Passionné par les débats de société et acteur de la société civile, et après une première expérience dans une grande entreprise, Florent Guignard a rejoint le monde de l’entrepreneuriat en 2015 en lançant son entreprise, un journal nommé Le DRENCHE. Quel est le pari fou derrière cette aventure : ouvreur de débats, idéaliste, Florent lance-t-il un media des CivicTech ou ose-t-il relancer un media papier sur la politique en 2017 ? Nous avons eu la chance de pouvoir le rencontrer et d’échanger sur son expérience.

#CivicTech : rencontre avec Florent Guignard fondateur du journal le DRENCHE

Quel est le problème ? Qu’est-ce qui a poussé à la création de votre journal ?

L’idée de créer un journal différent est à la fois née d’une passion et d’un constat.

Traiter les débats et les sujets a toujours été un besoin et une envie personnelle. Je n’avais pas le sentiment que les médias arrivent à traiter les sujets sur le fond et qu’ils permettaient de se forger une opinion éclairée.

La vulgarisation des médias frôle parfois les raccourcis : un exemple frappant est le résultat d’un sondage sur lequel j’étais tombé « êtes-vous pour ou contre les gaz de schistes ? ». Les réponses présentées étaient très tranchées : 85% pour, 10% contre, 5% sans avis.

Pourtant, sur le même sondage, seulement 14% des sondés s’estimaient suffisamment à l’aise pour expliquer ce que sont les gaz de schistes.

Le concept de Le DRENCHE est né pour répondre à ce problème en s’appuyant sur 3 axes (ou idéaux !) :

  • S’informer: procurer aux lecteurs un contenu concis et complet sans essayer de les influencer,
  • Se positionner: proposer aux lecteurs deux avis d’experts contraires. Ils permettront aux lecteurs de comprendre les différents arguments et de se forger leur propre opinion,
  • S’engager : mettre à disposition des liens ou des solutions pour permettre aux lecteurs d’approfondir les sujets ou pour s’engager (association, lien avec change.org…).

De l’information et de la controverse pour faire naitre le débat et éclairer les décisions

Le DRENCHE est donc un journal qui propose aux lecteurs des sujets de débats. Ils permettent la construction d’un raisonnement propre et invitent à l’engagement.

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Quels services proposez-vous pour vous différencier des autres journaux ?

Le DRENCHE est une entreprise de l’économie solidaire.

Le journal souhaite donc appliquer les principes d’égalité et de participation pour son fonctionnement et propose donc plusieurs modalités pour se différencier.

  • Journal participatif : tous les lecteurs du journal peuvent proposer des sujets de débats. Ils deviennent alors acteurs de leur journal et participent activement aux débats proposés.
  • Pas de journaliste : l’information provient directement de spécialistes du domaine concerné.
  • Pas de ligne éditoriale : le journal ne favorise personne et offre sa tribune à tous ceux qui veulent s’exprimer dans le respect et la volonté de construire un échange.
  • Promouvoir l’autonomie et la qualité : l’intégralité du site pousse le lecteur à se renseigner plus en détail et à se forger sa propre opinion. Tous les arguments d’experts sont accompagnés de leurs sources et donc chaque lecteur peut aisément développer ses compétences sur les sujets avant de participer aux débats.
  • Faciliter l’engagement : pour les débats de société, le DRENCHE met à disposition des informations et des liens pour pouvoir s’engager. C’est là l’un des objectifs du journal. Créer des citoyens acteurs dans notre société.

Où en est l’entreprise Le DRENCHE ?

Le journal est aujourd’hui en plein essor avec environs 1 000 lecteurs par jour sur notre site.

De plus depuis cette année, nous avons lancé la distribution en format papier. Après avoir travaillé avec des universitaires, nous avons pu concevoir et lancer un modèle rentable. Le journal est imprimé à 60 000 exemplaires et distribué dans les universités de Paris, à raison d’un numéro tous les mois et demi. Le développement d’un journal papier peut sembler étonnant aujourd’hui et pourtant Le DRENCHE peut viser la rentabilité grâce à la publicité.  Sous son format numérique, nous avions choisi d’exclure la publicité. A l’inverse, pour son format papier, nous avons décidé d’accepter la publicité après avoir  mis en place une charte : le journal se laisse le droit de refuser des annonceurs, qui ne correspondraient pas à ses valeurs. En cas de doute sur les publicités, nous soumettons le point pour arbitrage auprès du comité des lecteurs. Ce sont donc les lecteurs qui décident in fine.

Pour continuer cette expansion, le journal souhaite augmenter son rythme de parution pour atteindre une parution d’un numéro tous les quinze jours en 2018. Enfin, le journal souhaite s’étendre en dehors de la région parisienne.

Exemplaires papier de Le DRENCHE

voici les 3° et 4° numéro du DRENCHE

Comment vivez-vous cette expérience d’entrepreneuriat ?

Je suis passé d’un univers très pyramidal avec beaucoup d’inertie (« on fait comme ça puisque c’est comme ça ») à un fonctionnement agile et souple. Le changement a été radical et cela a été le bon choix pour moi. Il est vraiment intéressant de pouvoir mettre en avant ses propres valeurs, de devenir son propre patron et de voir que d’autres méthodes fonctionnent.

C’est une véritable aventure qui m’a permis d’apprendre de nouvelles choses comme réaliser des conférences, recruter, gérer une comptabilité, gérer des équipes… Les initiatives civiques sont d’ailleurs contagieuses puisque, séduit par le concept du journal, un groupe d’universitaires hongrois a contacté le DRENCHE pour reproduire le même journal dans leur pays.

 

Florent Guignard est également Président de Démocratie Ouverte, collectif pour l’expérimentation de nouveaux modèles de gouvernance citoyenne.
Je vous invite à vous rendre sur le site du DRENCHE et participer aux différents débats