, comme avec les langues, l’accès aux technologies (dans un but éducatif) dès les premières années de l’enfance a un impact positif et significatif dans la performance scolaire. En effet, les élèves indiquant avoir eu accès avant 9 ans aux TIC peuvent avoir un résultat supérieur de 30 à 40 points dans la moyenne à ceux qui l’ont eu accès après cette âge là,
Une hypothèse qui pourrait expliquer cet effet est le développement d’une pensée logique, dû au contact avec la programmation et l’utilisation des différents logiciels, dans la pensée mathématique.
Les réponses au questionnaire montrent également qu’à l’exception de 4 pays, au moins 70% des enfants ont accès aux TIC avant l’âge de 9 ans. Les champions en la matière étant la Nouvelle Zélande et le Danemark, où 90% des élèves ont accès aux TIC avant l’âge de 9 ans.
Les smartphones
Enfin, nous avons voulu évaluer l’impact sur les performances scolaire de l’utilisation du smartphone à l’école, cet outil étant déjà très répandu en 2012 et encore plus aujourd’hui. Comme attendu l’utilisation du smartphone a un effet négatif, pouvant engendrer une perte maximale de 30 points. Toutefois, l’impact varie d’un pays à l’autre et il n’est pas possible d’établir une corrélation directe entre le temps d’utilisation du smartphone et le nombre de points perdus.
Conclusion
Bien que l’analyse que nous avons menée n’est que valable pour PISA 2012 si on considère l’évolution rapide des TIC, elle permet de repérer des tendances dans l’utilisation de la technologie et ses effets sur l’éducation. C’est pourquoi, il sera intéressant d’étudier l’examen PISA 2018 qui aura comme domaine principal des épreuves la lecture. Cela permettra d’approfondir la question de l’influence des TIC sur la performance scolaire, notamment dans un monde beaucoup plus visuel et à 280 caractères. Ce sera par ailleurs l’opportunité de challenger les résultats obtenus en 2012.
Je voudrais remercier mes collègues Catalina Salas et Teresa Aguilar qui sont co-auteurs de l’analyse.