Un acteur public nous interrogeait récemment sur les bonnes pratiques pour bâtir une stratégie de la donnée. Voici donc quelques règles de survie sur la donnée pour éclairer les acteurs publics des territoires. Témoignage non exhaustif !

La donnée est une ambition collective dans la durée

La Data est l’un des trois piliers de l’Open government partnership[1], mouvement mondial visant à réinventer les modèles de gouvernance démocratique à l’ère d’internet. C’est une source de progrès politique, également de souveraineté territoriale face aux bouleversements numériques, et enfin de progrès du Service public. Un territoire doit exister autant sur le plan géographique, économique, culturel et social que sur le plan numérique avec la Data.

La Data est d’abord une compétence, avant d’être une culture : les agents doivent développer des compétences par l’expérimentation, voire la formation. Cela passe par la connaissance et la pratique de la Data. Ensuite, la culture viendra de la curiosité individuelle que suscite l’exercice. Les élus doivent également bénéficier de cette compétence et de cette appétence pour les données. C’est la donnée qui transcrit les faits et rend possible l’analyse. Alors, l’action peut accélérer sur les sujets de politique publique sur le territoire.

La Data est un exercice dans la durée : loin des datavisualisations faciles et intuitives, l’effort initial porte d’abord sur le nettoyage, la normalisation (mise au format) des données. A titre d’exemple, les Datas Scientists professionnels passent 80% de leur temps à constituer les bases et 20% à exploitation les données. Les travaux sur la Data requièrent des étapes « ingrates » et fondamentales préparatoires . Il faut prendre en compte ces étapes dans la montée en compétences du collectif. Les collectivités franchissent ainsi des paliers de maturité collective de la Data.

Artisan dans son atelier

Patience et courage face aux travaux sur la donnée.

La donnée est source d’expérimentations, utiles aux métiers

La Data est le socle d’innovations. Vecteur d’expérimentation, la data peut perturber l’autorité publique dans son rôle de garant d’une doctrine stabilisée. La loi pose des bases qui permettent aux territoires de s’engager dans une voie qui reste en partie à tracer, avec un rôle d’incubateur parfois nouveau pour certaines collectivités. La posture est à ajuster entre celle du contrôle lié à l’autorité du Service public et celle de l’ouvreur du terrain de jeu d’innovation et de fabrique du territoire.

La Data est d’abord un actif des métiers, et un actif collectif qui gagne en valeur en circulant. Bien qu’hébergée dans des SI, la donnée n’est pas le monopole de la DSI qui en est l’opérateur technique de grande valeur. Un projet Data doit nécessairement chercher à créer les conditions de valorisation par la mise en transversalité de la Data. Pour une intercommunalité, c’est avec l’ensemble des services qu’il faut créer cette transversalité. Mais aussi avec les acteurs des communes !

Data actif métier et actif circulant

La donnée est un actif du métier. Si ce n’est pas le cas, arrêtez tout de suite !

Les droits du bon usage et les cas d’usages de la donnée

Les usages de la Data doivent respecter le droit. Notamment les droits personnels, depuis la création de la donnée jusqu’à sa destruction, selon les prescriptions clarifiées grâce au RGPD. Mais aussi les droits des citoyens liés à l’ouverture des données publiques. Les Collectivités doivent donc se conformer à l’ouverture de la Loi Lemaire, selon le périmètre de la loi. Les règles sur les données doivent être lisibles de tous les acteurs, pour assurer un développement éthique et transparent qu’il soit politique, économique ou social.

La Data bénéficie maintenant de retours d’expérience sur la méthode : les projets Data doivent rapidement démontrer des résultats. Ils doivent bénéficier des bonnes pratiques des projets en 2021, avec une approche par expérimentations qui livrent rapidement des résultats visibles. Les Collectivités doivent privilégier les approches « modestes » tangibles. Ces démarches mises en place par des équipes sur une plateforme marquent plus de points que de beaux discours… qui peuvent embarquer les équipes des Collectivités à leur insu dans un projet cathédrale.

Autres articles sur le thème : attractivité des territoires et open data ou article entrepreneur avec le témoignage de Laurent Le Breton

 

[1] « Le Partenariat pour un gouvernement ouvert (« PGO », en anglais: Open Government Partnership ou « OGP ») est un partenariat multilatéral. Il vise à promouvoir un gouvernement ouvert à savoir la transparence de l’action publique et son ouverture à de nouvelles formes de concertation et de collaboration avec la société civile, en faisant notamment levier sur le numérique et les nouvelles technologies. » source : Wikipédia. Lancé en 2011 par huit pays, l’OGP a été rejoint par ~70 pays. La France en a assuré la présidence en 2016-2017.