Le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’instaurer en décembre 2020 chaque 1er janvier une prime d’équipement informatique de 150€ net par an aux enseignants. Cette somme, certes modeste, démontre toutefois les différents questionnements que se posent les organisations (Education nationale, établissements scolaires) pour résoudre le problème d’accès à un équipement de fonction pour les enseignants. Le BYOD apparaît comme une solution facile à mettre en place et gagnante pour les deux parties : enseignant et Education nationale / établissements scolaires.
Le BYOD ou comment permettre aux enseignants d’être équipés d’un ordinateur
Le BYOD, quésaco ?
Dans de nombreuses organisations le BYOD (bring your own device), AVEC en français (Apportez Votre Equipement personnel de Communication) devient la règle. Derrière cet acronyme, il faut simplement comprendre le fait d’utiliser son équipement portable personnel (ordinateur, tablette, smartphone) dans le cadre de son travail contre rémunération. Le BYOD permet donc à l’employeur de s’alléger la gestion de la flotte équipée. Grâce aux quelques dizaines d’euros par mois en échange, le salarié peut donc renouveler son matériel tous les 3 à 5 ans environ. Cette pratique est de plus en plus répandue dans les entreprises en France.
Depuis quelque temps, nous menons des projets de transformation digitale dans les établissements scolaires privés.
Les enseignants sont sans cesse incités à utiliser des équipements informatiques dans le cadre de leur métier :
- Préparer des cours
- Diffuser en classe avec vidéoprojecteur
- Former des élèves à des outils bureautiques (Word, Excel, PowerPoint…) ou spécifiques (Scratch, Geogebra, Edupython…)
- Effectuer des cours à distance en visioconférence
- Envoyer des cours/exercices aux élèves
- Remplir le cahier de texte numérique
- Faire l’appel
- ….
Cependant, la question se pose de l’outil à leur disposition. Nous allons nous consacrer en particulier à l’ordinateur.
En effet, comme l’enseignant n’est pas un salarié classique, la réponse à cette question n’est pas simple.
Un poste par enseignant ou un poste par classe ?
Premièrement on remarque, une particularité : l’enseignant a-t-il besoin d’un ordinateur à usage professionnel ?
En effet, à l’heure actuelle, le problème est souvent inversé, dans de nombreux établissements (publics comme privés), la solution a été de mettre à disposition un poste par classe. Les équipements sont donc disponibles dans l’établissement : ordinateur dans les salles de classe, dans les salles des professeurs, dans les salles informatiques. La question d’un matériel à disposition d’un enseignant de manière personnelle ne se posait pas. Cependant, on comprend les limites de ce système.
Toute personne préfère travailler en permanence avec son équipement pour de multiples raisons :
- Utilisation et classification des dossiers et fichiers
- Habitude et ergonomie
- Présence des logiciels
- …
L’utilisation d’un ordinateur par classe semble donc une logique dépassée. La mise à disposition pour les enseignants de leur équipement informatique devient donc une question centrale.
Un poste personnel, oui mais qui le fournit ?
En effet, les enseignants, dans le public et le privé, sont des fonctionnaires (ou contractuels) de l’Education Nationale.
Le prêt d’un ordinateur de fonction par l’Education Nationale à tous les enseignants ne semble pas réalisable à l’heure actuelle.
L’émergence des premières formes de BYOD
Nous allons aborder dans cette partie principalement les établissements privés sous contrat avec l’Etat. En effet, cette forme de BYOD est plus complexe à mettre en place pour les établissements publics qui dépendent du département pour le collège et de la région pour le lycée. Le champ de compétence d’un chef d’établissement de l’enseignement public est limité par rapport à celui du privé.
De ce fait, même si ce n’est pas leur rôle a priori, certains établissements privés mettent parfois à disposition gratuitement des enseignants des équipements qui leur sont prêtés pendant l’année scolaire. Dans certains cas, la solution est mixte :
- L’enseignant utilise son équipement personnel en classe
- S’il ne ne le souhaite pas, l’établissement lui en prête gratuitement un pour l’année scolaire
Ces formes de BYOD sans rémunération rencontrent un succès et sont efficaces.
Les avantages de cette solution sont nombreux :
- La gestion du parc d’ordinateurs est déléguée en partie de l’établissement à l’individu (le responsable informatique continue d’accompagner les enseignants s’ils rencontrent des difficultés)
- L’enseignant connaît son matériel, il sait donc s’en servir
- L’enseignant dispose des logiciels dont il a besoin (il n’y a plus de problème d’absence de logiciels sur certains postes ou des mises à jour de logiciels non réalisées qui ne peuvent être résolus par l’enseignant lui-même car il ne possède pas les droits d’administration)
- L’enseignant peut se servir à tout moment du même ordinateur, à l’école ou chez lui. Il a accès à toutes les ressources partout
- Si le Wifi est déployé dans l’école, il peut se servir facilement d’Internet dans l’établissement
- En classe, l’enseignant peut se connecter au vidéoprojecteur avec les installations présentes : Chromecast sans fil ou câble avec prise HDMI. Pendant son cours, il a accès à tous les documents du disque dur local de son ordinateur ou de son Cloud (ex : GDrive, OneDrive)
- L’utilisateur fait souvent plus attention à son matériel qu’à un matériel commun
Un BYOD au niveau national : la prime de 150€ net de l’Education Nationale
Cette thématique de l’accès à un poste de travail est devenue d’autant plus centrale avec le confinement total du printemps dernier et le partiel de la fin d’année 2020. En effet, historiquement les enseignants s’équipaient en priorité de fournitures « peu onéreuses » issues de la papèterie. Le saut dans le numérique les amènent à acheter des équipements nettement plus onéreux. Le confinement a amené à cette prise de conscience par l’Education nationale des besoins du terrain.
De ce fait, l’Education nationale tente une première approche nationale vers le BYOD avec la mise en place d’une prime d’équipement informatique de 150€ net chaque 1er janvier à compter du 1er janvier 2021 (décret et arrêté). Les agents se voient verser cette prime “au titre du matériel informatique dont ils se dotent pour réaliser leurs missions”. On remarque qu’avec 150€/an on ne va pas très loin mais la logique commence à s’installer qu’un ordinateur doit être fourni à un enseignant comme à un agent ou salarié classique car c’est un outil de travail central pour exercer sa profession.
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