Nous avons récemment terminé une mission de conception et construction d’un système d’information innovant pour Volterres, nouvel acteur de la fourniture d’énergie renouvelable. Le système d’information conçu s’appuie notamment sur la blockchain, ce qui a naturellement amené la question de la consommation énergétique et de l’impact écologique de cette technologie (nous avons démontré que le système conçu était moins énergivore qu’une ampoule de 100 Watts). Notre partenaire sur cette mission, Blockchain Partner, propose depuis quelques mois une étude éclairante sur le sujet, dont je vous livre une synthèse dans cet article.
Une consommation décriée mais difficile à mesurer
Depuis quelques années, les publications pointant l’impact écologique du Bitcoin se sont multipliées, notamment au moment de la hausse du cours du Bitcoin, quand celui-ci était l’objet de toutes les attentions médiatiques.
Or les études mentionnent rarement le fait que les chiffres avancés sont basés sur des estimations, rarement précises, voire des extrapolations. L’exemple le plus connu est sans doute l’affirmation que le Bitcoin consomme autant d’énergie qu’un pays comme l’Irlande. Selon Blockchain Partner, celle-ci s’appuie sur une étude publiée en 2014 dont la conclusion indique que la consommation énergétique du minage de Bitcoin se situe dans une fourchette de 0,1 à 10 Gigawatts (soit un facteur de 1 à 100, ce qui n’est pas très précis) fourchette dans laquelle se situe la consommation énergétique de l’Irlande, choisie comme référence car les auteurs de l’étude étaient irlandais.
Cette affirmation a été reprise ultérieurement sans que les détails nécessaires à sa bonne interprétation n’aient été livrés.
Le Bitcoin consomme de l’énergie, c’est un fait. Il convient cependant d’être prudent au moment d’asséner tel chiffre ou comparaison, surtout quand il constitue un élément important de prise de décision.
Une vision simpliste à plusieurs égards
Le Bitcoin n’est pas la blockchain
Le Bitcoin est souvent mis en avant car il s’agit du premier usage de la blockchain. Pour autant, il existe d’autres blockchain, publiques ou privées, dont les protocoles sont parfois différents de celui, dit de preuve de travail, du Bitcoin. C’est en effet ce protocole de fonctionnement qui implique les activités de minage, à l’origine de la consommation énergétique tant décriée du Bitcoin.
Toutes les blockchains ne consomment donc pas la même énergie que celle du Bitcoin, tant du fait de leur taille que de leurs modalités de fonctionnement.
Le minage de Bitcoin est en partie alimenté par des énergies renouvelables
L’empreinte écologique d’une consommation d’énergie est fortement liée aux moyens de production de cette énergie.
Or, selon plusieurs études citées par Blockchain Partner, une part importante des activités de minage du Bitcoin utiliserait de l’énergie renouvelable, notamment les « fermes de minage » situées dans la région du Sichuan, en Chine, qui s’appuieraient sur de l’énergie hydroélectrique. Bien qu’il convienne de faire preuve de prudence quant à ce type de statistiques, il apparait qu’une part non négligeable de l’énergie consommée par le protocole Bitcoin est d’origine renouvelable.
Mieux, le minage de Bitcoin favoriserait le développement des énergies renouvelables en constituant une demande stable, évolutive et mobile, en capacité d’aller s’installer dans les zones reculées où peuvent parfois se trouver des projets de production d’énergie renouvelable (barrages hydroélectriques, parcs solaires, …).
Conclusion
Nous l’avons esquissé dans cet article, la mesure de l’impact environnemental des blockchains est difficile à estimer. Lorsque ce facteur apparait dans un processus de décision, il convient donc d’analyser les informations avec dicernement.
Il est également nécessaire de se poser quelques questions complémentaires : si l’impact environnemental de la mise en place d’une blockchain est véritablement l’objet de l’inquiétude, quel est l’impact environnemental de l’alternative ou des alternatives ? L’impact environnemental est-il véritablement l’objet de l’inquiétude ou n’est-ce que le dernier repoussoir à la mode contre une technologie difficile à appréhender ?