L’année 2022 sonne comme l’année de la reprise économique et notamment sur le plan de l’emploi où les ambitions et les prévisions semblent excellentes. Cependant les objectifs de plein emploi se heurtent aux réalités du marché de l’emploi et aux difficultés de plus en plus importantes des entreprises dans leurs projets de recrutement.
Difficultés dans le recrutement et plein emploi : qui remportera le combat ?
Les intentions d’embauches des entreprises n’ont jamais été aussi fortes
Ce premier constat vient démontrer que le marché du travail a retrouvé du dynamisme et de l’intérêt pour les entreprises. Selon l’enquête annuelle réalisée par Pôle emploi, les entreprises auraient plus de trois millions de projets d’embauche pour l’année 2022, soit une hausse de 12% par rapport à 2021. Ce chiffre représente une possibilité d’embauche pour près d’un établissement sur trois (contre un sur quatre en 2021). Pour les plus réfractaires quant à la santé économique du pays, il n’y a plus de doute. La reprise économique post-Covid entamée vers le début de l’été 2021 se confirme et s’accélère nettement sur le début de l’exercice 2022.
Cette dynamique est portée par l’ensemble des entreprises françaises avec un engouement supplémentaire pour les entreprises de moins de 50 salariés qui seront amenées à porter sept projets sur dix :
Selon l’APEC (association pour l’emploi des cadres) les intentions de recrutement des cadres sont également dans une dynamique positive. Au 1er trimestre 2022, 13% des entreprises envisageaient de recruter des cadres, une hausse de 2 points par rapport au dernier trimestre de l’année précédente. La dynamique axée sur les cadres est quant à elle, plus largement portée par les grandes entreprises et les ETI (67% ; +12 pts).
Des intentions qui augmentent et des secteurs en pleine crise de recrutement
Le recrutement représente un enjeu majeur pour les entreprises au cours de cette année 2022. Selon Pôle Emploi, 58% des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises pour cette année, soit une hausse de 13% par rapport à 2021. D’une manière générale, ces difficultés se retrouvent dans toutes les entreprises quelque soit leurs tailles et progressent systématiquement comparé à 2021.
Sur les cinq dernières années, les difficultés de recrutement ont été particulièrement marquées chez les infirmiers (+53,2%), les éducateurs spécialisés (+40,9%) ou encore les conducteurs de transports en commun sur route (+39,2%).
Sur cette année 2022, trois secteurs sont particulièrement affectés par les difficultés de recrutement. Nous retrouvons le secteur du transport et de l’entreposage avec une hausse de 31% d’intentions d’embauche, le secteur de l’industrie avec une prévision de hausse de 24% des projets d’embauche et le secteur de l’hébergement, de l’hôtellerie et de la restauration avec une hausse de 23%.
Des difficultés nationales, la faute à qui, à quoi ?
Des intentions d’embauche en hausse, un taux de chômage historiquement bas et des objectifs de plein emploi assumés par le gouvernement témoignent des difficultés pour les entreprises.
L’enquête BMO 2022 de Pôle Emploi tend à offrir de premières explications sur ces difficultés. La première explication proviendrait du manque de profils de candidats. Un constat encore plus observable à travers les difficultés pour les entreprises de trouver des salariés saisonniers. La deuxième explication pourrait être liée aux profils en inadéquation avec les besoins des entreprises. Cependant ce constat est plus complexe. Il proviendrait plus précisément de l’abondance des candidatures dans des secteurs insuffisamment demandés par les employeurs.
En effet, selon une étude de la Dares, les recruteurs pointent pour beaucoup un décalage entre leurs attentes et les compétences des candidats. Toujours selon cette même étude, les candidats dénoncent un manque de moyens consacrés à l’embauche, des salaires trop bas, des conditions de travail peu attractives et des exigences excessives attendues vis-à-vis des candidats.
En se basant sur plusieurs enquêtes de l’INSEE, de Pôle Emploi et de la Dares, les entreprises ont toutes les clés en main pour surmonter cette crise de recrutement. De meilleures conditions de travail, un salaire plus valorisant et surtout des conditions moins contraignantes sur la sélection des candidats offriraient de premières réponses aux entreprises.
Des difficultés régionales : Zoom sur la distance domicile-travail
Une étude de l’INSEE parue en Avril 2022 met en avant d’autres facteurs du quotidien expliquant les difficultés de recrutement dans certaines entreprises.
Les franciliens ont, d’une manière générale, des temps de trajets plus longs pour se rendre sur leur lieu de travail que les autres actifs en France. Les distances domicile-travail sont plus élevées lorsque les actifs occupent des emplois à forte tension selon les interprétations du graphique. Entre ceux occupant un emploi à faible tension et ceux occupant un emploi à forte tension, le trajet médian passe de 6,4 à 12,8 kilomètres. En unité de temps, le temps de transport oscille entre 21 à 39 minutes en moyenne. A l’échelle de l’Île-de-France, cette population d’actifs dans des emplois à forte tension représente 38,5% de la population francilienne.
Cependant le constat de cette étude ne signifie pas que les métiers en forte tension obligent les employeurs à élargir leurs zones de recrutement. La véritable explication réside dans les caractéristiques des profils : l’âge (entre 35 et 50 ans), le statut familial (famille avec enfants), la propriété immobilière…
Ces difficultés de recrutement, d’une manière assez surprenante, sont également dues aux caractéristiques sociales et familiales des actifs.